Une lettre aux Burundais : pour une éducation sexuelle sans menaces d’enfer

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Une lettre aux Burundais : pour une éducation sexuelle sans menaces d’enfer
Une lettre aux Burundais : pour une éducation sexuelle sans menaces d’enfer

Africa-Press – Burundi. À travers un prisme conservateur au Burundi, la moralisation religieuse crée un labyrinthe d’interdictions pour les jeunes filles. L’éducation sexuelle se limite à des conversations vagues et à des menaces d’enfer éternel. Comment les jeunes filles peuvent concilier leurs désirs naturels avec cette éducation restrictive ?

Chers tous,

Permettez-moi de vous adresser un sujet des plus épineux, une question qui me tourmente depuis des années. Je suis une jeune femme, à présent dans la vingtaine, qui a passé bien trop de temps à réfléchir aux méandres de l’éducation sexuelle que je n’ai pas reçue.

Tout a commencé le jour de mes premières règles, ce moment inéluctable de ma féminité. Ma mère, avec un sourire chaleureux, m’a déclaré que je pouvais désormais concevoir, et que par conséquent, je ne devais plus jouer ou plaisanter avec les garçons, car je venais de franchir le seuil de la grande demoiselle. Si seulement cette conversation avait été plus que des mots dans le vent. Voilà où votre première erreur réside ! Car à bien y réfléchir, la conception n’est qu’une pièce de cet immense puzzle qu’est la sexualité.

Chers tous,

À l’école, mes enseignants semblaient avoir une solide maîtrise scientifique de la reproduction. Ils m’ont inculqué les rudiments de l’usage du préservatif, une arme puissante pour éviter les grossesses non désirées. C’était instructif, indubitablement. Cependant, il y a toujours eu ce “mais” persistant qui m’a tourmentée. Personne ne m’a guidée à travers les désirs naturels, les rêves érotiques, les tensions sexuelles qui surgiraient comme des phénomènes inexplicables à l’approche de l’ovulation. On m’a certes offert une trousse à outils pour contrer les grossesses non désirées, mais personne ne m’a révélé comment gérer les pulsions sournoises qui se glissent sous la porte (pour ne pas dire la culotte), envahissant le corps, l’esprit et mon pauvre âme.

Et puis, il y a l’église, ah oui, j’oubliais, ce haut lieu de la sainteté, sanctuaire de valeurs morales où notre cher pasteur nous sermonne sur l’adultère. Il nous a prévenus que céder à cette tentation nous enverrait tout droit vers les flammes de l’enfer, les portes grandes ouvertes, sans même passer par la case purgatoire. Maintenant, je tiens à préciser que je respecte les commandements, mais il y a un dilemme qui me hante. Personne ne m’a dit si c’était un péché de ressentir des désirs charnels. Ai-je loupé une page du manuel de la moralité ? Combien de fois me suis-je sentie comme une sorte de démon, possédée par des pulsions naturelles et indomptables ?

Chers tous,

J’aimerais ouvrir un dialogue sur cette éducation sexuelle qui nous a laissés à moitié éclairés. Peut-être que vous pourriez ajouter un peu d’humour, un zeste de compréhension sur nos luttes intérieures. Parce que, voyez-vous, la vie est déjà assez compliquée, sans avoir à s’inquiéter que nos propres désirs nous envoient en enfer. Peut-être que le paradis est en fait plus tolérant que vous ne le pensez.

Il est donc temps de briser les tabous, de s’affranchir des interdits, et de construire une éducation sexuelle plus complète et compatissante. Car après tout, il y a plus à la vie qu’à concevoir des enfants ou à craindre l’enfer. Il y a des désirs, des rêves érotiques, des tensions sexuelles, et une sexualité qui mérite d’être comprise et explorée sans culpabilité.

Je ne suis plus aussi innocente qu’autrefois, mais j’aurais aimé apprendre tout ce que je sais aujourd’hui de vous.

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