Le milieu carcéral : un espace de non-droit pour les détenus ?

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Le milieu carcéral : un espace de non-droit pour les détenus ?
Le milieu carcéral : un espace de non-droit pour les détenus ?

Africa-Press – Burundi. Au Burundi, les droits des prisonniers ont souvent fait l’objet de polémique. Depuis l’arrestation jusqu’à la libération, les détenus doivent être traités avec dignité. Or, certaines pratiques sont toujours décriées au niveau du milieu carcéral, comme nous l’affirment les anciens détenus. Les responsables du système pénitentiaire burundais, de leurs côtés, estiment que les détenus sont plutôt traités avec dignité.

L’accès difficile aux soins de santé, la lenteur dans le traitement de dossier, la faim, … mettent à mal les droits des détenus. Le prisonnier burundais ne jouit pas encore de tous ses droits. Certaines pratiques et manquements sont toujours dénoncés.

Selon Fabien Banciryanino, ancien député et ex-locataire de Mpimba, il y a encore à faire pour faire respecter les droits des prisonniers. Il cible certains points qu’il considère comme constituant une violation des droits des prisonniers. Il pointe du doigt notamment le non-accès à la justice. « Un prisonnier peut être gardé en prison sans être écouté, alors qu’il est plus proche de la justice. Il peut rester en prison même après la clôture de son procès », explique l’ancien député.

Pour lui, le non-accès à la justice pour les détenus est une violation de leurs droits. Il indique également que les prisonniers se voient obligés de verser un loyer pour les cellules où ils dorment. Les prisonniers sont obligés de payer des sommes faramineuses, alors que c’est l’Etat qui est en charge de tous les besoins des personnes incarcérées. « Dans des quartiers plus chers, le loyer va jusqu’à 600 000Fbu tandis que les plus modestes sont payés 30 000Fbu ».

Banciryanino évoque également le défi lié à l’accès aux soins de santé. Le récit de la mort du jeune Maivin Shurweryimana récemment survenue à la prison centrale de Gitega, après lui avoir refusé les soins médicaux pendant plusieurs jours, constitue un exemple parfait.

Il affirme cependant que le DG des affaires pénitentiaires a pu opérer certains changements en faveur des prisonniers. « Le DG des affaires pénitentiaires a notamment lutté contre le détournement des aliments. Il a aussi interdit la torture physique contre les prisonniers », explique-t-il, avant d’ajouter que la pratique de faire payer le loyer aux détenus n’a cependant pas cessé et l’accès aux soins reste problématique.

Les femmes incarcérées sont les plus touchéesPour Evelyne Izobiriza, également ex-locatrice de Mpimba et dont l’interview est parue dans un article d’Iwacu d’avril 2023, les femmes allaitantes ou enceintes qui sont incarcérées ne mangent pas à leur faim. « La ration alimentaire allouée chaque jour aux détenues est insuffisante et déséquilibrée. Elles ont besoin d’un régime spécial », explique-t-elle.

Izobiriza est également revenue sur le problème lié aux soins de santé, soulignant un manque du personnel dans les milieux carcéraux. Ce qui est en désaccord avec les Règles Nelson Mandela. Selon la 24e règle de cette résolution des Nations Unies adoptée en 2015, « L’état a la responsabilité d’assurer des soins de santé aux détenus, ceux-ci devant recevoir des soins de même qualité que ceux disponibles dans la société et avoir accès aux services nécessaires sans frais et sans discrimination fondée sur leur statut juridique ».

« Tout va bien… » Selon Pierre Claver Miburo, Directeur général des affaires pénitentiaires, « les choses vont très bien ». Pour lui, le Burundi est en avance en ce qui concerne les droits des prisonniers : « Nous respectons les principes internationaux en rapport avec le respect des droits des détenus ». Miburo évoque plusieurs raisons expliquant que les détenus burundais jouissent de leurs droits, entre autres, le droit aux visites et aux sorties ou l’accès aux soins de santé.

A propos de la ration alimentaire insuffisante, Miburo ne donne pas d’explications. Il préfère plutôt dire que désormais le problème de rupture de stock va être résolu. S’exprimant sur la torture physique à l’intérieur des prisons, le DG a rappelé que la loi interdit toute violence physique ou punition infligée aux prisonniers par d’autres prisonniers. « Tout prisonnier accusé de maltraiter ses codétenus doit être sanctionné », assure le DG.

Quant aux retards observés dans le traitement des dossiers des prisonniers, Miburo explique : « Notre travail est de suivre chaque dossier et de tenir informés les concernés ». Il indique par ailleurs que la chaîne pénale est complexe, qu’il y a plusieurs intervenants et que des erreurs peuvent se glisser dans certains dossiers. Il ajoute que la lenteur des dossiers des candidats à la libération dépend aussi du nombre élevé des personnes concernées notamment par la grâce présidentielle.

Le Directeur général des affaires pénitentiaires assure pour finir que les institutions sont en train de tout mettre en œuvre pour améliorer davantage les conditions de vie dans les milieux carcéraux. Pour lui, diminuer le nombre des détenus permettra d’améliorer les conditions de vie dans les prisons.

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