Quid d’une usine à la fabrique d’autres « Nyange » ?

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Quid d’une usine à la fabrique d’autres « Nyange » ?
Quid d’une usine à la fabrique d’autres « Nyange » ?

Africa-Press – Burundi. Le récent transfert de Youssouf Ndayishimiye dit « Nyange », vers les Aiglons (OGC Nice) est une occasion pour se demander : qu’est-ce qui peut être fait pour avoir plus de transferts de joueurs burundais à l’étranger ?

Buyenzi. X avenue. Fin des années 2000. Des gamins tapent dans un ballon conçu en sachets plastiques. Le soleil tape fort sur leurs visages. La sueur dégouline sur leur front. Un garçon au grand gabarit se distingue parmi les autres : sa touche de balle est soyeuse. Le ballon lui colle au pied. Ses passes sont millimétrées. Il n’hésite pas à aller au contact. Ses qualités principales : la relance et une vision aquilin. Son nom : Ndayishimiye. Son prénom : Youssouf. Son surnom : Nyange. (Nom d’un oiseau : le héron garde-bœufs en kirundi).

Quelques années plus tard, Saint-Augustin (une équipe de 3e division) toque à sa porte. Ensuite, Les Lierres. Puis Aigle Noir. À 18 ans, le 11 mars 2017, pour la première fois Nyange survole avec les « Hirondelles » (équipe nationale du Burundi). Le pays de Kamal Atatürk tombe sous les charmes du gamin de Buyenzi. Après un transfert « record », Nyange s’envole du côté de Yeni Malatyaspor. Nyange grandit. La plus grande ville de Turquie, Istanbul, lorgne ses yeux sur le défenseur central pouvant évoluer au milieu du terrain. Le club de la municipalité stambouliote, İstanbul Başakşehir s’offre Youssouf Nyange Ndayishimiye. C’est dans l’ancienne Constantinople que Nyange brille. Floqué de son numéro 55 fétiche, il intercepte, relance, compile clean sheets sur clean sheets. Parfois, il est rappelé à la rescousse au milieu de terrain, et là aussi, il excelle. Après, c’est l’OGC Nice et le RC Lens qui ont le béguin pour le jeune homme de 24 ans. Entre le nord de la France chez les Corons et la Côte d’Azur, Nyange choisit finalement le soleil et la Promenade des Anglais.

Ce 25 janvier 2023, l’OGC Nice du milliardaire anglais, John Ratcliffe, présente Nyange. Les cœurs des Burundais se réjouissent. « Le fils du pays » enfin dans un grand championnat.

Et ipso facto je deviens fun de @ogcnice à cause du fils du pays #Yousouf #Nyange @R_Ndikuriyo #Burundi pic.twitter.com/GY8fVJ6JdX

— Sindayihebura Rénovat (@sinrenovat) January 25, 2023

Mais il se trouve que Nyange est l’unique « fils du pays » qui brille dans l’un des cinq grands championnats. Comment alors avoir d’autres Nyange ? Par quelle magie ? Par quelle manœuvre ?

Et le scouting comme solutionIl y a quelques semaines, le magazine SoFoot publiait un article sur les prouesses du club portugais, le Benfica Lisbonne, à déployer tous ses moyens dans la détection des talents jusqu’au bout de la Terre. Tels les marins portugais d’antan, le Benfica Lisbonne est devenu un spécialiste dans la découverte des pépites aux quatre coins de la sphère. Cette équipe de la capitale portugaise depuis plus d’une décennie engrange des bénéfices sur les ventes de ses joueurs. Tout cela grâce à un processus méticuleux appelé le « scouting », qui consiste à chercher les futurs talents où ils se trouvent.

Le même processus a sans doute été utilisé par le Yeni Malatyaspor pour scouter Nyange qui se trouvait à des milliers de kilomètres. Est-ce que Nyange était le seul meilleur joueur se trouvant au Burundi ? Niet bien sûr. D’autres talents continuent à taper dans le ballon sur les terrains boueux à l’intérieur des collines. Et, pourquoi donc les recruteurs étrangers ne les remarquent pas Qu’est-ce-qui empêche qu’au lieu de vendre nos talents bruts en Tanzanie et surtout au Rwanda, de les exporter plutôt vers les cinq grands championnats ?

Investir dans l’exportationNotre usine à la fabrique des plus grands talents à vendre à l’extérieur ne serait pas fonctionnelle sans les efforts des équipes locales. Il faut que les dirigeants des clubs dirigent leurs yeux vers l’Europe et pas que dans les championnats moyens. Les cinq grands : Angleterre, Italie, Espagne, France et Allemagne.

L’Aigle Noir FC, par exemple, qui a vendu Nyange en Europe a les moyens de scouter les meilleurs joueurs dans les quatre coins du pays. Les former, c’est nada pour cette équipe qui a remporté le championnat de la Primus League en 2019. Plusieurs équipes du « pays du lait et du miel » peuvent travailler sur cette stratégie d’exportation, car c’est très lucratif pour les clubs sachant qu’un joueur transféré en Europe ramène des sommes énormes pour le club. Si les 11 millions d’euros (presque 25 milliards de francs burundais) qu’a coûté le transfert de Nyange étaient allés entièrement dans les poches d’Aigle Noir, ça aurait été un boost pour cette équipe, mais aussi pour le championnat local.

Le football a changé. Et les équipes burundaises doivent profiter de ce changement : il suffit de mettre les highlights d’un joueur sur Youtube pour que celui-ci se retrouve on the map. Les scouters (recruteurs) n’hésitent pas à aller jusqu’au bout du monde. Qui sait, peut-être que le prochain Sadio Mane est Burundais. Mais, pour que cela soit possible, pensons « exportation ». Burundais, c’est possible d’avoir plus de Nyange.

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