Transmission non violente des mémoires en milieu scolaire

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Transmission non violente des mémoires en milieu scolaire
Transmission non violente des mémoires en milieu scolaire

Africa-Press – Burundi. Par le passé, les établissements ont été le point de départ de la prolifération des messages de haine à composante ethnique. Pourtant, même en temps de crise, certains éducateurs et élèves se sont opposés farouchement à tout ce qui pouvait venir s’intercaler entre eux. Cela ne devrait-il pas servir de leçon pour construire un monde meilleur ?

Notre pays a connu tant d’horreurs dans le passé. En guise d’exemple, la tragédie qui a eu lieu au petit séminaire de Buta, le matin du 30 avril 1997. Des assaillants ont envahi l’établissement, brandissant machettes et fusils, massacrant et terrorisant plusieurs élèves. La majorité était ceux du cycle supérieur. En tout, 40 séminaristes ont été assassinés, sont depuis appelés les martyrs de la fraternité. En effet, le plus troublant hormis ces tueries massives, c’est la solidarité de ces élèves face à la mort, refusant de se séparer dans des groupes ethniques afin que certaines vies soient épargnées. Vraisemblablement, certains mêmes se tenaient par la main pour rester soudés invoquant le bon Dieu quelques instants avant d’être brutalement assassinés. Après le scandale, une montagne de cadavres se dressait sur les lieux.

26 ans aprèsLes guerres civiles ont engendré des insécurités et des traumatismes. Personne n’est sorti indemne de ces conflits, même les survivants ont été brisés et détruits par la perte massive de leurs proches. Tous ceux qui n’ont pas surmonté leur conflit intérieur ont transmis leur peur et leur haine à leur progéniture. C’est ainsi que nous retrouvons des jeunes d’aujourd’hui qui n’ont pas connu la guerre, mais qui tiennent des propos de haine envers ceux qu’ils ne considèrent pas comme des leurs. Fort heureusement, certains jeunes ont retenu la leçon du passé.

B.I, 15 ans, élève au petit séminaire de Buta et natif de Bururi reconnaît que ses parents lui ont touché un mot sur les massacres qui se sont déroulés au séminaire. « Ils m’ont dit qu’à l’époque, des séminaristes vaillants se sont opposés aux malfaiteurs et sont restés soudés au lieu de se diviser dans des groupes ethniques. Nous, la future génération devrions prendre exemple sur eux pour nous éloigner de tout ce qui viendrait briser notre union entre frères et patriotes. C’est pourquoi avec d’autres camarades, nous ne divulguons pas de messages de haine qui viendrait nous diviser et lutterons contre tout ce qui pourrait troubler notre quiétude. »

Un héritage d’amourAbbé Oscar Nizigama, le recteur du petit séminaire de Buta, rappelle que le 30 avril de chaque année, a lieu une commémoration des martyrs de la fraternité : « Nous offrons aux élèves des messages édifiants qui les préparent à être des hommes dignes de demain pour bien servir la nation et l’église, en partant de l’événement tragique qu’a connu le petit séminaire de Buta. Cela marche bien, car depuis mon arrivée dans cette maison, il y a 14 ans, je n’ai enregistré aucun comportement ou message à base ethnique incitant à la haine. »

Abbé Léopold Mvukiye, enseignant au petit séminaire de Buta depuis 1991, revient également sur l’événement bouleversant de 1997 en parlant de ces séminaristes qui firent preuve d’une grande bravoure. Selon lui, ils s’étaient affranchis des propos de haine grâce à l’amour du Christ et sont restés unis jusqu’au bout.

Louis Nduwimana, le conseiller du gouverneur de la province Bururi, remarque que la situation a évolué au fil du temps : « Les jeunes d’aujourd’hui sont plus sereins grâce aux enseignements des leaders du pays qui préconisent la bonne entente et la paix entre tous. C’est pourquoi les grèves ou révoltes dans les établissements liées au racisme ont beaucoup régressé ces dernières années. »

En temps de crise, Louis Nduwimana conseille les éducateurs que s’il se présente des cas de rébellion, il faut accompagner les jeunes lycéens et prendre des sanctions en cas de révoltes.

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