Africa-Press – Burundi. Produits de beauté, vêtements, chaussures, produits alimentaires, thé ou café chaud, … Dar Es-Salaam, capitale économique de la Tanzanie offre un aspect très différent de celui de Bujumbura, pour ce qui concerne les vendeurs ambulants. Là-bas, ces derniers paient une petite taxe annuelle, ce qui leur permet de gagner leur vie honnêtement. L’un des blogueurs de Yaga vient d’y effectuer un court séjour. Récit.
Plus d’un connait les tracasseries, les bastonnades, les coups et les humiliations que subissent nos mamans, nos sœurs vendeuses des fruits et autres articles dans la ville de Bujumbura. Ce qui n’épargne pas les hommes qui tentent, via ce métier informel de ‘’ vendeur ambulant’’, de gagner honnêtement leur vie. Au lieu d’aller se prostituer, vandaliser les gens, ces Burundais ont pris l’option de gagner leur vie à la sueur de leur front. Malheureusement pour eux, le terrain est miné de mauvaises surprises.
Des scènes horribles ont été vues. Beaucoup se souviennent encore de cette dame qui a été piétinée, battue par des policiers, les uns en tenue de travail, et d’autres en civil. Cet exemple n’est pas le seul.
Un business fourmillant Sous d’autres cieux, non loin du Burundi, on leur laisse cette chance de travailler, de se battre pour la vie. C’est notamment le cas à Dar Es-Salaam, la capitale économique de la Tanzanie, où les vendeurs ambulants sont omniprésents. Femmes, hommes, jeunes, … ils sont partout et présentent aux passants, visiteurs, touristes plusieurs gammes de produits. Pour la petite histoire, Dar Es Salaam, signifie « port de paix », et a été fondée en 1862, par le Sultan de Zanzibar, sur un site du village de Mzizima,
En pleine circulation, brouhaha des klaxons, vrombissement des moteurs, il suffit que les feux passent au rouge et que les véhicules s’arrêtent, pour que des vendeurs ambulants se faufilent entre les lignes, vous entourent et vous présentent différents produits.
Leur présence n’est pas la préoccupation des policiers qui régulent la circulation. Chacun s’occupe de ses oignons. Durant les heures de pointe, les embouteillages sont monstrueux, interminables.
Les conducteurs des tuk-tuks, les motards font aussi leurs affaires. Au moment où à Bujumbura, les deux derniers sont obligés de rester dans les quartiers périphériques, là, en Tanzanie, à Dar es Salaam, ils n’ont pas de limites. L’essentiel étant de respect le règlement. « Pour nos autorités, le plus important est que chacun trouve de quoi à manger et à faire vivre sa famille honnêtement. Le commerce ambulant fait vivre des milliers de jeunes, de femmes, des veuves », raconte Abdul, un vendeur croisé non loin de l’hôtel Peacock, de Dar es Salaam.
Pour lui, si ce genre d’activités n’existait pas, beaucoup de jeunes se retrouveraient sans travail, des veuves s’orienteraient désespérément dans la prostitution, des hommes dans le banditisme. Et pour exercer librement, il précise que chacun paie une quittance de 20 mille shillings par an (presque 7 dollars américains).
Bienvenue à KariakooAu centre-ville, c’est la même chose. L’endroit le plus visité par les visiteurs qui veulent faire du shopping est Kariakoo market. Nous sommes là dans le district Ilala.
Le premier constat : une fourmilière humaine. C’est facile de se perdre. Tous les espaces sont occupés. Aux abords des avenues, les mamans ‘’ Nitiriye’’ sont là. Il est donc facile de trouver de quoi manger et très rapidement sur place ou à emporter. Des jeunes dames avec des thermos servent du thé ou du café aux passants, tandis que d’autres vendent différentes sortes de fruits, etc.
Des jeunes garçons grillent du maïs, d’autres, font des brochettes. Ils s’installent devant les magasins, juste aux bords des rues. Ils cohabitent pacifiquement avec les vendeurs de chaussures pour enfants, adultes, etc. Les gens sont habitués à ce style de vie. Chacun essaie de gagner sa vie sans gêner l’autre. Un vrai modèle de marché aux puces.
« Oui, c’est comme ça notre quotidien. On doit travailler fort pour gagner de l’argent. Et ça nous fait vraiment vivre », confie Amani, un jeune vendeur de montres, de portemonnaies, de coupe-ongles, aux alentours du marché Kariakoo.
Apparemment pressé, il affirme faire ce métier depuis cinq ans. « Nous n’avons aucun problème avec les policiers. Parce qu’ils ne perturbent pas notre travail », mentionne-t-il, notant que ce métier les aide à gagner leur vie honnêtement.
Par ailleurs, dans ce marché ou dans d’autres endroits, les policiers ne sont pas nombreux. Devant des magasins, des banques, … on voit souvent des vigiles qui, contrairement au Burundi où ils n’ont qu’un petit bâton pour se défendre, sont armés : ils ont des fusils.
Du win-win businessAminata, une autre maman, vendeuse de fruits ajoute que cela lui a épargné la prostitution : « Moi je suis veuve. Et pour faire vivre mes enfants, je dois me battre. Merci aux autorités qui nous permettent de faire ce métier, sans entraves. Car, n’eût-été cela, je serais tentée par d’autres activités déshonorantes comme la prostitution ou la mendicité pour subvenir aux besoins de mes quatre enfants », glisse-t-elle. Et par jour, Aminata indique que c’est facile d’avoir un gain de 4 000 Shillings tanzaniens. Elle a déjà payé la quittance annuelle qui l’autorise à exercer librement. « En tout cas, 20 mille shillings ne sont pas beaucoup par an », ajoute-t-elle, notant que c’est une bonne option parce que le gouvernement ne peut pas trouver du travail pour tout le monde. « Comme ça, nous gagnons notre vie, et le gouvernement gagne doublement. Nous payons cette taxe et nous sommes encadrés », conclut-elle.
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