Abandons scolaires : les chiffres font froid dans le dos

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Abandons scolaires : les chiffres font froid dans le dos
Abandons scolaires : les chiffres font froid dans le dos

Africa-Press – Burundi. La problématique des abandons scolaires est de plus en plus récurrente. Des élèves continuent à quitter le banc de l’école. Ce phénomène touche beaucoup plus les élèves du fondamental que ceux du post-fondamental. Les mauvaises conditions de vie des ménages est une épine dans le pied du système éducatif burundais. Décryptage.

Malgré l’absence de données actualisées au niveau national, celles de certains coins suffisent pour constater que le phénomène est inquiétant. Au cours du premier trimestre 2022-2023, plus de 5300 cas d’abandons scolaires ont été enregistrés dans la province de Kayanza, selon la Radiotélévision Isanganiro. La direction provinciale de l’éducation (DPE) Makamba a, quant à elle, enregistré plus de 4795 cas d’abandons dont 2215 filles au cours de la même période. Plus de 4800 cas d’abandons scolaires étaient déjà enregistrés au début du mois de décembre 2022 dans la DPE Kirundo.

Les chiffres des années antérieures montrent que ce phénomène touche beaucoup plus les élèves du fondamental que ceux du post-fondamental. Sur 191 281 cas d’abandons scolaires enregistrés au niveau national pour l’année scolaire 2020-2021, 189 176 étaient de l’école fondamentale. Dans la province de Bubanza, 16.289 sur 18 088 (dont 8 426 filles) cas d’abandons étaient du fondamental au cours de l’année scolaire 2021-2022.

Les mauvaises conditions de vie, la cause profondeSelon l’annuaire statistique scolaire 2020-2021 du ministère en charge de l’éducation, les provinces, entre autres Kirundo, Muyinga, Makamba, Ruyigi, Kayanza, Rutana, Ngozi, Cibitoke viennent en tête pour les cas d’abandons scolaires. Ils dépassent tous la barre des 10 mille cas d’abandons. C’est dans la plupart de ces provinces où les conditions socio-économiques sont mauvaises selon les enquêtes de l’Institut National de la Statistique (ex ISTEEBU).

Les provinces de Ruyigi, Rutana, Muyinga, Kirundo, Ngozi figurent parmi celles qui affichent des taux de pauvreté (monétaire ou non monétaire) largement supérieurs à la moyenne nationale, aussi bien au niveau des ménages qu’au niveau individuel. Les provinces les plus affectées par la pauvreté non monétaire avec des taux supérieurs à la moyenne nationale étaient respectivement Rutana (73,6%), Kirundo (73,2%), Muyinga (67,1%), Ngozi (65,8%) et Cibitoke (53,5%) selon le rapport de l’enquête intégrée sur les conditions de vie des ménages au Burundi (2019-2020).

Malgré la gratuité des frais scolaires, les parents manquent de moyens pour le matériel scolaire de leurs enfants. L’indice santé entre aussi en jeu. Le rapport de l’enquête modulaire sur les conditions de vie des ménages au Burundi (2013-2014) révèle que les provinces Cibitoke et Kirundo ont les taux de morbidité les plus élevés du pays, tant en milieu rural qu’en milieu urbain. Dans la province de Cibitoke, le taux de morbidité était de 43,4% en milieu urbain que 44,8 % en milieu rural. Les crises de fièvres et de malaria sont plus fréquentes dans les provinces de Kirundo, Ruyigi, Muyinga s’établissant à plus de 70%. La malnutrition, sévère et modérée, est la plus haute à Kayanza et Muyinga se pointant respectivement à 56,6% et 59,1%.

Délaisser l’école pour gagner la vieEtant donné que ces provinces sont frontalières des pays limitrophes du Burundi, les jeunes élèves quittent le banc de l’école et se rendent dans ces pays pour travailler à la recherche d’un avenir meilleur. Dans les provinces du Nord, les élèves délaissent l’école pour les activités d’exploitations minières. L’exode rural et le petit commerce incitent aussi les élèves à abandonner l’école.

Les grossesses non désirées ont également leur part. 1233 cas de grossesses non désirées ont été enregistrés au cours l’année scolaire 2019-2020. Les jeunes filles tombent dans le piège des hommes qui leur promettent des choses matérielles en échange des rapports sexuels.

Le chômage exerce aussi une influence négative sur la scolarité selon David Ninganza, président de l’association Solidarité de la Jeunesse pour la Paix et l’Enfance (SOJEPAE). Quand les élèves trouvent leurs ainés en situation de chômage après les études, ils décident d’intégrer la vie active très tôt parce qu’ils ne voient plus l’intérêt d’être sur le banc de l’école. Les conditions d’apprentissage inadéquates (manque de bancs pupitres, etc.) dans certains établissements poussent les élèves à abandonner.

Quelles solutions ?Pour Jean Samandari de la coalition Bafashebige, le gouvernement doit étendre le programme des cantines scolaires à tous les établissements. Il faudrait également repenser la fourniture gratuite du matériel scolaire, car des enfants qui ne sont pas dans le besoin en bénéficient au détriment des autres. David Ninganza trouve nécessaire une étude approfondie pour dégager les causes spécifiques de chaque région. Un encadrement rigoureux doit être de mise. Les parents et les éducateurs doivent collaborer pour rendre l’encadrement des élèves plus efficace.

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