Africa-Press – Burundi. Un atelier de validation du rapport provisoire portant sur l’analyse des opportunités d’émergence du Burundi à l’horizon 2040 s’est tenu le mardi 27 mai 2025. Organisé par le ministère des Finances, du Budget et de la Planification économique avec l’appui technique et financier du Programme des Nations-unies pour le développement (Pnud), il a réuni les hauts cadres de l’Exécutif burundais: la Primature, les ministères sectoriels ainsi que des représentants des institutions comme la Banque africaine de développement, la Banque centrale, l’Agence de Développement du Burundi (ADB), le secteur privé et des acteurs de la société civile.
La rencontre avait pour objectif de contribuer à la feuille de route qui établit un diagnostic approfondi des opportunités dont dispose le pays ainsi que des forces, des faiblesses et des leviers de croissance du pays en vue de définir les axes prioritaires pour soutenir la trajectoire d’émergence du Burundi.
Le rapport provisoire, fruit d’un travail d’analyse mené par docteur Kamga Tchwaket Ignace Roger, consultant international, et docteur Salomon Nsabimana, consultant national, propose une cartographie des opportunités économiques, sociales et environnementales tout en identifiant les réformes indispensables pour libérer pleinement le potentiel burundais.
Dès l’ouverture des travaux, Jonas Mfouatie, représentant résident adjoint du Pnud au Burundi, a insisté sur la robustesse méthodologique de l’étude et sur son ancrage dans la vision nationale « Burundi pays émergent en 2040, pays développé en 2060 ». Il a souligné que « l’étude propose également des scénarios de croissance et une feuille de route pour accélérer la marche irréversible du Burundi vers son émergence », tout en précisant que celle-ci « s’appuie sur des données fiables et contextuelles et repose sur une consultation inclusive des parties prenantes ainsi qu’ une analyse rigoureuse des dynamiques locales, régionales et internationales ». Selon lui, ce document constitue un outil fondamental pour guider les politiques publiques et orienter les investissements structurants à fort impact.
Dans son allocution, M. Mfouatie a insisté sur l’articulation de l’analyse avec la vision à long terme du Burundi, affirmant que « cette étude trouve son fondement et sa naissance dans la vision nationale Burundi pays émergent en 2040 et développé en 2060 ». Il a rappelé que les recommandations formulées découlent d’une approche participative qui a mobilisé l’ensemble des acteurs concernés afin de dresser un état des lieux exhaustif et de proposer des pistes d’action réalistes. « Nous avons donc la conviction que cette étude permettra de nourrir non seulement la planification publique, mais également le dialogue entre le gouvernement du Burundi, les acteurs économiques et les partenaires au développement, sans oublier la société civile », a-t-il ajouté réaffirmant la nécessité d’un engagement collectif pour répondre aux défis complexes liés à l’industrialisation inclusive, à la création d’emplois décents pour la jeunesse, ou encore à la mise en place d’infrastructures de production financière adaptées.
Le secrétaire permanent au ministère des Finances, Damas Bakuranimana, a pour sa part rappelé l’engagement résolu du Burundi sur la voie de l’émergence, reposant sur une vision de développement durable et inclusif. Il a souligné qu’« atteindre cet objectif ambitieux nécessite une planification rigoureuse basée sur une compréhension approfondie de nos forces, de nos défis et surtout des opportunités qui s’offrent à nous ». Le rapport provisoire constitue ains « un pas significatif dans cette direction ». Il a appelé les participants à faire preuve de détermination et de clairvoyance pour bâtir un Burundi prospère, résilient et inclusif pour les générations futures.
Entre géostratégie, ressources et innovation
Dr Salomon Nsabimana a mis en avant les principaux atouts du Burundi. Il estime notamment que la position géographique du pays, au cœur de la région des Grands lacs, est une opportunité stratégique. « Elle pourrait faire de Bujumbura une plaque tournante reliant les principaux corridors routiers du Nord, du Centre et du Sud », a-t-il expliqué. Cela nécessite toutefois un développement urgent des infrastructures de transport multimodal.
Le secteur agro-industriel représente également un fort potentiel avec la possibilité de créer des chaînes de valeur à forte productivité. « L’agro-industrie est une opportunité pour impulser l’émergence via la transformation des produits agricoles », a précisé le consultant. Les ressources minières, encore peu exploitées de manière industrielle, sont également prometteuses.
Les infrastructures technologiques, notamment la couverture nationale en fibre optique, ouvrent la voie à la digitalisation. « Ce réseau constitue une opportunité pour le développement du numérique », a ajouté Dr Nsabimana. Le tourisme, bien que marginal, pourrait être dynamisé grâce à une meilleure valorisation du patrimoine naturel et culturel.
Secteurs prioritaires
Le rapport provisoire souligne que la bonne gouvernance et le renforcement des capacités institutionnelles sont des prérequis pour attirer les investissements. Il insiste également sur l’importance des infrastructures physiques et numériques. « La solution au déficit d’infrastructures est une priorité parmi les priorités ».
L’industrialisation axée sur l’agro-industrie et l’import-substitution est présentée comme un levier de transformation économique. Le développement de pôles industriels, le soutien aux PME et la transformation locale des matières premières sont encouragés.
Le capital humain est central. Un système éducatif performant et une médecine de qualité sont essentiels pour répondre aux besoins du pays et attirer les investisseurs. La production d’énergie fiable est également une condition clé pour soutenir la productivité.
Enfin, le rapport recommande la digitalisation de l’administration publique, la décentralisation, la réforme de la gouvernance économique et le renforcement du système de santé. L’aménagement de la plaine de l’Imbo et de la dépression du Moso, la promotion de l’urbanisation, la protection de l’environnement et la gouvernance démographique sont présentés comme des priorités pour un développement durable et équilibré.
L’atelier a également été une occasion de débattre des défis à relever pour exploiter ces opportunités. Les participants ont pointé la diminution des financements internationaux, la non-adéquation du système éducatif burundais, la nécessité d’améliorer le climat des affaires, le manque d’activités d’accompagnement pour les entrepreneurs ainsi que le changement des mentalités, indispensable pour favoriser l’acceptation des réformes et l’innovation.
Les travaux en groupes impliquant des représentants des ministères sectoriels et du secteur privé ont permis de confronter ces contraintes aux propositions du rapport et de dégager des stratégies pour y répondre.
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