Le changement d’heure, un point positif pour le climat

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Le changement d'heure, un point positif pour le climat
Le changement d'heure, un point positif pour le climat

Africa-Press – Burundi. Au début du 20e siècle, de nombreux pays d’Europe, ainsi que les Etats-Unis, instaurent le changement d’heure dans le but de lutter contre le gaspillage d’électricité. Cette solution, évoquée pour la première fois par Benjamin Franklin en 1784, sera adoptée définitivement en France en 1976, suite au choc pétrolier de 1973 rappelant le besoin pressant d’effectuer des économies d’énergie. Cette mesure, qui devait être provisoire, s’est finalement généralisée dans l’ensemble des pays européens au début des années 1980, mais son abolition est en discussion au sein du Parlement Européen depuis 2021. Alors que ce sujet est souvent remis en cause ces dernières années, des chercheurs de l’Université de Dübendorf (Suisse) et d’Aarhus (Danemark) ont montré comment le changement d’heure permettait de réaliser des économies d’énergie dans les bâtiments de travail.

Des années globalement plus chaudes

Alors qu’on connait les effets du changement d’heure sur la consommation d’électricité pour l’éclairage, ceux sur la demande de chauffage et de refroidissement le sont moins, bien qu’ils représentent des dépenses énergétiques bien plus importantes. En 2009, l’Agence De l’Environnement et de la Maitrise de l’Energie (ADEME) avait estimé que les changements de consommation thermiques induits par le changement d’heure n’étaient pas significatifs, mais prévoyaient déjà de potentiels gains “à l’horizon 2030”, avec une réduction des émissions de CO2 de l’ordre de 70 000 à 100 000 tonnes par an.

Dans les années à venir, le changement climatique provoquera l’augmentation des températures moyennes et de la fréquence et l’intensité des vagues de chaleur. Ces changements devraient induire un plus gros besoin de climatisation des bâtiments, et même si la demande d’énergie de chauffage devrait quant à elle diminuer, la consommation d’énergie globale devrait continuer à croître dans le monde entier ces prochaines années. C’est pourquoi prendre en compte ces changements pour les adapter à ce que sera notre quotidien représente un enjeu de taille.

Alors que la plupart d’entre nous passons notre journée au bureau, ces endroits devraient être particulièrement impactés par les demandes de refroidissement, puisqu’ils sont en général construits avec de grandes surfaces vitrées. Pour cette raison, le groupe de chercheurs part de l’hypothèse que décaler d’une heure les horaires de travail pourrait permettre de profiter du soleil du matin et de réduire la consommation d’énergie le soir. De la même manière, commencer sa journée plus tôt permet de profiter de températures plus fraiches et de décaler la demande de refroidissement des bâtiments à plus tard dans la journée.

Des simulations alignées sur les scénarios du rapport du GIEC

Afin de vérifier cette hypothèse et d’en estimer les potentiels gains, les chercheurs ont étudié l’influence de l’introduction du changement d’heure sur la consommation d’énergie de petits et grands bureaux. Les simulations ont été faites pour 15 villes des Etats-Unis, chacune étant soumise à des conditions climatiques différentes. Ces simulations visent à anticiper le comportement à adopter ces prochaines années en fonction des conditions climatiques actuelles et en prenant en compte les 4 scénarios RCP (les “trajectoires représentatives de concentration”, qui sont les 4 scénarios climatiques établis dans le 5e rapport du GIEC). Ils sont partis du principe les que les horaires de travail étaient 8h-18h en temps normal, et 7h-17h, en horaire d’été.

Sur la période de l’horaire d’été (s’étendant de fin mars à fin octobre), les chercheurs ont constaté qu’en 2020, on retrouvait dans la plupart des cas une forte demande de refroidissement dans les bâtiments pendant l’après-midi, et une plus forte de demande de chauffage le matin. Une tendance qui s’est retrouvée dans les simulations, même si les villes au climat plus froid climatisent moins et les villes au climat plus chaud chauffent moins.

En simulation, avec le décalage d’une heure, les chercheurs ont observé dans la plupart des cas une réduction de la demande de refroidissement dans les grands comme les petits bureaux. Cela est particulièrement marqué dans la ville de Port Angeles, avec une réduction de la demande de 5,9%. Ils ont noté une augmentation de la demande de chauffage de l’ordre de 1% dans la plupart des villes (et une augmentation de 4,4% pour un petit bureau dans la ville de San Diego).

De manière générale, les chercheurs ont observé que le passage à l’heure d’été permet de réduire la demande de climatisation des bureaux. Même si la demande en chauffage peut aussi augmenter dans ce cas, les consommations d’énergies liées au chauffage du bâtiment ne compensent pas les économies liées à la climatisation faites dans la journée. Ce scénario a été constaté dans le contexte climatique actuel, mais aussi dans les différents scenarii présentés par le Giec (même si les économies sont plus faibles au fur et à mesure que le climat envisagé est plus chaud).

Un besoin d’adaptation global

Passer à l’heure d’été pourrait bien avoir des avantages et pourrait permettre de réaliser des économies d’énergie globalement conséquentes. Mais les moyens que nous utilisons pour produire notre énergie doivent aussi être pris en compte dans l’équation. “On s’attend à ce que le refroidissement soit plus facilement assurée par la production d’énergie solaire renouvelable que par le chauffage, qui pourrait être plus difficile à réaliser, par exemple avec l’énergie photovoltaïque dans les mois les plus froids”, expliquent les chercheurs. Faire en sorte que les bâtiments aient une meilleure efficacité énergétique doit être une priorité, et la question du changement d’heure doit être prise en compte dans une politique d’action climatique globale.

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