Vol à la DTB : un silence intriguant

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Vol à la DTB : un silence intriguant
Vol à la DTB : un silence intriguant

Africa-Press – Burundi. Une banque a été dévalisée dans la soirée du 12 mars. Des gens ont été emprisonnés. Des boucs-émissaires ? Aucune communication depuis ce vol estimé à plusieurs milliards de BIF. D’aucuns se demandent pourquoi ce silence ? Qui a volé l’argent de la banque ? Une chose est sûre : le montant dérobé, francs BIF et devises cumulés, se chiffrerait en termes de dizaine de milliards de BIF. Des questions restent.

Plus d’une semaine après le forfait, à ce jour, difficile de savoir le montant exact volé cette soirée.

Alors qu’initialement sur la toile des sommes de 998.252.500 BIF, 212.488 USD, 31.093 euros étaient avancés, d’autres sources laissent entendre que le montant en BIF dépasserait les 3 milliards de BIF.

Mais pour plusieurs raisons difficiles non communiquées mais que l’on peut soupçonner, la DTB aurait jugé de ne pas communiquer le vrai montant. « Il est très compréhensible qu’elle se devait de ne pas révéler le vrai montant. Surtout que la réglementation bancaire et les assurances exigent qu’une fois les dépôts bancaires dépassent 2 milliards de BIF, la banque commerciale en question doit les déposer à la banque centrale. Idem pour les assurances. Car, en cas de vol, elle ne peut pas être dédommagée », explique une source à Iwacu.

Autre élément de taille, hormis l’argent volé, notre source révèle que des titres de propriété des biens des clients font partie des biens volés.

Une information, d’ailleurs que confirment certains clients de la banque qui venaient d’apurer leur crédit bancaire.

Ces derniers racontent qu’ils sont allés demander la restitution de leurs titres de propriété en vain. « Bientôt une semaine que la banque nous dit d’attendre un peu. Nous commençons à redouter autre chose. Car, si lesdits papiers se trouvaient dans la trésorerie, nous sommes sûr que la banque nous les auraient déjà remises », laissent -t-il entendre

Depuis cet incident, des questions sans réponse fusent de partout. D’abord, le modus operandi utilisé pour accéder à la trésorerie sans qu’aucune porte ou fenêtre ne soit forcée.

Ici encore, l’opinion est intriguée par le silence de la banque. « Après un tel vol, comment la banque puisse se murer dans le silence. Pas même un petit communiqué ne fut ce que pour rassurer sa clientèle ! »

Apparemment, ce serait une stratégie voulue par la banque, confient certains de ses employés. Le lundi suivant le weekend du vol, ils indiquent qu’après une petite réunion de briefing, la direction leur a tranquillisé : « La situation est sous contrôle, il n’y avait aucune raison de s’inquiéter ».

Des zones d’ombre

Tous les témoignages recueillis convergent pour dire que le vol se serait commis sans effraction. Aucune porte ni fenêtre ou serrure n’a été forcée pour arriver jusqu’à la trésorerie. « Les voleurs seraient entrés, ils ont pris le soin de fermer les portes intermédiaires qui mènent à la trésorerie pour ressortir par la porte de derrière », raconte un des employés sous anonymat.

Pour lui, une aberration lorsque l’on connaît les caméras, les grillages, les portières que l’on doit d’abord déverrouiller au couloir qui accède à la trésorerie.

Comptant parmi les banques qui ne cessent d’améliorer leurs systèmes de sécurité, cet ancien employé ne voit pas comment ces voleurs seraient passés à travers les mailles du filet sans complicité des agents de la banque.

« Pas n’importe quels complices ! Parce que ce n’est pas tout le monde qui peut garder les clés de la banque », tient-il à préciser.

Entre autres grandes questions : « Comment les voleurs se seraient introduits dans la banque déclencher l’alarme et le détecteur de mouvements ne se déclenchent pas ou soient détectés par les caméras haute définition, dont la précision et le traçage des mouvements, la réputation les précède ?»

Autre interrogation : « Comment vers 21h, ces voleurs auraient-ils pu déjouer la vigilance des vigiles à la fois de la Regideso, de la DTB et de la compagnie Rwandair et forcer la barrière sans que l’un d’entre eux ne lance l’alerte ? ». Si l’on en croit nos sources, les voleurs ont d’abord neutralisés ces vigiles avant de pénétrer à l’intérieur des enceintes de la DTB. « Aucune trace de résistance ou bagarre, ces derniers se seraient évanouis après qu’un d’être eux aurait mangé des « samboussas » bourrés de somnifères. Un mini-van Toyota de marque Noah serait rentré par la suite à l’intérieur ».

Une certitude, confient nos sources, ces voleurs ont pris leur temps et ont été très minutieux. « A imaginer la façon dont ils ont rongé le couloir qui mène à la trésorerie, déverrouillé toutes les portes qui mènent à trésorerie sans pour autant qu’ils ne soient remarqués par les caméras, il ne fait aucun doute qu’ils aient bénéficié d’un coup de pouce ».

Autre argument important, le protocole exigé pour se rendre à la trésorerie. Un ancien employé explique que durant les 4 ans qu’il a passés à la DTB, aucun Burundais ne pouvait se rendre à la trésorerie sans qu’il soit accompagné par un collègue étranger.

Contactée, Ida Marie Mabushi, l’administratrice directrice générale de la DTB, sans pour autant faire trop de commentaires, reconnaît effectivement que la banque a été victime de vol : « Comme les enquêtes de la police sont déjà en cours, il nous ait impossible de commenter quoi que ce soit. Il faut attendre leurs conclusions. » Et de rassurer : « Les enquêtes avancent très bien. Sous peu, les coupables seront traduits devant la justice. » A la question de savoir pourquoi la banque n’a pas encore réagi, ne fût-ce que pour tranquilliser sa clientèle, elle explique : « Si le montant volé n’a pas affecté le fonctionnement de la banque, et que ses activités se poursuivent normalement, autant attendre les résultats de l’enquête. »

Toutefois, certains agents de la banque sont entre les mains de la police dont Micheline Nshimirimana, Gloriose, Floris. En attendant les conclusions, des enquêtes, sont-ils les vrais prévenus coupables ? Une affaire à suivre…

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