H5N1 : la France Anticipe une Possible Pandémie de Grippe Aviaire

5
H5N1 : la France Anticipe une Possible Pandémie de Grippe Aviaire
H5N1 : la France Anticipe une Possible Pandémie de Grippe Aviaire

Africa-Press – Burundi. Avec cette fois, des craintes croissantes d’une transmission à l’humain, puis entre individus, amorce d’une possible nouvelle pandémie. Le 6 février 2025, la Direction générale de la santé a diffusé une note urgente en direction des médecins généralistes et spécialisés, des infirmiers, des sage-femmes et des pharmaciens. Celle-ci détaille les précautions à prendre dans la prise en charge de patients avec syndrome grippal. Les praticiens doivent désormais les interroger sur la fréquence de leurs relations avec des animaux. En premier lieu, ce sont les contacts avec des volailles et des porcs qui sont recherchés mais les animaux domestiques en général sont concernés, y compris les chats et les chiens.

Si les malades présentant des symptômes grippaux ont bien été en relation avec des animaux, les soignants devront procéder à un prélèvement naso-pharyngé mais aussi à des prélèvements oculaires en cas de conjonctivite pour une recherche de grippe par RT-PCR. Les laboratoires doivent cibler le type (A ou B) et le sous-type saisonnier (H1 et H3). Si les prélèvements sont positifs, un signalement doit immédiatement être fait auprès des agences régionales de santé (ARS). Au cours des quelques jours entre le prélèvement et les résultats, le patient doit limiter les contacts avec ses proches et adopter de nouveau tous les gestes barrières qui ont prévalu pendant la pandémie de Covid-19.

Un circuit plus efficace de signalement des cas est réclamé

Profitant du Salon de l’Agriculture, le Syndicat national des médecins biologistes (SNMB) a appelé le 25 février à améliorer le système de déclaration des cas. Les laboratoires de biologie médicale seront en effet en première ligne en cas de nouvelle épidémie grippale d’origine animale. Ces professionnels déplorent une procédure trop lourde selon eux. Actuellement, les laboratoires doivent envoyer les tests positifs à Lyon au Centre national de référence pour les virus des infections respiratoires.

« Ces échantillons sont cachetés et envoyés par porteurs spéciaux au centre lyonnais alors que nous avons les compétences et les capacités d’effectuer les séquençages au sein de nos officines », plaide Jean-Claude Azoulay, président du SNMB. Avec la DGS, un réseau « LABOé-SI » a été initié en 2023 pour connecter les laboratoires de biologie médicale à un serveur central afin d’avoir en temps réel l’augmentation des cas, leur localisation, les souches impliquées. « Mais il va falloir un peu d’argent pour finaliser ce système », reconnaît Jean-Claude Azoulay. Le système d’information de dépistage populationnel mis en place lors du Covid-19 pour centraliser les déclarations de cas n’est plus en activité depuis le 1er mars 2025. L’Assistance publique des hôpitaux de Paris (AP-HP) qui en avait la charge n’a pas les moyens de l’entretenir.

Ces mesures de précaution sont destinées à anticiper une situation de plus en plus inquiétante. Depuis 2021, l’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) frappe les élevages de volailles partout dans le monde. Elle a notamment créé une crise importante en France, amenant le gouvernement à décider d’une vaccination des poules et canards pour la première fois en 2023. La campagne a été reconduite le 1er octobre 2024. Dans la nature, des millions d’oiseaux ont vraisemblablement été victimes du virus, principalement des laridés (oiseaux marins) et des anatidés (canards, oies sauvages). L’ampleur du désastre est inconnue, d’autant que seuls les cadavres de gros oiseaux peuvent être analysés, les passereaux morts (plus de 50% des espèces d’oiseaux) étant très vite soit dévorés, soit décomposés.

La barrière d’espèces est franchie

Jusqu’en 2023, il n’y avait pas de cas signalé de franchissement de barrières d’espèces. « Or, le virus H5N1 a réussi à franchir cet obstacle, si bien qu’il est désormais détecté chez de nombreux mammifères », s’inquiète Barbara Dufour, professeur émérite en maladies infectieuses, zoonoses et épidémiologie. On a retrouvé le virus auprès de 40 espèces de mammifères. L’IAHP est responsable d’une mortalité massive d’otaries et de lions de mer en Amérique du Sud. Des phoques ont été testés positifs en France et dans les pays du nord de l’Europe. L’IAHP a affecté des renards et des visons élevés pour leur fourrure en Espagne et en Finlande.

Mais c’est surtout aux Etats-Unis que la situation semble déraper. De plus en plus de vaches laitières sont désormais infectées par l’influenza sans qu’aujourd’hui les épidémiologistes aient une vision claire de la diffusion du virus du fait de manque de déclarations des éleveurs. Le 1er avril 2024, les autorités sanitaires américaines ont rapporté le premier cas d’un homme infecté par des vaches laitières. Depuis, les victimes se multiplient. « En juin 2024, on comptait 89 foyers de contamination dans des fermes de 12 Etats américains, puis 232 foyers dans 14 Etats en novembre et en décembre 853 contaminations dans 16 Etats », énumère Barbara Dufour. Les transmissions entre animaux se font vraisemblablement par l’air ambiant mais aussi par les litières. Le commerce de bovins favorise lui la dispersion à grande échelle.

Les cas humains ont suivi la même courbe ascendante. Entre le premier signalement d’avril et décembre 2024, les Etats-Unis sont passés à 60 cas humains confirmés, 37 par contact avec des vaches laitières, 21 par des volailles infectées sauvages ou domestiques, et 2 où la cause n’a pu être identifiée. Les personnes infectées travaillent pour la plupart dans des élevages. « Pour les bovins, il semble qu’ils aient été infectés dans les salles de traite où l’air est confiné », estime Barbara Dufour. Les malades ont surtout développé des conjonctivites et dans une moindre mesure des affections pulmonaires. En décembre 2024, un premier patient est mort en Louisiane mais l’influenza s’est ajoutée à d’autres pathologies chez cet homme déjà très malade.

Les chats contaminés par du lait cru

Les autorités américaines se veulent rassurantes. Les risques d’une pandémie de grande ampleur seraient limités. Mais le fait que la Californie soit désormais touchée ne rassure personne. Cet Etat est le premier producteur de lait des Etats-Unis avec 1,7 million de vaches. C’est en Californie qu’on a constaté en décembre 2024 la mort de chats domestiques du fait de l’influenza. Ils ont contracté le virus vraisemblablement en lapant du lait cru. C’est ce qui expliquerait aussi que 75 chats et un chien soient morts en Pologne. Le lait pourrait donc être un vecteur de contamination. Cependant, celui consommé par les humains étant majoritairement pasteurisé, le risque est limité. « Quoique 5% des Américains déclarent boire du lait cru de temps en temps et 2% régulièrement selon la Food and Drug Administration », ajoute Barbara Dufour.

A ce jour, aucune transmission interhumaine n’a été rapportée. Le niveau de risque est considéré comme « faible » pour les individus en général, et « faible à modéré » pour les personnes en contact rapproché avec les animaux selon les critères de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies. De plus, le génotype du virus qui se diffuse aux Etats-Unis est différent de celui qui est présent en Europe. Mais le précédent du Covid incite à la plus grande prudence. Et à se préparer dès maintenant à ce qui pourrait arriver.

Sur ce point, les dernières décisions de l’administration Trump inquiètent beaucoup d’épidémiologistes des deux côtés de l’Atlantique. Les coupes claires décidées par le département de l’efficacité gouvernementale (DOGE) dirigée par Elon Musk n’épargnent pas en effet les effectifs du Centre pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) d’Atlanta. La revue Science rapporte que les experts du Epidemic intelligence services au CDC, en première ligne pour le suivi d’une éventuelle épidémie, ont ainsi appris mi-février que le DOGE supprimait leur département avant que la décision ne soit annulée devant le concert de protestations des scientifiques.

Pour plus d’informations et d’analyses sur la Burundi, suivez Africa-Press

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here