Africa-Press – Burundi. Par Chris Harahagazwe
Kankindi Marie Goreth est morte le mercredi 11 octobre 2023. Presque 30 ans, jour pour jour, après le supplice par le feu qu’ont subi les élèves et les fonctionnaires tutsis de Kibimba le 21 octobre 1993 suite à l’assassinat du président démocratiquement élu Melchior Ndadaye. Miraculeusement échappée mais mutilée d’un bras et d’une jambe, elle vient de mourir après un calvaire qui aura duré trois décennies. Tombée dans l’indigence, elle survivait grâce à l’assistance de la paroisse catholique du Camp Socarti à Kamenge et l’aide solidaire des camarades rescapés de Kibimba. Que la paroisse du Camp Socarti soit remerciée. Elle l’a assistée dans son dénouement physique, sanitaire et matériel total. La paroisse lui a en plus offert des funérailles dignes, elle la plus misérable des misérables. Cette émouvante œuvre de charité est l’incarnation même des instructions du pape François : « Je veux une Eglise pauvre, pour les pauvres. » 0u encore « Adorez Dieu et servez les plus vulnérables.» Le Christ disait la même chose. La seule chose que le Christ demandera au jugement dernier, a-t-il précisé, est Mathieu 25 :35-40 « J’avais faim, et vous m’avez donné à manger… ».
Marie Goreth n’est qu’une parmi les millions de victimes innocentes du grand malheur des Grands Lacs à savoir : l’idéologie de génocide que l’historien français Jean-Pierre Chrétien appelle le nazisme tropical. Née au Rwanda en 1959, elle a déjà fait 2 millions de morts à ce jour. L’idéologie de génocide fut exportée au Burundi en 196. Elle enregistre jusqu’à présent l’assassinat de plus d’un million d’âmes burundaises massacrées à la machette, au gourdin, au feu ou par balles. Le nazisme tropical fut ensuite transposé en RDC en 1994 par les hordes génocidaires Interahamwe qui se mirent à massacrer les Tutsis congolais provoquant l’interminable guerre de l’Est du Congo depuis lors. Jusqu’au génocide contre les Tutsis congolais en cours. Le nazisme tropical vient ainsi de boucler la boucle grand-lacustre. Plus rien ne lui échappe. Il faut tuer, tuer, tuer, tuer, pas seulement tuer, tuer des innocents, femmes et enfants. En RDC, c’est même pire car les victimes subissent des actes de cannibalisme.
Alors que le nazisme allemand a été défait par les alliés américano-britanniques et surtout par la redoutable armée rouge soviétique qui ne faisait pas de quartier, le nazisme tropical prospère dans les Grands Lacs. L’idéologie se répand de génération en génération dans toute la région. Elle est soutenue par de puissants lobbys et la technologie moderne des réseaux sociaux qui diffusent, instantanément à des millions, le venin de la haine, tant dans l’espace grand-lacustre qu’au sein des diasporas éparpillées sur toute la planète. Le terrible mot du président français Mitterrand, en plein génocide contre les Tutsis rwandais en 1994, vient à l’esprit : « Le génocide en Afrique n’est pas une chose grave.» Si le nazisme allemand a été rigoureusement réprimé et déclaré hors la loi, le nazisme tropical est accepté, appuyé et considéré comme une expression démocratique.
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