Les emballages en plastiques : interdits mais toujours utilisés

13
Les emballages en plastiques : interdits mais toujours utilisés
Les emballages en plastiques : interdits mais toujours utilisés

Africa-Press – Burundi. En aout 2018, un décret interdisant les sacs et sachets jetables en plastiques a été signé. Et c’est en 2020, qu’une loi en rapport est entrée en vigueur. Malheureusement, ces produits sont toujours là, malgré tous ces textes réglementaires. Qu’est-ce qui cloche ?

Ce décret signé par feu président Pierre Nkurunziza interdit la fabrication, l’importation, le stockage, la vente et l’utilisation de tous sachets et autres emballages en plastique.

Dans son article 1, ce décret précise son triple objectif. D’abord, il est question d’établir un cadre de contrôle de l’utilisation des sachets et autres emballages en plastiques. Ensuite, promouvoir l’utilisation des matériaux qui ne dégradent pas l’environnement. Et enfin, prévenir toute sorte de pollution causée par les sachets et les autres produits plastiques.

Le même décret dévoile dans son article 4, une liste de matériels en plastique pouvant bénéficier d’une dérogation spéciale. Citons les sacs et les sachets en plastiques biodégradables, les matériaux en plastiques utilisés dans les services médicaux, les matériaux en plastiques utilisés dans l’emballage industriel, pharmaceutique, dans la construction industrielle, dans la fabrication des tentes, dans les laboratoires de recherche ainsi que les matériels en plastiques utilisés dans l’enseignement comme matériels didactiques.

Et dans ce cas, mentionne le même décret, une demande écrite doit être adressée au ministre ayant l’environnement dans ses attributions. Elle doit préciser le motif de la demande, les quantités demandées et la période estimée d’utilisation, les modalités de gestion et d’élimination des déchets en plastiques après leur utilisation.

Ce décret est sorti dans un contexte où l’importance de ce genre de produits était à un rythme inquiétant selon les données officielles. Le ministre en charge de l’environnement d’alors Déo Guide Rurema avait signalé que sur les onze mois qui précédaient le décret, l’importation des sachets et sacs en plastique était de 1.356.028 colis contre 179.967.500 colis 11 mois après le décret. Et pour les matières premières, c’était 994.213 colis avant le décret et 2.443.891 après. Pour les bouteilles en plastiques, le même ministre avait fait état de 1.328.497 colis avant et 1.644.057 colis après. Une preuve que ces produits sont très abondants sur le marché.

Et pour permettre aux entreprises, aux commerçants d’écouler leurs stocks, une période de 18 mois a été accordée. Une période qui s’est écoulée en 2020.

Sur terrain, la réalité est troublante Il suffit de faire un petit tour dans certains petits commerces pour se rendre compte que ces emballages en plastiques sont encore là deux ans après l’écoulement de la période de grâce. Sur les marchés, dans les boutiques, dans les cafétérias, les boulangeries, etc. les sachets en plastiques devraient être introuvables. Cependant, la réalité est toute autre. Certaines personnes ignorent que ces produits sont interdits : « Oui, il y a beaucoup de stocks. Si tu en veux, je peux t’apporter même 50 kg de sachets. Cela dépend de toi », me répond un vendeur de pains, rencontrés au parking de Musaga, sud-est de Bujumbura, la capitale économique. Dans ses mains, il a une vingtaine de morceaux de pains, chacun dans son sachet de couleur blanche.

Pour lui, il s’agit d’un matériel qu’il utilise tous les jours. « Savez-vous que ces sachets sont interdits ? », lui demande-je. « Par qui ? Depuis quand ? », me répond-t-il, avant d’ajouter que c’est la première fois qu’il entend cela. Un autre vendeur des pains à ce même parking est au courant : « Oui, oui. Je l’ai entendu à la radio que ces sachets sont interdits. Et ça fait plus de deux ans », recadre-t-il, son ami, tout en signalant néanmoins que personne n’est venue leur interdire d’’utiliser ces sachets. « En fait, si c’est une faute, elle incombe à nos fournisseurs. Ils nous approvisionnent toujours du pain emballé dans ces sachets », souligne-t-il, notant que quand on cherche les sachets noirs, on peut les trouver.

Ce qui est vrai. Car, au centre-ville, Z.K, est une vendeuse de fruits. Dans son bassin, au-dessus des sachets biodégradables de couleurs vertes, rouges, on peut voir un paquet de sachets noirs. Au moindre passage des policiers, elle essaie de bien les cacher.

A côté de ces sachets, des bouteilles en plastiques grouillent. On les utilise pour la vente d’huile de palme, l’eau minérale, certaines boissons, etc. Et après usage, des tonnes et des tonnes sont jetés dans les caniveaux. Le cas du caniveau menant vers la Brarudi en passant à l’ouest du marché de Ruvumera à Buyenzi est révélateur.

La destination finale de tous ces polluants étant le lac Tanganyika, un patrimoine national et régional qui fournit plus de 90% de l’eau utilisée dans la ville de Bujumbura. Ces produits constituent donc une menace pour le lac, sa biodiversité, mais également pour l’homme.

Pour plus d’informations et d’analyses sur la Burundi, suivez Africa-Press

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here