Julian Pecquet
Africa-Press – Burundi. La « Madame Afrique » du président américain s’est entourée de nouveaux responsables pour l’Afrique centrale et australe, tandis que son actuel bras droit vient également d’être fraîchement nommé.
Au sein du département d’État, l’équipe chargée de l’Afrique a été remaniée en vue de l’élection présidentielle de 2024 et du voyage promis par le président Joe Biden sur le continent. Quatre des huit chefs de bureau ont en effet été remplacés au cours des douze derniers mois.
Il y a quelques mois, la secrétaire d’État adjointe aux Affaires africaines Molly Phee a non seulement nommé un nouveau bras droit, mais aussi un nouvel adjoint pour l’Afrique australe, après avoir désigné un autre responsable venu du secteur privé en décembre 2022. Au début de cette année, le Bureau des affaires africaines devrait également accueillir une nouvelle personne en charge de l’Afrique centrale, une région clé dans la compétition entre les États-Unis et la Chine sur le continent.
Molly Phee a été nommée secrétaire d’État adjointe aux Affaires africaines le 30 septembre 2021. Diplomate de longue date, elle a intégré le service diplomatique américain en 1991. Elle a consacré sa carrière au Moyen-Orient et à l’Afrique, couvrant les deux régions à la mission américaine auprès de l’ONU, en tant que directrice pour l’Irak au Conseil de sécurité nationale de la Maison-Blanche sous la présidence de Barack Obama, puis de cheffe de mission adjointe à l’ambassade des États-Unis à Addis-Abeba et enfin, d’ambassadrice au Soudan du Sud.
Dans ses fonctions actuelles, la diplomate est perçue comme manquant de fermeté dans la gestion des crises sur le continent. Certains législateurs du Capitole ont reproché au Département d’État d’avoir rarement eu recours aux sanctions dans le cadre du conflit dans le nord de l’Éthiopie, de la guerre civile au Soudan ou de la vague de coups d’État au Sahel. Ces derniers mois, cependant, l’administration Biden a fait monter la pression en Afrique, de l’Ouganda au Soudan.
Le 20 janvier, Molly Phee assistera à la cérémonie d’investiture de Félix Tshisekedi en RD Congo, avant de rejoindre le secrétaire d’État Antony Blinken, qui effectuera du 21 au 26 janvier une tournée au Cap-Vert, en Côte d’Ivoire, au Nigeria et en Angola.
Jonathan Goodale Pratt est devenu le principal adjoint de Molly Phee le 28 juin, après avoir été pendant deux ans ambassadeur à Djibouti. Il a également occupé des fonctions de haut niveau dans les ambassades des États-Unis au Congo-Brazzaville, au Soudan et en Angola, ainsi qu’au Pakistan.
Dans le cadre de l’un de ses premiers actes officiels en tant que numéro deux du bureau pour l’Afrique, Jonathan Pratt a coprésidé le 30 octobre le groupe de travail USA-Maroc sur l’Afrique, au cours duquel les deux pays ont discuté des moyens d’approfondir la coopération bilatérale sur le continent, notamment dans les domaines du développement et de l’énergie propre. Le Maroc est un partenaire clé des États-Unis sur le continent, à la fois comme porte d’entrée du marché africain et comme seul pays africain à avoir signé un accord de libre-échange avec les États-Unis.
La direction du Bureau des affaires africaines est divisée en quatre équipes régionales qui supervisent les 49 pays subsahariens. Les cinq pays d’Afrique du Nord, à savoir le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, la Libye et l’Égypte, relèvent du Bureau des affaires du Proche-Orient, dirigé par Barbara Leaf.
Melanie Harris Higgins
Melanie Harris Higgins est revenue récemment aux États-Unis après avoir été ambassadrice au Burundi pendant deux ans. Elle a été nommée secrétaire adjointe pour l’Afrique australe le 24 août. À ce titre, elle couvre 13 pays: Angola, Botswana, Comores, eSwatini, Lesotho, Malawi, Madagascar, Mozambique, Namibie, São Tomé et Príncipe (géré depuis l’ambassade des États-Unis en Angola), Afrique du Sud, Zambie et Zimbabwe. De 2018 à 2020, avant son séjour à Bujumbura, Melanie Higgins a été directrice du Bureau des affaires centrafricaines.
Elle a donc à gérer le régime zimbabwéen, sanctionné par les États-Unis, l’amélioration actuelle des relations avec l’Angola et un partenariat difficile avec une puissance économique et diplomatique: l’Afrique du Sud. Elle est également chargée des programmes régionaux de paix et de sécurité.
Michael Heath
En tant que secrétaire adjoint chargé des Affaires de l’Afrique de l’Ouest depuis le 3 septembre 2022, Michael Heath a le portefeuille le plus étendu – 16 pays – et le plus troublé du continent. Sa zone est divisée en une unité sahélienne (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Nigeria) et une unité côtière (Bénin, Cap-Vert, Côte d’Ivoire, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Liberia, Sénégal, Sierra Leone et Togo). Pas moins de quatre d’entre eux ont subi des coups d’État militaires depuis 2020.
Heath a passé une grande partie de sa carrière dans la région indo-pacifique. Il a été chargé d’affaires et chef de mission adjoint à Bangkok, en Thaïlande, de 2019 à 2022. Il a une expérience en Afrique, ayant servi à Dar es-Salaam, en Tanzanie, et au Bureau des affaires africaines lors de l’élaboration de la loi sur la croissance et les possibilités économiques en Afrique (AGOA), promulguée en 2000.
Peter Lord
Peter Lord est le plus ancien des lieutenants de Phee, puisqu’il a été nommé secrétaire d’État adjoint pour l’Afrique de l’Est, le Soudan et le Sud-Soudan le 12 octobre 2021. Il couvre également neuf autres pays: Djibouti, Érythrée, Éthiopie, Kenya, Maurice, Seychelles, Somalie, Tanzanie et Ouganda.
Peter Lord est très expérimenté: il a été directeur du Bureau des affaires de l’Afrique australe de 2020 à 2021, chef de mission adjoint à l’ambassade des États-Unis à Windhoek, en Namibie, de 2017 à 2020, et directeur adjoint et directeur par intérim du Bureau des affaires de l’Afrique de l’Est de 2015 à 2017.
Il maîtrise également les relations avec les institutions internationales, puisqu’il a été conseiller politique à la mission des États-Unis auprès des Nations unies (2012-2014) et chef de mission adjoint à la mission des États-Unis auprès de l’Union africaine à Addis-Abeba, en Éthiopie, de 2010 à 2012.
Un nouveau M. Afrique centrale à déterminer…
Enfin, le bureau Afrique devrait prochainement dévoiler son nouveau secrétaire adjoint pour l’Afrique centrale, en remplacement d’Amy Holman, qui a rejoint le mois dernier le Bureau des affaires économiques et commerciales.
Ce portefeuille comprend neuf pays: Burundi, Cameroun, République centrafricaine, Tchad, Congo-Brazzaville, Guinée équatoriale, Gabon et Rwanda, ainsi que la RD Congo, qui est un champ de bataille clé dans la compétition mondiale pour l’accès aux minéraux critiques nécessaires à la révolution de l’énergie verte. Amy Holman s’est également occupée des « questions Afrique-Chine », selon sa biographie rédigée par le département d’État, et a témoigné devant le Congrès, en avril, de la concurrence entre grandes puissances et Chine en Afrique.
Signe de la place centrale qu’occupe la région dans la stratégie américaine en Afrique, l’administration Biden a dépêché en novembre 2023 la directrice du renseignement national Avril Haines à Kinshasa et à Kigali pour aider à négocier un cessez-le-feu dans l’est de la RD Congo.
La dernière secrétaire adjointe de l’équipe de Molly Phee est Joy Basu. Nommée à ce poste le 4 décembre 2022, cette femme issue du secteur privé s’est taillé une place de choix en supervisant l’économie et les affaires régionales plutôt qu’un ensemble de pays.
Elle gère ainsi la diplomatie commerciale, le commerce et l’investissement, la concurrence stratégique, la sécurité alimentaire, le climat, l’énergie, la démocratie, les droits de l’homme et les questions multilatérales. Elle fut la plus haute responsable du Bureau africain lors du sommet d’affaires États-Unis-Afrique qui s’est tenu au Botswana en juillet dernier. Elle a également représenté ce même bureau lors du sommet de l’Agoa, qui s’est tenu en novembre 2023 en Afrique du Sud.
Joy Basu a été sélectionnée comme boursière de la Maison-Blanche en octobre 2021 dans le cadre d’un programme visant à intégrer des professionnels prometteurs au sein du gouvernement fédéral. Avant d’être nommée au département d’État, elle a été conseillère principale auprès du procureur général adjoint du ministère de la Justice. Dans le secteur privé, elle a été chef de cabinet pour TPG, une société mondiale d’investissement alternatif située à San Francisco, qui gère 212 milliards de dollars d’actifs.
Enfin, Mike Hammer est actuellement le seul envoyé spécial en Afrique. Depuis le 1er juin 2022, il est chargé de la Corne de l’Afrique, notamment de la guerre civile au Soudan, du conflit persistant dans le nord de l’Éthiopie et des tensions régionales entre l’Égypte, le Soudan et l’Éthiopie concernant la construction et le remplissage du Grand barrage de la renaissance construit par l’Éthiopie sur le Nil.
Ce diplomate chevronné est devenu le troisième envoyé spécial pour la région en treize mois, après que les généraux rivaux Abdel Fattah al-Burhan et Mohamed Hamdan Dagalo dit « Hemetti » ont trahi, en octobre 2021, la promesse qu’ils avaient faite à l’envoyé américain de l’époque, Jeffrey Feltman, de ne pas s’emparer du pouvoir au Soudan. Son successeur, David Satterfield, a démissionné après seulement trois mois à ce poste. Puis Hammer a été appelé à la rescousse.
Avant d’être nommé envoyé spécial, il fut ambassadeur des États-Unis en RDC à partir de décembre 2018, juste avant l’élection présidentielle remportée par Félix Tshisekedi, avec le soutien controversé des États-Unis. Mike Hammer était considéré comme proche du président congolais, mais il a également dénoncé sans détour la corruption dans le pays. Kinshasa fut la première affectation africaine de ce diplomate qui fut, entre autres, ambassadeur au Chili.
Source: jeuneafrique
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