Pour un billet de 1000 Fbu, la petite Annie a été balafrée pour la vie

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Pour un billet de 1000 Fbu, la petite Annie a été balafrée pour la vie
Pour un billet de 1000 Fbu, la petite Annie a été balafrée pour la vie

Africa-Press – Burundi. Quel est l’avenir de cette société qui n’hésite pas à infliger des sévices aux enfants ? Annie Graciella Himbaza, une autre enfant, a été marquée au fer rouge à cause de la brutalité des adultes. Est-ce la haine tenace d’une marâtre envers l’enfant de son mari ou une simple histoire d’une femme en colère qui a mal tourné à cause d’un malheureux billet de 1000 Fbu ? Dans les deux cas, c’est la petite qui sera marquée pour longtemps par ce terrible châtiment. Quid du développement de cette affaire ? Nous sommes allés voir de quoi il en retourne.

La terrible nouvelle nous est tombée dessus alors que la fin tragique de la petite Kelsey est encore vive dans nos mémoires. Nous avons découvert avec effroi la photo d’une enfant montrant une plaie au bras couvert par un pansement. C’est connu, les réseaux sociaux sont friands de ces histoires qui mettent à nu les turpitudes de l’homme. Celle d’Annie n’a donc pas tardé à atterrir dans la rédaction. Encore une enfant violentée ! C’est à se demander ce qui a piqué les Burundais ces derniers jours de l’année.

Le temps de passer quelques coups de fil, une équipe est déjà prête. Qu’est-ce qui s’est passé ? A-t-elle été punie parce qu’elle avait découché comme le mentionne le caption accompagnant la photo ? Pourquoi avait-elle découché déjà ? On la dit enfermée dans la maison familiale, parce que ses parents essaient de la cacher. Est-ce vrai ? C’est en proie à toutes ces questions sans réponses que nous avons pris la route de Kanyosha. Il faudra faire quelques va-et-vient près du bar Ku Mubano avant de trouver le domicile en question. Un quart d’heure à poiroter, nous voilà à la bonne adresse, au croisement des rues Crapaud et Mouche (ça ne s’invente pas !), au quartier Musama 4. Nous allons aux nouvelles.

Ce que nous avons compris On est jeudi le 14 de ce mois. Yvette Kwizera, la marâtre d’Annie (10 ans) l’envoie faire des courses à la boutique. Après les courses, Anny remet l’argent restant à Yvette. Celle-ci conserve l’argent dans un pantalon du bébé, le demi-frère d’Annie. Après quelques heures, un billet de 1000 Fbu disparaît. C’est le début du calvaire pour la petite fille. On l’interroge, mais elle nie avoir subtilisé ce billet. On lui enjoint de trouver ce billet sous peine d’être punie. La jeune fille disparaît dans la chambre chercher le billet en vain. C’est au moment de sortir de la chambre, quand elle a croisé sa marâtre qui entrait, qu’elle se serait accidentellement frottée à un fer à repasser que la femme de son père tenait, car elle venait de repasser un habit. Ça, c’est la version de Grâce, la domestique et de la nièce d’Annie avec lesquelles nous nous sommes entretenues.

Les voisins, eux, ont une autre version. Oui, tout est parti de ce maudit billet qui s’est volatilisé. Mais la thèse de blessure par accident est réfutée par une autre domestique du voisin. Et pour cause, la marâtre avait fermé la maison avant de s’en prendre à Annie. Elle aurait menacé de la punir sérieusement si elle ne ramenait pas l’argent. C’est quand le mal a été fait qu’on a ouvert la porte. La domestique du voisin se rappelle : « Quand elle a été blessée, elle est sortie et s’est assise devant la porte, puis elle a dit avec tristesse : mama uranturiye kweli ? (maman, tu viens de me brûler vraiment ?) ». Elle aurait volé 100 mille Fbu qu’on l’aurait brûlée vive au bûcher, la pauvre Annie ! La marâtre ira chercher un pansement et un médicament qu’elle a appliqués sur la blessure.

Annie, subissait-elle des sévices avant cet ‘’incident’’ ? Cette question, nous l’avons posé aux enfants des voisins. Ça faisait un temps que ce n’était plus arrivé. La dernière fois, c’est quand elle avait découché. En fait, elle avait demandé à une camarade de classe de rentrer avec elle parce qu’on la battait, nous ont dit les enfants des voisins. Il paraît donc qu’Annie avait de plus en plus peur de rentrer chez-elle, et il doit bien y avoir une raison.

Ce que nous n’avons pas comprisQuand nous avons débarqué à Musama 4, il n’y avait ni Yvette Kwizera, ni Guillain Ndakengurutse le papa d’Annie, même cette dernière n’était pas à la maison. Cela parce que la marâtre et le papa avaient été embarqués avant notre arrivé. L’administration, qui avait eu vent de cette affaire, les a arrêtés. Nous nous sommes entretenus avec le Chef de zone de Kanyosha qui nous a affirmé que les deux parents avaient été arrêtés pour raison d’enquête. Même Annie, qui était allée faire l’examen à l’école ETF 2 de Musama où elle étudie, a été conduite aux bureaux de la zone. Alors que le Chef de poste de Police de Kanyosha et quelques administratifs de Kanyosha procédaient à des enquêtes préliminaires, la sénatrice Anita Ndayizeye, est venue et a demandé que tout ce monde lui soit remis et elle est ensuite partie avec. Elle les a amenés où ? C’est ce que nous n’avons pas compris.

Ce que la sénatrice nous a expliquéNous avons joint la sénatrice au téléphone. Nous lui avons demandé où elle avait amené les trois personnes, elle n’a pas répondu avec précision. Mais elle a eu le temps de dire qu’en tant que représentant du peuple, elle avait le devoir de sauver d’abord la vie menacée avant toute autre chose, et nous sommes d’accord avec elle. Cependant, quand nous avons insisté pour savoir où se trouvent tous ces gens qu’elle a emmenés avec elle, elle a indiqué que M. Guillain qui n’avait rien fait a été relâché, que l’enfant a été remis à une structure à même de bien s’occuper d’elle et que la dame qui avait commis le forfait est aux arrêts. Où ? Nous n’en saurons pas plus. Pour la suite, elle nous a demandé de nous adresser à l’administration, en l’occurrence au Chef de zone ou au Chef de poste de Police de Kanyosha.

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