Le discret jeu de la Chine en Afrique à travers ses sociétés de sécurité dévoilé au grand jour

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Le discret jeu de la Chine en Afrique à travers ses sociétés de sécurité dévoilé au grand jour
Le discret jeu de la Chine en Afrique à travers ses sociétés de sécurité dévoilé au grand jour

Anouar CHENNOUFI

Africa-Press – Burundi. L’article qui nous publions aujourd’hui vise à identifier la Chine en tant que puissance montante et sa position actuelle dans le système international. Depuis la fin de la guerre froide, la Chine a cherché à poursuivre des politiques par lesquelles elle cherche à opérer une transformation de la structure du système mondial.

C’est dans ce sens qu’en 2013, avec l’accession de Xi Jinping au pouvoir suprême à la tête de la République populaire de Chine, que l’initiative « Belt and Road » (la Ceinture et la Route) fût présentée comme l’une des politiques de ce type les plus importantes du XXIe siècle :

• La recherche aborde d’abord les objectifs de la Chine – en tant que puissance émergente – à travers son initiative et ses objectifs à long terme qui ont des répercussions sur le changement de la structure du système international d’un système unipolaire à un système multipolaire, ou à atteindre un état de non-polarité dans le système international,

• Deuxièmement, la recherche examine un certain nombre de mécanismes politiques, économiques, de propagande et stratégiques que la Chine a suivis pour atteindre une compétitivité multipolaire.

En outre, l’analyse examine les opportunités et les gains que la Chine peut réaliser en tant que puissance montante dans le système international au XXIe siècle grâce à son introduction de l’initiative « Belt and Road » (la Ceinture et la Route) d’une part, et d’autre part, les défis qui constituent un obstacle pour la Chine vers son objectif espéré derrière l’initiative, qui est la multipolarité ou la création d’un état de non-polarité dans le système international, puis les positions des puissances internationales et régionales concernées par l’initiative telles que les États-Unis, la Russie, le Japon, l’Inde et l’Union européenne selon différents critères.

Enfin, l’article présente un certain nombre de scénarios et de perceptions futurs qui déterminent la position de la Chine en tant que puissance montante dans le système international.

Sachez que pendant de nombreuses années, la Chine a étendu à grande vitesse son influence économique et militaire en Afrique, et le rôle de la sécurité s’est intensifié après que Pékin ait lancé son initiative et établi des bases militaires dans une zone comme celle qu’elle a construite à Djibouti. Dans le processus, les sociétés de sécurité privées chinoises ont trouvé un marché de niche lucratif en Afrique, où elles protègent les Directeurs exécutifs et les chantiers de construction chinois et protègent également les navires chinois en mer contre la piraterie.

Quelle importance pour les sociétés de sécurité chinoises d’étendre leur présence en Afrique ?

L’expansion de la présence des sociétés de sécurité privées chinoises en Afrique intervient en marge de la période de transition dans l’architecture de sécurité mondiale, selon un rapport publié sur le site web australien « The Conversation ».

Ces défis reflètent l’abandon par les États-Unis du rôle de leadership mondial et leur transition vers le rôle d’équilibrer la sécurité à l’étranger. L’Amérique est devenue dépendante de ses alliances stratégiques, n’intervenant pour protéger ses intérêts à l’étranger qu’en cas de nécessité.

Alors que le réétalonnage régional est devenu une caractéristique de la concurrence à l’ère actuelle, la demande de services de sécurité chinois en Afrique a considérablement augmenté après le lancement de l’initiative « Belt and Road » qui fait partie du plan de la Chine pour interagir avec le continent.

Tandis que la croissance des sociétés de sécurité privées chinoises a coïncidé avec l’augmentation des investissements de Pékin dans les grands projets d’infrastructure en Afrique, la Chine serait en train d’investir également dans des projets miniers à travers le continent. Mais les troubles politiques en cours dans certains pays tels que la République démocratique du Congo, le Soudan, le Soudan du Sud et d’autres soulignent la nécessité de l’aide des services de sécurité gouvernementaux.

De ce fait, on peut affirmer que la dépendance de la Chine vis-à-vis des ressources de ces pays explique son inquiétude concernant la sécurité en Afrique. Cela souligne la nécessité aussi de signer des accords bilatéraux et multilatéraux dans le domaine de la sécurité privée entre la Chine et les pays africains, toujours selon « The Conversation », d’où :

• Des codes de conduite pour la surveillance, la réglementation et la coopération doivent être convenus,

• Une surveillance accrue du secteur, basée sur les meilleures pratiques, aidera à prévenir la croissance des entreprises de sécurité privées non réglementées.

• Et l’absence d’établissement de ces réglementations entraînera des répercussions négatives.

Les sociétés de sécurité privées peuvent abuser de leur pouvoir ou ne pas agir selon des directives claires. Cela peut conduire également à l’émergence de mercenaires et de milices étrangers voyous irresponsables, ce qui affectera en même temps les peuples africains et la faisabilité de l’initiative « Belt and Road ».

Les sociétés de sécurité chinoises opèrent en Afrique depuis longtemps

Le domaine de la sécurité privée en Afrique a trois caractéristiques :

• Premièrement : le continent porte toujours la stigmatisation associée aux actions mercenaires pendant les conflits postcoloniaux. Il n’y a plus de prolifération de soldats lourdement armés pour se déchaîner et faire des ravages sur terre, au cours des trois dernières décennies, mais la stigmatisation sociale existe toujours.

• Deuxièmement : les entreprises chinoises opérant en Afrique ont organisé une sorte de milice armée bien avant le lancement de l’initiative « Belt and Road », et avant même que Pékin ne se concentre sur les entreprises de sécurité privées. Ces milices ont été créées pour protéger les intérêts chinois de la violence criminelle ou politique. Son rôle va de la protection de l’extraction des ressources naturelles à la protection des petites entreprises.

• Troisièmement : l’Afrique assiste à une résurgence de groupes bien structurés de sociétés militaires privées internationales. Ces entreprises soutiennent à la fois les gouvernements locaux et les intérêts internationaux, y compris le retour en force de Moscou sur le continent africain.

Il faut noter que l’expansion des entreprises de sécurité privées chinoises n’a pas suscité beaucoup d’attention en raison de ces trois caractéristiques et de leurs implications pour le paysage de la sécurité du continent.

Les sociétés de sécurité privées ne sont pas nouvelles sur le continent africain, mais les entreprises chinoises sont toujours en train de s’établir, et leur rôle s’étend actuellement de la sécurisation des bâtiments fixes à la fourniture de services de surveillance de haute technologie, en réponse à l’augmentation de la violence criminelle et militaire contre les individus chinois et les installations à l’étranger.

La Chine a réalisé au cours de la dernière décennie que sa dépendance exclusive au développement économique des pays africains ne suffira pas à protéger ses employés et ses projets. L’expansion des vagues de violence et de terrorisme du Sahel à la Somalie met en danger les travailleurs et les investissements chinois.

Réponse réglementaire de la Chine aux entreprises de sécurité privées

Toujours selon « The Conversation », le gouvernement chinois aurait institué en 2018 un ensemble de réglementations de sécurité pour les entreprises opérant à l’étranger. Ces réglementations sont détaillées dans le « Guide de gestion de la sécurité pour les particuliers, les entreprises et les entreprises à financement chinois à l’étranger ».

Ce manuel définit les exigences de formation, les évaluations de sécurité et les mesures d’atténuation des risques. Par exemple, les entreprises doivent soumettre des évaluations des risques au gouvernement chinois afin d’obtenir des licences pour investir à l’étranger. Le document traite également des procédures de partage de données et de rapports sur les développements en matière de sécurité intérieure.

Ces directives ont été applaudies par des dizaines d’entreprises de sécurité privées chinoises qui opèrent efficacement à l’étranger.

C’est pourquoi il est nécessaire d’examiner la manière dont les sociétés de sécurité privées chinoises interagissent avec les forces de sécurité des gouvernements locaux, ainsi que la présence importante de casques bleus chinois sur le continent.

Dans ce contexte, une intégration adéquate avec les services de sécurité privés étrangers profitera ainsi à la majorité des gouvernements hôtes, en particulier à la lumière de l’escalade des menaces à la sécurité. Mais définir la différence entre public et privé en Chine n’est pas facile. C’est pourquoi les gouvernements hôtes ont besoin de freins et contrepoids pour empêcher les entreprises de sécurité privées de devenir des outils de pression politique.

Les sociétés de sécurité privées chinoises sont en train de se développer encore aujourd’hui. Cela augmente la probabilité que des entreprises privées seraient en train de se déplacer à l’étranger sans une formation adéquate, sans capacités opérationnelles ou compréhension des risques.

Indépendamment de leur état de préparation, les entreprises chinoises explorent les pays africains afin d’établir des partenariats commerciaux et de sécurité. Nous l’avons vu au Mali, à Djibouti, en Égypte, en Éthiopie, en Afrique du Sud et en Tanzanie.

On a relevé entre-autres que la course aux contrats les moins chers continue de peser sur le processus d’internationalisation du secteur de la sécurité chinois. Il est impératif que les prestataires de sécurité locaux s’associent à des sociétés de sécurité privées chinoises compétentes pour résoudre ce problème.


En conclusion, nous avons conclu que l’initiative « la Ceinture et la Route » pourrait avoir des effets considérables sur le système international. En raison de sa nature complexe, le succès de cette initiative conférera à la Chine un statut et un pouvoir régionaux accrus, et son influence à l’Est pourrait dépasser l’influence traditionnelle des États-Unis et de l’Europe, et la force de la Chine proviendra de sa puissance économique, qui se transformera en influence politique, renforçant ainsi la position de Pékin.

Cependant, l’initiative « la Ceinture et la Route » devrait s’en tenir à sa politique de développement pacifique sans causer d’anxiété inutile aux partenaires, et la Chine devrait s’efforcer d’éliminer toutes les mauvaises pratiques qui minent son image positive à l’étranger et la confiance des pays partenaires, et le projet doit être « gagnant-gagnant » pour tous les pays partenaires, et pas seulement la Chine.

Ainsi, l’influence et l’hégémonie économique de la Chine s’étendront en Asie, et peut-être même en Europe, donnant à Pékin des capacités évolutives illimitées. La coopération avec la Chine conduira au développement des pays partenaires, les rendant dépendants du succès chinois, et Pékin pourra construire « des communautés de destin commun avec certains de ses grands voisins », et un nouveau cœur asiatique de l’économie mondiale se constituera, avec Pékin au centre et les pays occidentaux en marge, à moins qu’ils ne participent à l’initiative chinoise.

Quant à l’approche soft power (puissance douce) et à la stratégie gagnant-gagnant, elle est susceptible de se renforcer à l’avenir dans le monde post-Covid 19.

On peut donc dire que malgré l’élément de surprise de la pandémie, le monde de l’après-Coronavirus représente une grande opportunité pour la Chine, qui a fait bon usage de la pandémie à son avantage vers son objectif suprême, après que la Chine ait pu bien se promouvoir auprès des pays en développement, loin des allégations selon lesquelles l’initiative représente un piège de la dette, et la propagande chinoise s’emploie à promouvoir le succès de l’initiative « la Ceinture, la Route », considérant que la Chine a proposé une initiative pour le développement commun du monde, s’articulant autour de la confrontation conjointe aux défis et aux risques auxquels l’humanité est confrontée et à l’obtention de résultats gagnant-gagnant.

Enfin, l’initiative chinoise proposée a prouvé que la Chine avait la volonté politique d’influencer la structure du système mondial, soulignant la nature multipolaire du système, tout comme la crise financière mondiale de 2008 qui avait affaibli la position des États-Unis en tant que centre du système économique mondial.

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