Environnement : le recyclage peut sauver le lac Tanganyika

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Environnement : le recyclage peut sauver le lac Tanganyika
Environnement : le recyclage peut sauver le lac Tanganyika

Africa-Press – Burundi. Le 5 juin de chaque annéé est célébrée la journée mondiale de l’environnement. Au Burundi, le lac Tanganyika est un patrimoine riche tant pour sa faune que pour sa flore. Néanmoins, il est menacé par des déchets qui, en principe, devraient être traités avant d’y arriver. Des environnementalistes proposent des voies de sortie.

Le lac Tanganyika souffre à cause des déchets rejetés par les usines qui sont installées sur ses rives. Une situation qui inquiète Innocent Banirwaninzigo, président de l’association Ensembles pour la protection de l’environnement. Il parle des déchets biodégradables et ceux non biodégradables tels des emballages ou des bouteilles plastiques, des sachets, des produits chimiques contenus dans les lubrifiants provenant des stations-services, des garages… « Tous ces éléments menacent notre lac et sa biodiversité », déplore-t-il.

Le recyclage est la solutionPour lui, pour sauver le lac, il faut un respect des lois environnementales. Il rappelle que chaque usine ou entreprise devrait traiter ses eaux usées avant de les laisser se déverser dans le lac. « Ce qui n’est pas toujours le cas », regrette-t-il.

Il souligne que certains éléments, comme les bouteilles, devraient retourner dans leurs usines d’origines pour le recyclage. « On peut fabriquer des pavés en recyclant les emballages plastiques, les sachets, etc. », suggère-t-il, notant que les déchets biodégradables peuvent aussi être utilisés pour la production de l’énergie comme le biogaz ou servir à la fabrication du fumier.

Des usines polluantes, mais pas que…Le lac Tanganyika devrait être protégé, plaide Tharcisse Ndayizeye, environnementaliste. D’après lui, plusieurs déchets se déversent dans le lac Tanganyika, sans être traités. Aussi, des rivières traversant la ville de Bujumbura charrient d’importants déchets, sédiments alluvionnaires vers le lac. Il s’agit là, d’après cet environnementaliste, de la pollution physique. Et ces déchets se retrouvent entassés sur les bordures du lac, affectant ainsi la production du poisson. Car, explique-t-il, c’est là que se trouve la zone de frayeur servant de lieu de reproduction des poissons.

M. Ndayizeye parle aussi de la pollution chimique. Le cas de l’endroit dit Kumase dans la zone Ngagara est révélateur. Un caniveau conduit des liquides noirâtres et nauséabonds vers le lac. « Il y a des entreprises, des usines qui ne sont pas raccordées sur le seul réseau d’évacuation des eaux usées vers la station d’épuration de Buterere. Et là, elles renvoient directement leurs déchets liquides dans le lac ». Or, rappelle-t-il, il y a une exigence de prétraitement de ces déchets qui n’est malheureusement respectée que par quelques usines notamment la Brarudi et Afritextile.

Quelques bons élèvesAujourd’hui, la Brarudi peut servir de modèle. A Bujumbura et Gitega, elle vient de se doter de deux stations de traitement des eaux usées pour recycler elle-même à 100% les eaux issues de sa production. Elle est la première à réaliser de tels ouvrages d’assainissement dans le pays, à côté de la seule station d’épuration des eaux usées de Buterere, installée en 1990.

L’environnementaliste pointe également du doigt les ménages : « Beaucoup de ménages des quartiers de Bujumbura ne sont pas connectés à cet unique réseau. Ils ne sont même pas capables de se connecter. Malheureusement, même ceux qui sont capables ne le font pas.»

Pour lui, ceux qui en ont les moyens devraient le faire. « Pour les autres, il faut voir comment prétraiter leurs eaux usées avant de les laisser partir dans le lac », propose-t-il.

Raccorder plus de ménages au réseau d’évacuationD’après lui, ce qui est évident c’est que la pression démographique est forte dans la ville de Bujumbura. Selon les projections démographiques de l’Institut National des Statistiques (INSBU), la ville de Bujumbura sera peuplée d’entre 2,5 et 4,2 millions d’habitants en 2050, soit 3 et 5 fois plus que sa population en 2015 : « Beaucoup de nouveaux quartiers, que ce soit au nord ou au sud de Bujumbura sont en dehors de ce seul réseau. Ce qui sous-entend que beaucoup de déchets vont directement dans le lac ».

Il signale d’ailleurs que même pour ceux qui sont raccordés, il s’observe beaucoup de pannes. « Et la réparation n’est pas rapide. Pour des raisons de durabilité, je propose que les ménages puissent faire une petite contribution régulière pour l’entretien de telles infrastructures. »

M. Ndayizeye trouve qu’il est difficile d’exiger une rapide réparation alors que le service est gratuit. « Mais quand on sait qu’on a contribué, on peut demander des comptes aux gestionnaires de ce service », indique-t-il, tout en notant que le réseau reste sous-exploité.

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