Procès Floriane Irangabiye : lespoir renaît

20
Procès Floriane Irangabiye : lespoir renaît
Procès Floriane Irangabiye : lespoir renaît

Africa-Press – Burundi. Ce jeudi, la journaliste Floriane Irangabiye accusée « d’atteinte à la sécurité intérieure » a comparu devant Cour dappel de Mukaza en itinérance dans la prison de Muyinga. Sa défense est optimiste et espère un acquittement prochain. Reportage de Jean Noel Manirakiza

Prison de Muyinga. Il est 11 heures. Les juges de la Cour dappel de Mukaza sont arrivés à la prison de Muyinga où est incarcérée la journaliste Floriane Irangabiye. Une représentante de lUnion européenne et deux journalistes attendent impatiemment le début du procès.

A lentrée, il ny a pas foule. Lambiance est calme. Les journalistes préparent leur matériel. Soudain, le directeur de la prison vient annoncer que « les médias ne sont pas autorisés à assister à l’audience bien quelle soit publique. » Etonnements et protestations des deux journalistes qui attendent depuis 8 heures du matin. Epaulés par les avocats de la défense, une brève discussion sengage avec directeur de la prison pour lui expliquer que laudience est publique et que tout le monde a le droit dy assister. Le directeur de la prison finit par céder, mais appareil photo, enregistreur, montre-bracelet ne sont pas admis dans le petit bureau des services pénitentiaires où va se tenir le procès.

Dans ce bureau peu aéré et très exigu, 14 personnes présentes à laudience se serrent les uns contre les autres. Floriane Irangabiye entre accompagnée par ses trois avocats et son père. Souriante, elle se tient debout devant la table qui fait office de la barre des accusés. Elle porte une robe verte ( couleur de la tenue des prisonniers au Burundi). Floriane Irangabiye apparait splendide malgré la fatigue qui transparait sur son visage. Bien maquillée, sourcils bien dessinés et épilés, elle ne sempêche de lancer quelques coups dil vers son père qui se tient tout juste derrière elle. De la salle daudience, on entend le vacarme de lextérieur. Les prisonniers ne se gênent pas de parler fort en faisaient entrer les sacs de farine dans la prison.

La présidente du siège ouvre les débats en annonçant que le procès RPA 678 opposant Floriane Irangabiye et le ministère public commence. Elle entre rapidement dans le vif du sujet et invite la défense et laccusée de justifier le motif de leur appel.

« Comme vous lavez constaté, notre appel est basé sur un fait. Le premier juge na jamais tenu compte de nos revendications et na pas voulu appliquer la loi en montrant les éléments matériels et moraux de linfraction .Son jugement sest limité sur les procès-verbaux du Service nationale des renseignements. Sans vous rappeler de lire la loi, les interrogatoires se faisaient vers 2 h du matin, sans même lassistance des avocats. Pratique que la loi ne peut pas accepter », attaque Me Eric Ntibandetse tout en ajoutant que même ces mêmes PV et la copie du jugement ont été falsifiés.

« Au parquet vous étiez assistée par vos avocats », réplique le ministère public. Sans même attendre lautorisation du siège, la réponse, fuse :

« Le procureur ne faisait que poser des questions en lisant les notes du SNR, sans vouloir faire ses propres PV ! ».

Puis, la présidente de la Cour invite le ministère public à s’exprimer sur ces allégations de la défense. Un peu hésitant, le ministère public fait savoir que les charges contre laccusée « sont bien fondées que le parquet a fait ses propres enquêtes et a donné le temps nécessaire et suffisant à Floriane Irangabiye de sexprimer là-dessus. »

« Nous demandons la nullité du jugement, les PV et la main levée de la détention ! »

Pour la défense, les motivations du parquet sont erronées et supposées. Sur les bases de son arrestation, les PV au SNR, le jugement rendu, il y’a trop d’irrégularités et violations flagrantes de la loi du Code de procédure pénal du Burundi. La journaliste a été jugée sur base dune émission du 22 aout 2022 dans laquelle elle a été invitée. Ses propos ont été sortis de leur contexte et on lui a collé les expressions des autres.

« Lémission est sur Youtube et on vous a fourni la copie sur CD. Prenez le temps de lécouter et vous allez comprendre que lappel à la haine ethnique et la rébellion nont été mentionnés nulle part. Seulement, le parquet a oublié que la liberté dexpression est garantie par la loi. La responsabilité pénale est individuelle et personnelle. De plus, elle agissait dans le cadre de son métier de journaliste », justifie son avocat. A lévocation de cette émission, le visage de la représentante du ministère public sillumine. Elle estime que tout y est, quil n’y a pas dautres preuves à chercher et la Cour naura dautres choix que de maintenir le jugement déjà rendu.

Selon la famille de laccusée, il ya espoir que le jugement de la Cour dappel de Mukaza sera libératrice. Elle estime que les juges ont été impartiaux et attentifs et posaient de vraies questions sans verser dans les accusations infondées du parquet.

« Sil ny a pas lintervention dune main invisible qui a guidé jusquici les jugements, je ne doute pas que demain elle sera dans sa famille, libre et blanchie », affirme le père de la journaliste. Même avis de la défense. Daprès elle, la confiance est de mise dans la mesure où la Cour a montré quelle est soucieuse de connaitre la vérité.

« La loi est claire. Je suis que sûr que si elle s’applique, cette affaire sera décantée au plus vite », déclare Me Eric Ntibandetse.

Tout le procès tournait aujourdhui sur cette émission. Le ministère public soutenait que Floriane Irangabiye est lennemie de la Nation et que même au moment de son arrestation elle venait recruter des combattants et autres malfaiteurs nostalgiques du coup dEtat manqué contre feu Président Pierre Nkurunziza.

Pour plus d’informations et d’analyses sur la Burundi, suivez Africa-Press

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here