Est-Ce Qu’Il y a des Terres Rares en France ? Peut-On les Extraire ?

3
Est-Ce Qu’Il y a des Terres Rares en France ? Peut-On les Extraire ?
Est-Ce Qu’Il y a des Terres Rares en France ? Peut-On les Extraire ?

Africa-Press – Burundi. Ces fameuses terres rares que Donald Trump convoitent en Ukraine sont théoriquement réparties également sur la planète. Est-ce qu’il y en a aussi en France et aux Etats-Unis ? Et si oui, pourquoi on ne les extrait pas ? », nous demande Gerard Content, fidèle lecteur de Sciences et Avenir.

Les terres rares sont en effet au cœur de tensions internationales. Formant un groupe de 17 éléments chimiques du tableau périodique (lire l’encadré ci-dessous), elles sont essentielles actuellement aux technologies modernes: on en trouve dans les écrans plats, pots d’échappement catalytiques, thermomètres électroniques, fibres optiques, lasers, aimants permanents ou encore batteries des voitures électriques, etc.

Des terres rares… pas si rares !

Mais contrairement à ce que leur nom suggère, les terres rares ne sont pas si rares. On les trouve partout sur Terre, souvent en concentrations diffuses. La Chine, qui domine le marché avec environ 60 % de la production mondiale (selon les données de l’U.S. Geological Survey), n’a pas le monopole des réserves. Les Etats-Unis, l’Australie, la Russie et même certains pays européens, dont la France, en possèdent dans leur sous-sol.

En France, des gisements ont été identifiés, notamment en Bretagne et dans le Massif Central, avec des indices de monazite et de bastnäsite, deux minerais riches en terres rares. Aux États-Unis, le principal gisement exploité est celui de Mountain Pass, en Californie. Pourtant, malgré ces ressources, ni la France ni les États-Unis ne sont des acteurs majeurs de la production.

Les terres rares, formant un groupe de 17 éléments chimiques du tableau périodique, sont classées en deux catégories: les terres rares légères (plus abondantes et utilisées dans les aimants permanents, les alliages métalliques et les catalyseurs) et les terres rares lourdes (plus rares et plus chères, essentielles dans les lasers, les écrans LED, les équipements médicaux et les batteries avancées). Dans le premier groupe, l’on retrouve le lanthane, le cérium, le praséodyme, le néodyme, le prométhium (très rare dans la nature) et le samarium. Dans le groupe des terres rares lourdes, sont inclus l’europium, le gadolinium, le terbium, le dysprosium, l’holmium, l’erbium, le thulium, l’ytterbium et le lutécium. Le scandium et l’yttrium sont considérés comme des éléments apparentés aux terres rares en raison de leurs propriétés chimiques et de leur rareté dans la croûte terrestre.

Pourquoi la France et les Etats-Unis n’exploitent-ils pas leurs gisements ?

Tout d’abord, l’extraction des terres rares est une industrie extrêmement polluante. Les minerais qui les contiennent sont souvent associés à des éléments radioactifs comme le thorium et l’uranium. Leur extraction implique l’utilisation de produits chimiques puissants (comme l’acide sulfurique), générant des boues toxiques difficiles à traiter. En Chine, les zones minières comme Baotou sont devenues des désastres écologiques, avec des lacs de déchets acides et des terres stérilisées.

En France et aux États-Unis, où les normes environnementales sont strictes, l’exploitation de ces minerais se heurte à des contraintes réglementaires et à une opposition locale. Dans un contexte où la transition énergétique vise à réduire l’impact écologique des industries, développer des mines de terres rares apparaît comme un contresens pour beaucoup d’opposants.

Outre l’aspect environnemental, la Chine a su imposer une domination sur le marché des terres rares en pratiquant des prix imbattables pendant des décennies. Dans les années 1980 et 1990, elle a inondé le marché avec des terres rares à bas coût, forçant la fermeture de nombreuses mines ailleurs dans le monde, dont celle de Mountain Pass aux États-Unis en 2002. Ce n’est qu’en 2017, avec la guerre commerciale entre Washington et Pékin, que les Américains ont relancé timidement leur production.

Actuellement, la France n’extrait pas de terres rares sur son territoire. La rentabilité d’une telle industrie est encore moins évidente qu’aux Etats-Unis. Extraire et raffiner les terres rares nécessiterait des investissements lourds, sans garantie de compétitivité face à la Chine, selon le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM). Résultat: les projets sont rares, et les besoins français sont couverts par les importations.

Quelles pistes pour se passer des terres rares chinoises ?

Face à ces enjeux, plusieurs pistes sont explorées pour réduire la dépendance aux terres rares chinoises. D’abord la possibilité de recycler les terres rares: plutôt que d’exploiter de nouveaux gisements, le recyclage des déchets électroniques est une alternative prometteuse. Par exemple, à Marcoule (Gard), les chercheurs du CEA effectuent le retraitement des terres rares des aimants. Mais les volumes récupérés restent faibles, et le coût du recyclage est encore élevé, souligne le BRGM.

Certaines entreprises s’intéressent aux nodules polymétalliques des fonds marins, qui contiennent des terres rares. Cependant, cette option soulève aussi de sérieuses questions environnementales, en prenant le risque de dévaster de vastes régions sous-marines méconnues, dont le rôle dans la machine climatique pourrait s’avérer critique.

Et pourquoi pas se passer des terres rares ? Des chercheurs travaillent en effet à la mise au point de matériaux substituant les terres rares, notamment pour les aimants et les batteries. Par exemple, en 2023, des chercheurs autrichiens ont développé une nouvelle technologie de batterie dite « oxygène-ion », qui se base sur des matériaux céramiques et exclut l’utilisation de terres rares.

Pour plus d’informations et d’analyses sur la Burundi, suivez Africa-Press

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here