L’Eglise catholique préoccupée par la situation des droits de l’homme

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L’Eglise catholique préoccupée par la situation des droits de l’homme
L’Eglise catholique préoccupée par la situation des droits de l’homme

Africa-Press – Burundi. Réforme de la Justice, droit d’expression, lutte contre la pauvreté…Les évêques catholiques du Burundi lancent un vibrant plaidoyer pour le peuple burundais.

« De par le passé de notre pays, nous savons combien le Burundi, de manière récurrente, a sombré dans la violence suite à l’exclusion et à la recherche exacerbée du pouvoir. Même aujourd’hui, cela demeure pour nous une préoccupation vu qu’il existe des signes de ceux qui voudraient nous faire revivre le système politique révolu du monopartisme », décrivent ces prélats, via une déclaration dénommée, « INSTRUCTION DES EVÊQUES CATHOLIQUES DU BURUNDI POUR LE 3ème DIMANCHE DE PAQUES ».

Ce document signé le 21 mars 2024, rendu public ce dimanche 14 avril et lu dans toutes les messes et églises catholiques, les Evêques trouvent qu’il est nécessaire que soit renforcé un régime qui fasse place à toutes les formations politiques y compris celles qui sont en opposition à l’égard du parti au pouvoir. « Cela afin de permettre à tous les citoyens d’exprimer leurs idées par les médias de l’Etat, l’organisation et la tenue de meetings en respect de la loi, sans aucune entrave. »

Cependant, analysent-ils, s’organiser et tenir des réunions politiques ne suffit pas: « Encore faut-il que tout soit mis en œuvre afin que soient garanties les libertés individuelles pour pouvoir s’atteler au développement individuel et communautaire. Ainsi, il sera possible de mieux nous préparer à des échéances électorales prochaines, inclusives, libres et transparentes. De telles élections recevraient alors, sans réserve, l’aval de tous. »

Pour eux, des discours et des décisions prises, mais sans lendemain décrédibilisent les institutions étatiques, surtout lorsque les décideurs ne rendent pas compte de l’état d’avancement et des réalisations en rapport avec leurs responsabilités. « Puisque le gouvernement se présente comme « Reta mvyeyi », comment pourrait-il correspondre à cette identité s’il ne développe pas une gestion inclusive, garantissant et promouvant le Bien commun ? »

D’après ces prélats, au moment où ceux qui sont membres d’autres partis que celui au pouvoir se retrouvent étiquetés comme des ennemis et ne peuvent accéder à des postes de responsabilité alors qu’ils en sont capables, il devient dès lors difficile de s’engager au service du bien commun.

« Il est, donc, nécessaire que les Burundais puissent encore s’asseoir ensemble pour penser un système de gouvernement qui puisse accorder la parole à tous, se soucier du bien commun et ainsi ramener la confiance dans les instances administratives », recommandent-ils.

Et la justice ?

Dans cette déclaration, les Evêques catholiques du Burundi se montrent très préoccupés par le fonctionnement de l’appareil judiciaire. « Les leaders de notre pays, à commencer par le Chef de l’Etat, ne cessent de rappeler sans cesse et de fustiger les conséquences de la culture de l’impunité. Au fur et à mesure que l’impunité s’établit dans la société, le peuple perd la confiance dans les institutions judiciaires et risque ainsi de se décourager, de se faire justice et de commettre des crimes. »

Selon eux, il existe des agents de la justice qui expriment des préoccupations pour leur sécurité à cause du harcèlement de la part de certains cadres les contraignant à enfreindre le droit au lieu de défendre la vérité et la justice.

« La question de la justice concerne également les modalités d’embauche au niveau de l’Etat. Des plaintes nous parviennent de diverses personnes que l’accès aux postes de travail ne tient pas compte des connaissances, ni du savoir-faire ni des compétences professionnelles, mais qu’il est conditionné par le seul critère de militantisme dans le parti au pouvoir et/ou la capacité de verser des pots-de-vin », déplorent-ils, notant que cette pratique véreuse entraine l’incompétence et le manque de productivité, la rémunération des fainéants et des pilleurs de l’Etat rendant ainsi endémique la pratique de la corruption.

« Il convient que les leaders ainsi que le personnel de l’appareil de justice, à tous les niveaux, travaillent d’arrache-pied afin que tout citoyen burundais et tout résident se sentent en sécurité ; que celui qui est lésé soit rétabli dans ses droits et vive en paix parmi les siens et ses biens. »

En effet, expliquent-ils, ‘’comme nous l’avons dit, toute impunité face au mal commis, cause angoisse et rancœurs dans les cœurs entrainant ainsi le désordre et la guerre’’.

Et la sécurité des personnes

« La sécurité est le trésor le plus précieux de toute personne. Constater que dans notre pays, il y a des personnes qui sont horriblement assassinées ou kidnappées et portées disparues pour des raisons politiques ou autres intérêts macabres fait frissonner », critiquent-ils, avant de laisser un message aux familles des victimes. « Nous en profitons pour exprimer notre compassion et solidarité à l’endroit des familles ayant perdu les leurs ces derniers temps. Quand bien même quelqu’un serait appréhendé et arrêté par les instances habilitées, la justice doit se dérouler dans le respect de la loi, de sorte que la personne soit détenue dans un endroit connu et accessible aux membres de sa famille. »

Ils reconnaissent que veiller sur la sécurité dans la quadruple synergie demeure indispensable pour le pays. Cependant, nuancent-ils, il revient surtout aux forces de sécurité et de défense, d’être beaucoup plus vigilant pour protéger la population et ses biens.

« Nous ne saurions parler de justice sans lancer un appel pathétique à tous ceux qui nourrissent encore des sentiments de verser le sang des paisibles citoyens comme moyen de faire entendre leur idéologie ou d’ambitionner le pouvoir politique. Nous exhortons instamment quiconque serait encore habité par cet esprit à remettre l’épée dans le fourreau pour s’atteler à édifier la nation en empruntant les voies qui respectent la dignité de la personne humaine et qui privilégient le dialogue et la concertation. »

Prendre à bras-le-corps de la question de la pauvreté

« Nous saluons les efforts déployés par les instances du pays qui se donnent pour augmenter et booster la production agro-pastorale. Toutefois, force est de constater que l’économie du pays peine à se relever », déplorent-ils.

Ici, ils font allusion à la flambée des prix sur le marché, la dépréciation progressive de la monnaie burundaise, la rareté du carburant et des autres produits de première nécessité, le chômage, etc.

Pour eux, ces éléments constituent des raisons qui condamnent la plupart à croupir dans une pauvreté qui ne cesse de s’aggraver.

« Il est donc urgent que la question de la pauvreté soit profondément étudiée, tout en instaurant des mécanismes de suivi-évaluation. Afin que la population mène une vie paisible, sans désespoir, il est nécessaire que les instances habilitées veillent scrupuleusement au bien commun et que les auteurs des détournements et malversations soient arrêtés et publiquement sanctionnés conformément à la loi », insistent ces prélats, rappelant que le salut de la paix est un catalyseur de promotion de paix et de confiance.

Avant de supplier le Tout-Puissant: « Implorons la proximité de Dieu en toutes circonstances afin que nous soyons infatigables dans la promotion de la paix dans nos foyers, au sein de la communauté, dans notre pays, dans les pays des Grands Lacs et dans le monde entier. »

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