Entre le Volant et le Verre, il Faut Choisir

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Entre le Volant et le Verre, il Faut Choisir
Entre le Volant et le Verre, il Faut Choisir

Thibault Nyamwana

Africa-Press – Burundi. Chaque soir, dans le tumulte des rues de Bujumbura, des centaines de mini-bus sillonnent la ville, transportant des passagers épuisés par la journée de travail. Mais derrière le volant de certains de ces véhicules, un danger silencieux rôde: le chauffeur ayant pris un verre de trop. Témoignage

Il est 18 h 30 à Bujumbura. Le soleil descend lentement, peignant le ciel de teintes orangées. La ville s’agite dans un ballet incessant de minibus. Le chaos semble réglé comme une horloge. Chacun essaie d’arriver à destination avant la tombée de la nuit. Mais ce soir-là, j’ai reçu une leçon de prudence que je ne suis pas près d’oublier.

Une course banale

Je sors du travail, épuisé après une journée de consultations. En remontant l’avenue Mwezi Gisabo (ancien 28 novembre), j’ai hélé un bus sans vraiment y prêter attention. Un mini-bus brinquebalant, au pare-brise fissuré et aux sièges usés par les années de service. Rien d’inhabituel ici.

Le chauffeur, un homme d’une cinquantaine d’années au visage affable, me salue d’un signe de tête. Je remarque vaguement ses yeux rouges et le léger sourire flottant sur ses lèvres, mais la fatigue m’empêche d’y accorder trop d’importance.

Les passagers montent les uns après les autres. À chaque arrêt, le mini-bus tangue dangereusement, mais cela fait partie de l’expérience quotidienne des transports à Bujumbura. Pourtant, au bout de quelques minutes, une étrange odeur s’insinue dans mes narines.

Un verre de trop

Je tourne la tête vers le chauffeur. Sa main droite agrippe fermement le volant, tandis que sa main gauche, tremblante, glisse par moments vers une petite bouteille cachée sous le tableau de bord. De l’alcool !

Mon cœur se met à battre plus vite. Ést-il vraiment en train de boire en conduisant ? Nous approchons d’une intersection particulièrement dangereuse. Je sens le véhicule accélérer brusquement, frôlant une moto qui klaxonne avec insistance. Des murmures d’inquiétude se font entendre parmi les passagers. Une dame à l’arrière se lamente.

Je dévisage le chauffeur avec une inquiétude croissante. Son regard perdu dans les vagues trahit un esprit embrouillé. Chaque virage devient un pari risqué. La conduite est de moins en moins précise, les freinages brusques, et je sens le danger se rapprocher comme une ombre menaçante.

Réagir pour survivre

À un moment, le chauffeur a failli rater un virage. Le mini-bus a penché dangereusement sur le côté, déclenchant des cris de panique. J’ai compris qu’il était temps d’agir. J’ai saisi le bras du chauffeur, forçant sa concentration. D’autres passagers se sont joints à moi. Après un moment de confusion, le chauffeur céde et freine brutalement en bordure de route. Nous sommes descendus précipitamment, certains trébuchant presque en s’éloignant du véhicule. Le mini-bus est reparti, tanguant dans la nuit.

Cette expérience m’a ouvert les yeux sur une réalité alarmante de Bujumbura: la conduite en état d’ivresse parmi les chauffeurs de transports en commun est malheureusement fréquente. Beaucoup de ces hommes, épuisés par des journées de travail interminables et des revenus précaires, cherchent du réconfort dans l’alcool. Malheureusement, cette habitude met en danger des vies innocentes chaque jour.

Les signes qui ne trompent pas

Chaque trajet en mini-bus à Bujumbura peut cacher des risques inattendus. Pour votre sécurité, il est essentiel de prêter attention aux signes avant même de monter: des yeux rouges, une conduite hésitante, une odeur d’alcool ou des freinages brusques. Si quelque chose vous semble anormal, écoutez votre instinct. N’hésitez pas à descendre ou à demander un arrêt si vous sentez le danger. La vigilance et une simple décision peuvent parfois éviter un accident. Dans ces moments-là, il vaut mieux être prudent que de le regretter plus tard.

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