Africa-Press – Burundi. Le dérèglement climatique s’impose de plus en plus comme un facteur majeur du déclin actuel de la biodiversité. Il en est actuellement la troisième cause, derrière la surexploitation des espèces et la destruction des habitats. Mais quelle est l’ampleur de cette menace? C’est ce que propose d’estimer une étude publiée dans la revue BioScience. Menée par des chercheurs des États-Unis et du Mexique, elle montre que plus de 3500 espèces animales sont déjà directement menacées par les effets du réchauffement climatique.
« Nous sommes au début d’une crise existentielle pour la faune sauvage de la planète, déclare dans un communiqué William Ripple, chercheur de l’Université d’État de l’Oregon (Etats-Unis) qui a dirigé l’étude. À mesure que le changement climatique s’intensifie, nous nous attendons à ce qu’il devienne une menace majeure pour les animaux de la Terre. »
Des épisodes de mortalité massive
La hausse des températures a des conséquences multiples chez les espèces animales. Selon les espèces, elle peut impacter leur aire de répartition, leur comportement, leur physiologie ou encore leur cycle de reproduction. De fait, c’est l’ensemble de l’écosystème dans lequel ces espèces vivent qui est perturbé. Le résultat: les vagues de chaleur entraînent des épisodes de mortalité de masse.
Plusieurs exemples récents sont particulièrement alarmants. La disparition de milliards de crabes des neiges en mer de Béring, la mort de 7000 baleines à bosse dans le Pacifique Nord ou encore la disparition de 4 millions de guillemots de Troïl sur la côte ouest de l’Amérique du Nord entre 2015 et 2016. La Grande Barrière de corail a, elle aussi, subi des dommages considérables, avec près de 30 % de ses coraux décimés lors de la canicule marine de 2016.
Ces événements ne sont pas isolés et risquent de se multiplier dans les années à venir. Ils auront certainement à leur tour des conséquences sur l’environnement, par exemple une incidence sur le cycle des nutriments. « Ces effets auront probablement aussi un impact sur les interactions entre espèces, telles que la prédation, la compétition, la pollinisation et le parasitisme, qui sont essentielles au fonctionnement des écosystèmes », complète William Ripple.
Des résultats sous-estimés
Pour établir le nombre d’espèces menacées, l’équipe s’est appuyée sur les bases de données de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Cet organisme tient la Liste rouge mondiale des espèces menacées. Les biologistes ont regardé combien d’espèces sur cette liste étaient confrontées à la menace du changement climatique et des phénomènes météorologiques violents. Leur conclusion: sur les 70.814 espèces évaluées, 5,1 % présentent une vulnérabilité climatique avérée. Plus inquiétant encore, certains groupes comme les arachnides ou les anthozoaires (les coraux) comptent un quart de leurs représentants menacés par les dérèglements climatiques.
Mais si l’analyse menée par William Ripple et ses collègues permet de prendre la mesure de la menace climatique pour une partie de la faune mondiale, elle révèle aussi d’importantes lacunes. La grande majorité des espèces animales reste absente des évaluations. À ce jour, seuls 5,5 % des espèces décrites ont été examinées par l’UICN, et parmi elles, les vertébrés sont largement majoritaires. Ce déséquilibre biaise la compréhension globale du phénomène, alors même que les invertébrés représentent l’écrasante majorité de la biodiversité animale sur Terre.
De plus, ce sont bien les invertébrés qui seront les plus affectés par les variations du climat, en particulier ceux vivant dans l’eau. Leur mobilité réduite les rend vulnérables aux changements brusques de température ou d’acidité des océans. Or des groupes entiers comme les bryozoaires ou les vers tubicoles, qui assurent des rôles essentiels dans les écosystèmes marins, ne font l’objet d’aucune évaluation dans les bases de données mondiales. William Ripple qualifie d’ailleurs son étude « d’effort préliminaire ». Il plaide pour la création d’une base de données mondiale recensant les cas de mortalité de masse liés au climat, et appelle à un effort accéléré pour évaluer les espèces encore ignorées.
Même si l’ampleur des chiffres reste à préciser, il ne fait aucun doute que des milliers d’espèces sont directement menacées par le réchauffement climatique. Dans un contexte où les records de température se succèdent, la sauvegarde de la biodiversité mondiale apparaît comme l’un des grands défis auxquels l’humanité sera confrontée dans les années à venir.
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