Africa-Press – Burundi. L’année 2024 achevée, les chercheurs peuvent maintenant se permettre de tirer quelques enseignements. C’est ce qu’a fait une équipe de recherche dirigée par la professeure Maria Byrne de l’Université de Sydney, en Australie. L’objet d’étude: le sud de la Grande barrière de corail. Le célèbre écosystème marin a subi de plein fouet la chaleur de l’année écoulée.
Dès mars 2024, les autorités annonçaient la survenue d’un « blanchissement massif », un processus durant lequel la hausse de la température de l’eau entraîne l’expulsion des algues symbiotiques donnant au corail sa couleur et lui permettant un apport de nutriments. Il dépérit alors lentement, pendant plusieurs semaines ou mois. Par ailleurs, si le stress thermique est très élevé, alors l’organisme meurt bien plus rapidement. Les autorités ont annoncé en avril qu’il s’agissait du pire épisode de blanchissement jamais observé. Le sud de l’écosystème a été particulièrement touché.
Blanchissement et maladie
L’équipe de Maria Byrne a publié, le 16 janvier, dans la revue Limnology and Oceanography Letters, la première évaluation, relue par les pairs, de cet événement. Ils ont évalué la santé de 462 colonies de coraux durant 161 jours. Selon les résultats publiés, 66% des colonies étudiées étaient touchées par le blanchissement au mois de février 2024, et 80% au mois d’avril. Le cauchemar ne s’arrêtait pas là: « Pour les coraux blanchis en février, 47 % étaient morts en mai » et « pour tous les coraux blanchis en avril, 44 % et 52 % étaient morts respectivement en mai et juillet », souligne l’étude. Le genre Acropora a subi un effondrement de sa colonie avec une mortalité de 95%. En juillet, seulement 16% de toutes les colonies touchées s’étaient rétablies.
Le blanchissement n’est pas l’unique problème des coraux. Ainsi, ceux du genre Goniopora qui ont subi le blanchissement ont en plus été touchés par la maladie de la bande noire. Elle cause une nécrose des polypes puis la mort alors que la « bande » progresse et réduit la couverture de tissus vivants. En mai, 63 % des colonies de Goniopora était infectées.
Globalement, « ce que nous avons observé (…) était catastrophique, s’inquiètent les chercheurs qui assurent que leurs résultats reflètent les tendances à l’échelle de la Grande barrière de corail tout entière. Une mortalité rapide et élevée a été observée, ne laissant aucune chance à ces coraux de se rétablir ».
« La résilience des récifs coralliens est mise à l’épreuve comme jamais auparavant »
Les chercheurs pensent que des changements dans la composition des récifs vont devenir visibles dans les mois à venir. « Cette recherche est un signal d’alarme pour les décideurs politiques et les défenseurs de l’environnement, alerte dans un communiqué la professeure Ana Vila Concejo, co-auteure de l’étude. La résilience des récifs coralliens est mise à l’épreuve comme jamais auparavant, et nous devons donner la priorité aux stratégies qui renforcent leur capacité à résister au changement climatique. Nos conclusions soulignent la nécessité d’interventions de gestion immédiates et efficaces pour préserver ces écosystèmes ».
Les récifs ne servent pas seulement à émerveiller les touristes. Ils offrent un habitat à une riche biodiversité, de la nourriture, des revenus mais aussi, ils protègent le littoral. Autant de raisons de s’inquiéter de leur disparition.
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