Africa-Press – Burundi. Les beatboxers réussissent, à l’aide de leur bouche, à imiter différents instruments de musique, conduisant finalement à d’impressionnantes productions musicales a cappella. Les orangs-outans, primates charismatiques vivant sur les îles de Bornéo et de Sumatra, sont capables de produire des sons de la même manière, révèle une étude publiée le 27 juin 2023 dans la revue Pnas Nexus.
Des milliers d’heures d’enregistrements sonores
Les oiseaux sont des modèles idéaux pour étudier le langage, grâce à leur chant. Problème : ce ne sont pas des mammifères et il est parfois difficile de transposer les découvertes réalisées sur l’être humain. Deux chercheurs se sont donc plutôt intéressés à un primate, l’orang-outan. Ils ont enregistré les comportements vocaux de ces animaux au cours de 2510 heures d’observation à Tuanan et de 1287 heures à Ketambe, en Indonésie.
En épluchant les enregistrements, les chercheurs ont remarqué que les orangs-outans étaient capables de produire, simultanément, deux sons différents. « Nous rapportons ici deux types de combinaisons d’appels biphoniques chez les orangs-outans sauvages qui ressemblent articulatoirement au beatbox humain et qui résultent de l’exercice simultané de deux sources sonores », explique l’étude. L’une d’elle n’implique pas la voix mais plutôt des mouvements des lèvres, de la langue et de la mâchoire. Une seconde source est « obtenue grâce à l’action laryngée et à l’activation vocale ». Cette communication « biphonique » a été entendue auprès de mâles et de femelles, dans divers contextes et chez différentes espèces d’orang-outan.
Crédit : Adriano R. Lameira and Madeleine Hardus
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Pourquoi une telle capacité ?
Chez les beatboxers, la biphonie implique aussi une production synchrone supralaryngée (lèvres, langue et mâchoires) et laryngée (les cordes vocales) de sons. Cette étude permet donc de révéler que l’utilisation de deux sources sonores est trouvée chez une espèce proche de la nôtre. « Le fait même que les humains soient anatomiquement capables de faire du beatbox soulève des questions sur l’origine de cette capacité. Nous savons maintenant que la réponse pourrait résider dans l’évolution de nos ancêtres », précise dans un communiqué Madeleine Hardus, co-auteure de l’étude.
La communication biphonique chez les orangs-outans, sans doute moins simple à effectuer qu’une simple vocalisation, pourrait permettre de signaler la bonne santé de l’émetteur. Par exemple, des mâles ont été écoutés tandis qu’ils s’adressaient à un rival. Finalement, un peu comme deux protagonistes lors d’une battle de beatboxing.
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