Africa-Press – Burundi. Elle est partout dans les rues, les écoles, les startups, les foyers, les champs, les réseaux sociaux. Elle fait la musique, les révoltes, les rêves, les migrations. Et pourtant, elle est absente là où se décident les trajectoires du continent. La jeunesse africaine, qui représente plus de 60 % de la population selon la Banque africaine de développement, reste en marge des processus décisionnels de l’Union africaine. Invisible dans les sommets, périphérique dans les commissions, et peu consultée dans les grandes orientations.
Ce décalage n’est pas qu’un problème de représentation symbolique. Il alimente une crise de confiance plus profonde. Pour beaucoup de jeunes, l’Union africaine apparaît comme une institution vieillissante, bureaucratique, déconnectée des aspirations concrètes?: emploi, climat, mobilité, liberté d’expression, entrepreneuriat, éducation de qualité.
Les initiatives existent, comme le Conseil consultatif de la jeunesse de l’Union africaine (AU-YVC) ou les programmes de volontariat panafricain, mais elles peinent à influer sur les grandes lignes politiques. Faute de mandats exécutifs, elles fonctionnent souvent comme des vitrines, là où il faudrait des leviers.
Cela engendre une jeunesse qui innove, mais sans ancrage institutionnel. Qui milite, mais hors des cadres. Qui conteste, mais rarement entendue. Cette déconnexion fragilise la légitimité d’un projet continental censé incarner l’unité, mais dont les centres de décision restent verrouillés.
Revaloriser la place des jeunes, ce n’est pas leur donner une “voix” symbolique dans un forum ou un sommet. C’est leur accorder une place réelle dans la gouvernance. Intégrer leurs priorités dans les budgets. Ouvrir des sièges exécutifs à des profils issus de cette génération qui connaît le numérique, les mobilités hybrides, les logiques transnationales et les nouveaux enjeux socioécologiques.
Car l’avenir de l’Afrique se joue moins dans les résolutions adoptées en huis clos que dans la capacité à faire du nombre sa force. Et à transformer cette majorité démographique en majorité politique, économique, culturelle. À faire des jeunes non plus une “cible” de politiques publiques, mais les auteurs mêmes de leur propre futur.
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