De grâce, la femme burundaise n’est pas une enfant !

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De grâce, la femme burundaise n’est pas une enfant !
De grâce, la femme burundaise n’est pas une enfant !

Africa-Press – Burundi. Dans la province de Ruyigi, l’administratrice de la commune Bweru, Mme Diane Niyibitanga a décrété entre autres mesures (toutes discutables), l’interdiction aux femmes de circuler au-delà de 19h. N’allez pas chercher trop loin, les raisons sont toutes trouvées : sécurité, protection et bien évidemment les fameuses mœurs !

Il faut protéger ces pauvres petites créatures vulnérables, incapables de se défendre et encore moins de veiller sur leurs biens, s’est sûrement dit Mme Niyibitanga, croyant bien faire. Et qui dit protéger, dit forcément surveiller, punir, bannir, voire enfermer et s’il le faut, séquestrer. Et d’ailleurs, les femmes burundaises, c’est connu de tous, elles sont responsables de la dégradation des mœurs burundaises. Toutes des dévergondées !

Non, Mme Niyibitanga n’a pas eu son poste dans un Kinder surprise. Les plus virulents pensent que c’est par ignorance qu’elle s’est permise cette petite liberté. Mais moi, je me dis que notre Excellence Mme l’administratrice connait bien ses hautes fonctions. Les lois et règlements de la Res Publica, c’est son dada. D’ailleurs, c’est en application de l’article 25 de la constitution qui dit que « Tout être humain a le droit à la liberté de sa personne, notamment à l’intégrité physique et psychique et à la liberté de mouvement… », qu’elle a décrété que les femmes de sa localité ne seront autorisées à circuler à partir d’une certaine heure, qu’au bras de leur époux. Que dites-vous ? Quid des veuves ? Des célibataires ? Des divorcées ? Ah ben, celles-là n’ont qu’à se trouver des maris !

Des humains de seconde zone ?A l’heure où l’on réclame haut et fort l’égalité du genre, l’émancipation de la femme (dans tous les domaines), son droit à disposer de son corps, il est étonnant de constater que certaines personnes, à fortiori une femme qui occupe une fonction de leadership, mettent les bâtons dans nos roues. Comment espérer un quelconque développement, si la femme n’est pas considérée comme un être humain à part entière ayant la capacité et le droit de subvenir à ses besoins, mener sa vie et ses combats sans l’aval d’un homme.

Ce qui m’est le plus exaspérant, c’est de devoir encore et toujours revenir sur le comment du pourquoi nous autres femmes burundaises méritons votre considération. Le jour où notre société comprendra que Umugore si umwana (la femme n’est pas une enfant, Ndlr), nous n’aurons plus à perdre notre temps sur de telles thématiques et mettrons nos forces et compétences au service de notre pays.

Avant de conclure mon propos, j’aimerais demander à Mme Diane Niyibitanga : « Si demain, vous devez présider une réunion qui se terminerait au-delà de 19h, comptez-vous vous munir de votre époux pour vous ramener à la maison ? »

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