Jérémie Misago, entre colère et compassion

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Jérémie Misago, entre colère et compassion
Jérémie Misago, entre colère et compassion

Africa-Press – Burundi. Un lecteur d’Iwacu m’a dit comprendre la « retraite » du journaliste accablé de problèmes personnels .« N’en faites pas une grande histoire, même le Christ s’est retiré 40 jours dans le désert », a insisté notre lecteur. C’est vrai. Sauf que le Christ n’a pas planté sa fiancée le jour où il devait la présenter à sa famille. Le Christ n’a pas laissé parents, amis et collègues dans l’angoisse et le silence. Le journaliste Jérémie Misago, pour autant qu’il ait dit la vérité à la police (qui a fait un bon travail) a expliqué qu’il s’est retiré sans aviser personne pour aller prier au sein d’une communauté de « chrétiens sauvés » dans la province de Rumonge.

Dans la vie, chacun traverse des moments difficiles. Notre confrère serait donc ( j’emploie le conditionnel exprès) allé se confier à Dieu. C’est tout à fait son droit.

Mais a-t-il pensé à l’angoisse de sa famille qu’il attendait, lui et sa fiancée pour ce grand jour ? A la peur de ses collègues ? Est-ce que cette attitude est vraiment chrétienne ? Est-ce que dans cette communauté de « sauvés » personne ne l’a prévenu de l’inquiétude suscitée par sa « disparition » ? Seul Jérémie Misago sait la vérité, car des questions restent sans réponse, comme le fait de dire « qu’il ne sait pas comment il s’est retrouvé là-bas ». Un peu gros tout de même. Espérons qu’un jour il dira la vérité. C’est écrit dans la Bible qu’il chérit : « la vérité libère »

La « disparition » des personnes reste un vrai traumatisme au Burundi. C’est une peur inscrite dans notre mémoire collective. Le grand portrait de son confrère Jean Bigirimana dans la cour du journal Iwacu devait rappeler à Jérémie Misago qu’il ne pouvait pas « disparaître » ainsi pendant quelques jours.

Beaucoup de gens me demandent ce qu’il faut faire du journaliste après ce qui s’est passé. A vrai dire, je n’en sais rien. C’est à la direction d’apprécier. Comme beaucoup de journalistes d’ Iwacu, après la sidération, je suis entre colère et compassion. La colère pour toute l’angoisse suscitée, mais la compassion aussi. Journaliste jusque-là correct, travailleur, je me dis que Jérémie Misago est un garçon qui souffre. Je suis humain et comme disait quelqu’un « rien de ce qui est humain ne m’est étranger.»

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