Africa-Press – Burundi. Ils sont partout, disséminés à la surface de la planète, portés par les vents, charriés par les océans. On en retrouve dans les sédiments marins, en haute altitude dans les nuages. Les microplastiques sont dans la nourriture que nous consommons, dans l’eau que nous buvons.
Issus de nos déchets plastiques, ces particules micro et nanoscopiques polluent l’intégralité des organismes vivants. On estime que, chaque année, ce sont entre 10 et 40 millions de tonnes de ces déchets qui sont relargués dans l’environnement et que ce nombre pourrait doubler d’ici à 2040.
Bien évidemment, l’être humain n’y échappe pas. Mais, bien qu’il soit avéré que nos organismes sont envahis par ces dérivés industriels du pétrole, l’impact sanitaire réel de ces derniers n’est pas totalement clair. Des études sur l’animal et sur des cultures cellulaires suggèrent que l’exposition aux microplastiques a des effets multiples. Ces particules altèrent des fonctions essentielles du métabolisme, dérèglent la prolifération cellulaire, provoquent des anomalies du développement, et ce, sur l’intégralité de nos organes. Intestins, poumons, cœur, foie, rein, muscles, nerfs: aucun système ne semble épargné.
De 3 à 5 fois plus de microplastiques dans les cerveaux malades
Et notre cerveau ? Au premier abord, on pourrait penser que la barrière hémato-encéphalique qui sépare la circulation sanguine du système nerveux central et protège le cerveau des virus, bactéries et toxines qui pourraient circuler dans le sang constitue un filtre suffisamment puissant contre les microplastiques. Malheureusement, rien n’est plus faux comme l’ont démontré plusieurs études. Notre cerveau contiendrait jusqu’à 30 fois plus de microplastiques que le foie ou les reins.
Plus inquiétant, un article de chercheurs canadiens paru dans la revue Brain Medicine est revenu sur une étude publiée en décembre 2024 dans Nature Medicine. Celle-ci constatait que l’autopsie de cerveaux de patients déments contenait de 3 à 5 fois plus de microplastiques que ceux de cerveaux sains.
D’où l’interrogation des auteurs canadiens: cause ou conséquence ? Est-ce que les microplastiques, une fois logés dans le cerveau, provoquent des micro-inflammations qui aggravent la neurodégénération cellulaire ? Ou, à l’inverse, est-ce que la démence, en fragilisant la barrière hémato-encéphalique, permet à plus de particules de microplastiques de s’infiltrer dans notre matière grise ?
Des recommandations pour éviter une surconsommation
Trop tôt pour le dire. Toutefois, ils précisent que des études sur des poissons ont démontré qu’une exposition à des nanoplastiques réduisaient leurs activités et leurs performances de chasse. D’autres réalisées sur des souris exposées durant deux mois aux microplastiques conduisaient à des animaux ayant des problèmes cognitifs et d’apprentissage.
Etant donné l’omniprésence de ces polluants invisibles dans notre environnement, les chercheurs sont conscients qu’il est totalement irréaliste de songer à les éliminer totalement. Ils donnent plutôt plusieurs petits conseils pour réduire leur impact. Comme de privilégier l’eau au robinet plutôt qu’en bouteille plastique. D’éviter de faire chauffer au micro-ondes des plats en plastique ou d’utiliser des sachets de thé. Bref, de réduire autant que possible les contenants plastiques de notre alimentation ainsi que les aliments ultra-transformés qui sont élaborés industriellement au moyen d’outils plastiques.
Des recommandations dont le gouvernement français serait bien avisé de s’inspirer au moment où le ministère de la Transition écologique, sous pression des lobbys, s’apprête à réintroduire dans les cantines scolaires, assiettes et couverts en plastique…
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