Du nucléaire au Burundi : entre rêve et utopie

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Du nucléaire au Burundi : entre rêve et utopie
Du nucléaire au Burundi : entre rêve et utopie

Africa-Press – Burundi. Les gouvernements russe et burundais ont émis ce jeudi 23 mars 2023 un accord pour l’exploitation pacifique de l’énergie nucléaire. L’extraction de l’uranium sur le sol burundais pourrait générer de l’énergie nucléaire, et adieu les coupures incessantes de l’électricité et un énorme pas vers l’industrialisation. Mais, à quel prix ?

Ce jeudi 23 mars 2023, le ministre burundais des affaires étrangères, Albert Shingiro a effectué en Russie une visite à son homologue russe Sergueï Lavrov. Le but de cette rencontre était de mener des discussions de fond sur l’état de la coopération entre la Russie et le Burundi, a indiqué le ministre burundais dans une conférence de presse. Une coopération bilatérale qui ne date pas d’hier et qui mise sur la concrétisation des projets pour booster le développement du Burundi. Entre autre, l’exploitation pacifique de l’énergie nucléaire, conformément au mémorandum d’entente qui a été signé entre le Burundi et la société russe ROSATOM pour poursuivre les études sur les possibilités d’exploiter une centrale nucléaire.

Énergie nucléaire, le salut ?Le pays enregistre un énorme déficit énergétique. Malgré la mise en service du barrage hydroélectrique de Ruzibazi et celle de la centrale hydroélectrique régionale de Rusumo falls vers Gitega ainsi que d’autres centrales hydroélectriques en cours de construction, l’offre électrique est loin d’être satisfaisante. Le Plan National de Développement (PND) 2018-2027 prévoit que le Burundi aura besoin d’au moins 400 MW pour son industrialisation et 412 MW pour le secteur des mines en 2027. Or, la puissance totale installée sera d’au moins 287,141 MW en 2027, selon les prévisions de la stratégie sectorielle de mise en œuvre du PND au ministère de l’Hydraulique, de l’Énergie et des Mines. C’est dans ce cadre que le Burundi a adopté un projet de loi no 1/31 du 16 septembre 2022 afin de recourir à l’utilisation pacifique, à la sûreté et à la sécurité de l’énergie nucléaire et aux rayonnements ionisants.

Quant à la production d’autres énergies dont dispose le Burundi pour substituer l’énergie nucléaire, notamment l’énergie hydroélectrique ou l’énergie solaire, les propos du ministre en charge de l’Énergie et des Mines, Ir Ibrahim Uwizeye, sont formels : « Le potentiel hydroélectrique du Burundi a été évalué à 1700 MW, mais que seuls 300 MW sont énergétiquement rentables (économiquement exploitables). La plupart des centrales hydroélectriques seront amorties sans avoir généré des recettes équivalentes au moins aux dépenses ayant servi à leur construction. Concernant, l’énergie solaire, elle n’est pas stable et dépend de l’intensité solaire. Cette intensité est proportionnelle à la surface des plaques solaires. 1 MW a besoin d’un terrain équivalent à un hectare. Pour produire plus d’énergie solaire, il faut plus d’espaces. Ce qui n’est pratiquement pas facile pour notre pays sans espaces vides. »

L’énergie nucléaire n’est pas sans dangerL’exploitation de l’énergie nucléaire libère des substances radioactives nocives pour la santé de l’homme et l’environnement. Afin de contrecarrer ces risques, il faut de grands espaces vides pour ne pas contaminer la population. Un point désavantageux dans un petit pays de 27834 km2 de superficie avec 13 millions d’habitants. Pour promouvoir une coopération multilatérale, le Burundi est membre de l’Agence Internationale de l’Énergie Atomique (AIEA) qui a adopté en 1994 la Convention sur la sûreté nucléaire. Cette sûreté nucléaire désigne « l’ensemble des dispositions techniques et des mesures d’organisation relatives à la conception, à la construction, au fonctionnement, à l’arrêt et au démantèlement des installations nucléaires (…), ainsi qu’au transport des substances radioactives, prises en vue de prévenir les accidents ou d’en limiter les effets. », selon l’autorité de la sûreté nucléaire.

Le Burundi qui peine à lutter contre la pollution du lac Tanganyika parviendra-t-il à mettre en œuvre une bonne gestion des déchets radioactifs? Un problème qui cause des remous même dans les pays développés car une centrale nucléaire renferme plusieurs dizaines de tonnes de matières radioactives qu’il faut confiner car elles représentent un danger potentiel pour les humains et l’environnement.

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