Augmentation des Taux Débiteurs : Un Échec de la Politique Monétaire de la Banque Centrale

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Augmentation des Taux Débiteurs : Un Échec de la Politique Monétaire de la Banque Centrale
Augmentation des Taux Débiteurs : Un Échec de la Politique Monétaire de la Banque Centrale

Africa-Press – Burundi. En augmentant les taux débiteurs à 12%, la Banque de la République du Burundi (BRB) démontre, une fois de plus, l’échec de sa politique monétaire. Cette mesure vise à freiner les pressions inflationnistes et atteindre une certaine stabilité financière. Cependant, ses effets sont limités par trois facteurs cruciaux. Eclairage d’André Nikwigize, économiste

Dans d’autres pays, l’augmentation des taux débiteurs par la Banque Centrale vise à réduire la consommation et décourager les crédits, notamment immobiliers. Au Burundi, la hausse des taux débiteurs se traduira par une augmentation des taux d’intérêt pratiqués par les banques commerciales et les institutions financières, pouvant atteindre jusqu’à 30% par an. Cela rendra les prêts de consommation et d’investissement plus coûteux, décourageant ainsi les particuliers et les entreprises d’emprunter. Moins d’investissements engendreront une baisse de production et une augmentation du chômage.

Cependant, dans une économie déjà en crise, caractérisée par une extrême pauvreté et la faim, la réduction des crédits aura peu d’effet sur la baisse des prix. Deux autres facteurs essentiels jouent un rôle majeur dans l’inflation actuelle: la baisse de la production vivrière et le manque de devises étrangères, sur lesquels les banques commerciales ont peu d’impact.

Le manque d’investissement dans l’agriculture par le gouvernement au cours des dernières années a conduit à une baisse significative de la production vivrière, compromettant ainsi la sécurité alimentaire. Les prix des produits de base tels que le riz, les haricots, la viande, le poisson, la farine de manioc et les tomates ont considérablement augmenté, certains doublant, quadruplant, voire quintuplant. Tant que la production n’augmentera pas, le relèvement des taux débiteurs de la BRB n’aura aucun effet sur les prix des denrées alimentaires.

De plus, des industries clés comme la SOSUMO et la BRARUDI rencontrent des difficultés majeures, notamment le manque de devises pour importer les matières premières et l’insuffisance de l’électricité. Cela réduit leur capacité de production, entraînant la rareté et la cherté de leurs produits.

Le manque de devises est la principale cause de l’hyperinflation au Burundi. Les réserves en devises de la Banque Centrale couvrent à peine un mois d’importations de biens et services. Par conséquent, les importateurs doivent se tourner vers le marché parallèle, où les taux sont exorbitants. Par exemple, le dollar américain, dont le taux officiel est de 1$ pour 3.000 FBU, s’échange à 6.100 FBU sur le marché parallèle, entraînant une dépréciation de plus de 100%.

Il est évident qu’importer des produits avec une monnaie nationale fortement dépréciée coûte très cher. L’augmentation des taux débiteurs est donc inefficace tant que le problème de la disponibilité des devises n’est pas résolu.

Conclusion

Le relèvement des taux débiteurs par la BRB aura peu d’effet sur l’inflation et la stabilité financière du pays. Pire, cela risque d’aggraver la situation du citoyen lambda, déjà confronté à l’insécurité alimentaire et à l’augmentation des prix des produits vivriers. Les importateurs et les entreprises de production, qui dépendent du marché parallèle pour leurs devises, seront contraints d’augmenter leurs prix pour couvrir leurs coûts.

Pour résoudre la question de la hausse des prix, il est impératif d’investir dans la production agricole afin d’assurer la sécurité alimentaire et stabiliser les prix des produits vivriers, et de promouvoir les exportations pour augmenter les recettes en devises et réduire la dépendance aux aides extérieures.

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