Africa-Press – Burundi. Apres l’échec du projet de Warubondo, le gouvernement veut relancer les projets de la construction des zones économiques spéciales (ZES). Un projet de loi instituant ces ZES est en cours d’analyse. Une ZES pilote pourrait être opérationnelle d’ici 5 ans selon le ministre en charge du commerce. Les députés préviennent de ne pas oublier les préalables.
Les députés ont adopté vendredi le 03 janvier 2025 le projet de loi régissant les zones économiques spéciales au Burundi. Dans l’exposé des motifs, Marie Chantal Nijimbere, ministre en charge du commerce précise que ce projet rentre dans les politiques du gouvernement pour booster l’économie du pays. Il découle d’ailleurs du Plan National de Développement 2018-2027. Assurer une transformation économique et industrielle, stimuler les investissements directs étrangers, promouvoir les exportations et réduire les importations, créer plus d’emplois sont le but final de la création de ces ZES.
Le ministre Nijimbere espère qu’une ZES pilote pourrait être opérationnelle d’ici 5 ans. Toutefois, sans les citer, elle fait savoir que plusieurs ZES ont été identifiées à travers une étude des zones d’attraction industrielle qui est en cours de finalisation. Des équipes ont été envoyées au Maroc et au Gabon (pays comme cas d’école en Afrique) pour s’inspirer de leur expérience. Grâce au développement des ZES, les exportations du Maroc ont augmenté de 2 milliards de dollars entre 2010 et 2016.
Des questions sur Warubondo
Certains députés ont soulevé des inquiétudes sur le développement des ZES surtout que le premier projet de Warubondo est tombé à l’eau et voulaient savoir les facteurs à l’origine de l’échec. Mme Nijimbere ne nie pas l’échec du projet. Et de répondre: « Il y a eu des manquements. Il y a eu absence des lois spéciales régissant cette ZES et leurs textes d’application. Le rôle de l’Etat, des entreprises du secteur privé n’étaient pas clairs ». D’où la mise en place de ces lois et des textes règlementaires en premier lieu pour définir les bases de ces ZES avec cette nouvelle volonté du gouvernement, explique-t-elle tout en ajoutant que le code des investissements va aussi être modifié car ces zones ne sont pas mentionnées nulle part dans ce document.
Le député Athanase Hatungimana insiste avec des questions épineuses sur les entreprises ayant investi dans le projet de la ZES de Warubondo: « Quel est le sort de la société PROCERV qui avait été confiée la gestion de ce projet ? Qu’en est-il des sociétés burundaises qui avaient des contrats dans le cadre de ce projet ? ».
Sur les entreprises burundaises, Marie Chantal Nijimbere informe que l’affaire est dans la justice contre la société PROCERV. Qu’en est-il de cette dernière contre l’Etat du Burundi ? Mme Nijimbere affirme que les manquements ont été de deux côtés tout en ajoutant que cette société avait réclamait des indemnités. D’ailleurs cette question a même été l’objet d’un Conseil des Ministres du 10 mai 2023. Le Conseil des Ministres a suggéré de surseoir la résiliation du contrat pour éviter de lourdes conséquences liées à la rupture abusive du contrat. Cette société est-elle actuellement impliquée dans cette ambition nouvelle du gouvernement des ZES ? « Elle n’a pas voulu dialoguer avec l’Etat et n’a pas répondu à l’appel du gouvernement burundais ».
Des préalables avant tout
Les députés ont aussi soulevé des inquiétudes sur la réussite de ces ZES compte tenue de la situation du pays notamment le manque d’infrastructures de base telles l’énergie, les routes, etc. La gestion de la chose publique (corruption, détournement des biens publics) est également mise en cause. Le député Bed Nyandwi se demande quant à lui sur les produits d’exportations « Quelles matières premières miserait-on dans ces ZES ? ». Cette question intervient au moment où la balance commerciale est largement déficitaire. Les chiffres révélés par le Chef de l’Etat dans le traditionnel discours à la Nation à l’occasion du nouvel an font froid dans le dos. En 2024, la valeur des importations s’équivaut à environ 2 milliards de USD contre 80 millions USD d’exportations.
M. Nyandwi se questionne d’abord sur ce qui manque pour satisfaire la demande locale avant même de penser à l’exportation. « Aujourd’hui, on se demande s’il existe au moins une société exploitant les cannes à sucre», tacle-t-il avant dresser une liste des cultures d’exportations dont le thé, le café, le coton, etc. Le tarissement des devises est un autre obstacle évoqué par le député Antoinette Ndikumana se demandant comment le Gouvernement compte faire face à ce défi dans la mise en œuvre des ZES.
Réagissant à certaines préoccupations, le ministre en charge du commerce informe que le premier facteur de réussite est la « volonté politique ». Elle ajoute que des études approfondies vont être menées pour aboutir à des résultats. Les députés recommandent la mise en place d’une feuille de route de ce qui doit être fait dans 5 ans et de dégager les secteurs prioritaires.
A cela, ajoutons que l’amélioration du climat des affaires est aussi parmi les bases de la réussite de ces ZES.
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