OPINION* | Doutes sur l’objectivité de la CVR

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OPINION* | Doutes sur l’objectivité de la CVR
OPINION* | Doutes sur l’objectivité de la CVR

Africa-Press – Burundi. Par Simon Kururu

Le mercredi 26 avril 2023, la Commission Vérité et Réconciliation du Burundi (CVR) a convié des personnalités politiques, religieuses, universitaires et de nombreux journalistes dans une conférence thématique intitulée, « 1972 : Les Maji Mulele rebelles ou collaborateurs du pouvoir de Bujumbura ? ». L’orateur principal était Aloys Batungwanayo Commissaire à la CVR.

Dans sa présentation, Aloys Batungwanayo a montré l’état des lieux de la recherche de la vérité effectuée par la commission, en vertu de l’article 6 de la Loi n° 1/022 du 6 novembre 2018. La mission de la CVR est en effet d’établir la vérité sur les violations graves des droits de l’homme et du droit international humanitaire durant la période allant du 26 février 1885 au 4 décembre 2008.

Dans un livret distribué à quelques participants, et signé Aloys Batungwanayo, on lit dans l’introduction ceci : « En 2021, la Commission Vérité et Réconciliation du Burundi ayant suffisamment enquêté sur les violations graves, massives et systématiques des droits de l’homme commises en 1972-1973 au Burundi, a déclaré solennellement en date du 20 novembre 2021, devant le Parlement réuni en Congrès, que le crime de génocide a été commis contre les Bahutu du Burundi en 1972-1973… Par ailleurs, dans le sud du pays, et de manière particulière à Rumonge, Nyanza lac, Vugizo et sur le littoral du lac Tanganyika, des crimes contre l’humanité ont été commis contre les Batutsi durant la première semaine du déclenchement de ce génocide le 29 avril 1972. La commission a aussi confirmé que des crimes contre l’humanité ont été commis contre les citoyens de la communauté Batwa, surtout dans les provinces actuelles de Muramvya et Mwaro en 1972, et qu’il n’y a pas eu de perpétration de crimes de guerre en 1972-1973 au Burundi. Durant cette période, certains acteurs ont parlé beaucoup de Maji Mulele comme déclencheurs des massacres ».

La séance du 26 avril 2023 avait donc pour objectif de compléter les enquêtes menées, « pour éclairer davantage le public sur les mensonges d’Etat qui ont caractérisé le pouvoir du Président Micombero Michel… C’est également pour recueillir des avis et considérations du public avisé sur le sujet afin d’enrichir et compléter les résultats d’enquêtes déjà menées par la CVR ».

Dans cette tribune libre, je donne mes avis et considérations pour proposer de revoir le rapport de la CVR. Bien entendu, les faits montrent bien que des crimes abominables ont été commis à la fois contre les Hutu et les Tutsi. Pour le massacre des Hutu, la CVR parle de « génocide », pour les tueries des Tutsi elle parle de « crime contre l’humanité ». Des crimes imprescriptibles.

Sincèrement, lors de la conférence, j’ai été abasourdi d’entendre la CVR annoncer des résultats de recherche que j’estime, pour ma part, biaisés. Des résultats qui constituent une grave falsification de l’histoire tourmentée de mon pays, le Burundi. Un pays qui a vu couler des flots de sang et de larmes des Hutu, Tutsi, Ganwa et Twa. Tous ces Burundais attendent de la CVR la vérité qui passe par le feu et ne brûle pas. Toute la vérité doit être dite. Les coupables, Hutu, Tutsi, Ganwa et Twa doivent être identifiés et sanctionnés. C’est alors que des actions de réconciliation pourront être menées, selon les règles de l’art. Le « plus jamais ce type de massacres » sera enseigné, diffusé, pour prévenir la radicalisation des esprits et les affrontements qui peuvent en découler.

Malheureusement, au lieu de me rassurer sur une bonne évolution des actions de recherche de la vérité, la séance du 26 avril 2023, m’a plongé dans le doute absolu. J’ai l’intime conviction qu’au nom de la CVR, Monsieur Batungwanayo a servi délibérément des mensonges à l’assistance, aux téléspectateurs et aux nombreux internautes du monde entier branchés sur les réseaux sociaux, qui ont suivi la conférence ou la revoient sur YouTube.

Dans cette tribune, je vais me concentrer sur quatre points sur lesquels, à ma connaissance et à mon humble avis, la CVR a menti:

(i) la connivence entre le régime de Micombero et les mulélistes,

(ii) la mort du Capitaine Kinyomvyi Dodelin,

(iii) l’absence de relations entre le quarto Mpasha Selius, Buname Emmanuel, Tita Abel et Biyorero Ezéchias et

(iv) les facteurs géopolitiques à la base du soulèvement hutu. Si la CVR me prouve le contraire, je changerai d’avis. Le débat est donc ouvert.

La connivence entre le régime de Micombero et les mulélistes

Au nom de la CVR, Aloys Batungwanayo a affirmé, sans mettre des gants, qu’il y avait des relations entre le Gouvernement Micombero et les Maji Mulele. Le témoin clé auditionné et cité par la CVR est Burarame Pontien (audition du 26 avril 2022). Il aurait révélé les relations étroites entre les hautes autorités du gouvernement de Micombero et le Chef des Maji Mulele, Gaston Soumialot. Burarame Pontien aurait été informé par un certain Rurakobeje Nestor, chauffeur de Yanda André. D’après cet informateur unique, « Yanda André, Secrétaire Exécutif National de l’UPRONA, a accueilli Soumialot, chef des mulélistes en compagnie de Shibura. Il a été logé à l’hôtel Central durant une ou deux nuitées, puis à l’hôtel Burundi Palace devant l’hôtel Paguidas. Il y a passé 5 jours… A son retour, il y a eu des motos protocolaires, une jeep Land Rover long châssis (don chinois au parti UPRONA). La jeep transportait André Yanda, Albert Shibura et Augustin Ntamagara pour l’accompagner à la frontière de Gatumba, puis ils sont revenus… ».

Plus loin, le témoignage de Burarame cite encore Rurakobeje Nestor, qui affirme avoir conduit Yanda, Shibura et Ntamagara dans les maquis contrôlés par les mulélistes à Uvira, pour rencontrer le même Gaston Soumialot. « Ils se sont rendus chez Soumialot en passant par Uvira sur une route en piteux état. Dans cette forêt d’Uvira, ils ont glissé et ont vu une centaine de mulélistes. Très nombreux, ils l’ont convoyé jusqu’à la première barrière de mulélistes. Ils ont utilisé les talkies-walkies. La barrière a été levée, ils poussaient la jeep en cas de glissade ; 2ème barrière ils ont encore appelé et on a ouvert, la centaine de mulélistes toujours à leurs côtés ; 3ème barrière ils ont encore appelé et on a ouvert ; la 4ème barrière on s’est arrêté pendant longtemps, puis Soumialot Gaston a envoyé ses militaires rebelles pour les chercher.

Près de chez Soumialot entouré de beaucoup de mulélistes, ils se sont parlé et ils ont quitté la jeep à trois : Yanda, Ntamagara et Shibura. Les mulélistes couchés à même les herbes. Nestor a dit qu’il a douté s’ils lui amenaient une enveloppe d’argent dans un grand agenda. Cet agenda appartenait à Shibura. Il y avait aussi un chauffeur de Buyenzi. On les a accueillis avec des caisses de boissons Simba et Tembo ; une bouteille chacun. Le chauffeur Nestor est resté à l’extérieur. Ils sont revenus à Bujumbura après leur mission. C’était autour du mois de février ou mars, avant l’attaque de 1972. Cela montre qu’il y a eu une préparation un mois avant. C’était un prétexte pour dire que c’était des Burundais réfugiés pour venir tuer les Batutsi au Burundi ».

Comme on peut le constater, la version racontée par le chauffeur Burarame, citant un autre chauffeur, Rurakobeje méritait d’être vérifiée, recoupée, avant de la servir au public. Comme on le dit en kirundi : « ururimi rw’umwe rukamwa ayera – la version d’un seul individu est peu crédible ».

Comment la CVR pouvait-elle recouper cette information ? Il suffisait de chercher dans les archives pour voir ce qui se passait à Uvira. Je suis convaincu qu’en 1972, le Président Mobutu Sese Seko Kuku Ngbendu wa Zabanga avait pacifié le Zaïre. Uvira était sous son contrôle. Jusqu’à preuve du contraire, il ne subsistait qu’un tout petit territoire « muléliste » situé à Hewa Bola dans le Fizi. Pour y arriver, il fallait passer par Kalemie et escalader les montagnes à pied, car, il n’y avait pas de route. C’est là que s’était retranché Laurent Désiré Kabila après la défaite des insurgés mulélistes appelés aussi Simba. Il est parti de Hewa Bola pour déferler sur le Zaïre avec l’Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo (AFDL) en 1996 et chasser Mobutu du pouvoir.

La CVR pourrait-elle prouver que les mulélistes étaient encore à Uvira en 1972 et sous le commandement de Soumialot ? C’était une partie du Zaïre que Mobutu surveillait attentivement. De plus, deux ministres burundais pouvaient-ils entrer dans les maquis zaïrois sans précaution ? Surtout que Mobutu était l’ami de Micombero ? Et, pour ceux qui connaissent Ntamagara Augustin, il est peu croyable qu’il ait été en relation avec Yanda André et Shibura Albert après 1968. Contestataire invétéré, il a été emprisonné à plusieurs reprises par Micombero. Des sources proches de Ntamagara Augustin m’ont affirmé qu’un jour, au cours d’un interrogatoire, on lui aurait reproché de ne pas aimer Micombero. Il aurait répondu vertement : « lui aussi ne m’aime pas ».

En ce qui concerne l’amalgame entre les insurgés qui ont attaqué le sud du pays, le littoral du lac Tanganyika, le camp militaire de Gitega et Cankuzo et les mulélistes, la vérité est que dans les camps d’entraînement en Tanzanie, ils avaient été endoctrinés comme quoi s’ils disaient « maji mulele » au cours des combats, ils ne pouvaient pas être blessés ou tués. C’est de là qu’est venue la confusion. Une confusion qui a aidé Michel Micombero à convaincre son ami Mobutu d’envoyer rapidement des troupes à son secours.

Comme je l’ai soutenu dans mon intervention le 26 avril 2023, ceux qui ont perpétré les massacres des Tutsi à partir du 29 avril 1972 étaient des Burundais entraînés en Tanzanie, qui lançaient le slogan « Maji Mulele », et savaient très bien qui ils voulaient liquider. L’attaque avait été préparée de longue date comme de nombreux témoins l’ont dit à la CVR. Le témoignage du Père Giuseppe Ghito Bruno rapporté dans le rapport d’étape de la CVR de décembre 2021 est, à ce sujet à prendre en considération.

La CVR a travesti la vérité et remis en question la crédibilité de son rapport

Début 1972, des rumeurs persistantes circulaient dans le pays, comme quoi des attaques allaient avoir lieu à partir de la Tanzanie. Absorbé par les antagonismes régionaux, le gouvernement du Burundi n’a pas accordé une grande attention aux rumeurs, devenues de vraies informations en mars-avril 1972.

En affirmant que c’est le Président Michel Micombero qui a commandité les massacres des Tutsi à partir du 29 avril 1972 pour justifier la liquidation des Hutu, la CVR a travesti la vérité et remis en question la crédibilité de son rapport, qui pourtant contient des preuves accablantes des tueries qui ont ensanglanté le pays.

Je persiste et signe, les massacres contre les Tutsi le 29 avril 1972 et les jours qui ont suivi ont été perpétrées par des Hutu endoctrinés sur les croyances des rebelles Simba du Congo, comme quoi en criant « maji mulele », durant les combats, ils devenaient invincibles, les balles fondant comme de l’eau. Il y a eu une répression très sévère et une épuration des Hutu par l’administration de Micombero. Qu’on le veuille ou non, les deux ethnies confondues ont été victimes de crimes abominables classables comme crimes de génocide ou crimes contre l’humanité.

La mort du Capitaine Kinyomvyi Dodelin,

Au nom de la CVR, Aloys Batungwanayo a affirmé devant une assistance médusée que le Capitaine Dodelin Kinyomvyi, envoyé par Micombero pour voir l’état des préparatifs de la soirée dansante qui devait se dérouler au mess des officiers, Garnison de Bujumbura le 29 avril 1972, a été tué par les Hima de Bururi, qui, d’après lui ne supportaient pas qu’un Mujiji (un Hutu) de Muramvya soit officier d’ordonnance du Président. Mais alors, pourquoi le deuxième officier d’ordonnance de Micombero, Cassien Ndayikeza, originaire de Burundi a-t-il été tué ? Aloys Batungwanayo a affirmé que Kinyomvyi serait sorti du mess des officiers après avoir entendu deux ou trois coups de pistolet. C’est alors qu’il aurait été assailli par un groupe de gens non identifiés. Le monument du soldat inconnu construit par Micombero s’appelait Monument Kinyomvyi d’après la CVR. Mais, alors, pourquoi le lieutenant Cassien Ndayizamba, deuxième officier d’ordonnance de Micombero, originaire de Bururi, a-t-il été tué avec Kinyomvyi ?

Pour moi, et pour beaucoup de témoins qui vivent encore et que j’ai consultés, le commissaire de la CVR Aloys Barutwanayo a menti sciemment. Car, le 29 avril 1972, en début de soirée, des assaillants ont pris position sur la route menant vers Musaga, entre le Monument du Soldat Inconnu et la rivière Muha. Ils ont brûlé plusieurs véhicules en lançant dans leurs cabines des cocktails Molotov (armes incendiaires artisanales fabriquées à base d’essence mise dans des bouteilles en verre), et en tuant ceux qui marchaient à pied, dont plusieurs militaires qui regagnaient les camps Muha, la Base des Forces Armées et la 1er Compagnie Parachutiste, après leur sortie de samedi. Les deux officiers d’ordonnance de Micombero ont été tués sur ce tronçon. Des témoins de cette tuerie du 29 avril 1972 vivent encore. Il suffit de les chercher parmi les habitants des alentours (Prêtres et grands séminaristes de Bujumbura, Ecole Normale Supérieur, Athénée de Bujumbura…). Dans mes investigations sur ces événements, j’ai été surpris par le fait que des cocktails Molotov aient été utilisés uniquement à Bujumbura. L’explication que j’ai reçue m’a convaincu: ce sont des étudiants de l’Ecole Normale supérieure (ENS) qui les ont fabriqués et utilisés. La technique avait été vulgarisée dans le monde entier lors de la révolte étudiante de mai 1968 en France au cours de laquelle ces engins ont été utilisés contre les policiers.

Sur le cas Kinyomvyi, la CVR a servi une version qui est de nature à inciter à la haine régionale et raciale, ce qui est réprimé par le Code pénal du Burundi.

Mpasha, Buname,Tita et Biyorero des gens qui ne se connaissaient pas ?

D’après la CVR à travers Aloys Batungwanayo, Mpasha Celius, Biyorero Ezéchias, Tita Abel et Buname Emmanuel, accusés par le régime de Micombero comme les planificateurs/commanditaires et auteurs des attaques du 29 avril 1972 ne se connaissaient pas. Il les a présentés comme d’honnêtes citoyens, qui se trouvaient dans des endroits différents à l’époque des faits.

Pour l’instant, mes recherches ne me permettent pas de conclure sur leur implication dans les événements du 29 avril 1972. Lors de mon intervention le 26 mars 2023, j’ai demandé à la CVR de ne pas avoir recoupé les informations, notamment en approfondissant les recherches à partir du contenu de la lettre que le Président Museveni de l’Uganda a adressé à feu le Président Nkurunziza le 8 décembre 2018 dans laquelle il disait : « In 1972, however, I directly withnessed the criminal irresponsability the hutu rebels, working with the bankrupt mulellists of Congo, cutting children, women and non-combattants with machetes and calling themselves freedom fighters. Il had actually advised Selius Mpasha, Buname and Biyolelo not to start fighting until they had created a disciplined and ideologically clean core – En 1972, cependant, j’ai été directement témoin de l’irresponsabilité criminelle des rebelles hutus, travaillant avec les Mulellistes en faillite du Congo, tuant à coups de machettes des enfants, des femmes et des non-combattants, en se disant combattants de la liberté. J’avais en fait conseillé à Selius Mpasha, Buname et Biyolelo de ne pas entreprendre d’effort sectaire et de ne pas se battre avant d’avoir créé un noyau discipliné et idéologiquement clair ».

En tentant de démontrer que les présumés planificateurs/commanditaires du soulèvement d’avril 1972 ne se connaissaient pas, la CVR a révélé aux observateurs avisés le dispositif/ordre de bataille des insurgés comme on l’a vu en 1961 pour l’UPRONA, à partir de 1979 pour le Parti pour la Libération du Peuple Hutu (PALIPEHUT), à partir de 1994 pour le Conseil National pour la Défense de la Démocratie (CNDD) avant de devenir CNDD/Forces de Défense de la Démocratie (FDD).

Mpasha était positionné à Kigoma en Tanzanie, Tita à Mabanda, Emmanuel Buname en Europe, Biyorero en Tanzanie. Des réseaux de communication étaient bien établis et efficaces. Souvenons-nous que l’UPRONA avait des points focaux auprès de Nyerere et Lumumba, des antennes en Europe et des militants au pays. Le PALIPEHUTU avait des points focaux au Rwanda et Tanzanie (Rémy Gahutu), en Europe (Karatasi) et des militants au Burundi. Le CNDD-FDD en avait aussi au Burundi, à Kigoma (Simon Nyandwi) et en Europe (Gervais Rufyikiri). C’est bien connu. Ceux du CNDD-FDD ont été fortement récompensés en obtenant des postes de haute responsabilité en 2005. Car dans ce type de batailles, il y a la guerre du feu et de l’acier, mais aussi la guerre médiatique par les ondes et les réseaux sociaux, et les actions de mobilisation politique, de plaidoyer et de lobbying. Chaque mouvement cherche des soutiens, et ils ne manquent jamais.

Les facteurs géopolitiques à la base du soulèvement hutu

Les recherches de la CVR sur les facteurs ayant été à la base du soulèvement hutu de 1972 n’ont pas identifié les enjeux géopolitiques de cette époque. Le CVR devrait compléter ses recherches sur les points suivants :

– Les influences de la propagande distillée sur Radio Rwanda et dans les réseaux scolaires, religieux et administratifs par le Parti du Mouvement de l’Emancipation HUTU (PARMEHUTU) de Grégoire Kayibanda. Je suis en mesure d’affirmer que Radio Rwanda était très écoutée au Burundi. En ce qui me concerne, je connaissais par cœur les chansons du PARMEHUTU. Le responsable burundais qui a perçu le danger de cette propagande et qui a tenté de mitiger ses effets est le Commandant Martin Ndayahoze, que je considère comme le plus brillant ministre de l’Information que le Burundi ait connu de l’indépendance à ce jour. Il avait compris l’importance de la radio et de la presse écrite dans le combat pour l’unité nationale. C’est pourquoi il prenait sa plume pour écrire des éditoriaux diffusés dans le journal « Unité et Révolution » et sur la « Voix de la Révolution », radio nationale. Il a initié la construction du siège de la radio, la formation des journalistes à l’Office Français de Coopération radiophonique (OCORA), à la Radio-Télévision belge (RTB), à la Voix d’Allemagne. Il avait envoyé des étudiants dans les écoles de journalisme en Europe. Il avait commandité une enquête d’auditoire sur les radios écoutées au Burundi et radio Rwanda venait en première position. Ndayahoze était un lanceur d’alerte qui n’a pas été écouté. Bref, la CVR n’a pas exploré l’influence rwandaise sur les tragiques événements de 1965, 1969 et 1972.

– La bataille souterraine pour le contrôle des gisements de nickel. Ici, la CVR n’a pas creusé suffisamment. Si elle l’avait fait, elle aurait découvert que le soulèvement des hutu de 1972 a été encouragé et financé par des forces occultes, qui voulaient installer un pouvoir susceptible de leur permettre le contrôle des gisements de nickel, découverts au début des années 1970 à Musongati. Ce n’est pas pour rien que la Tanzanie a fermé les yeux sur les entraînements des Burundais sur son territoire, et a fait amende honorable en octroyant des armes à Micombero.

– La guerre froide au Burundi : la CVR n’a pas non plus approfondi les recherches sur les influences de l’affrontement entre l’Ouest conduit par les Etats-Unis d’Amérique et l’Est (bloc soviétique et Chine) sur l’évolution politique au Burundi. Elle a même confondu les époques. C’est en 1964 et 1965 que Gaston Soumialot et les Simba (mulélistes) avaient des soutiens au Burundi et pas en 1972. Ici, la CVR devrait revoir sa copie.

Le débat est ouvert

Pour moi, cette tribune libre ouvre le débat pour que la vérité triomphe. Je suis un Burundais qui aime son pays et toutes ses composantes. Je sais que certains extrémistes hutu et tutsi m’en veulent, car, la vérité mettra à jour leurs mensonges et leurs manipulations des foules par la propagande politique.

Je serai heureux d’affronter Aloys Batungwanayo, Ntibantunganya Sylvestre dans des débats ouverts et bien animés par des journalistes chevronnés, burundais ou étrangers.

Les mensonges de la CVR que j’ai relevés devraient être corrigés pour ne pas hypothéquer les trouvailles concernant les massacres de 1972, notamment les fosses communes découverts.

Pour tout contact : Simon Kururu, [email protected].

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