Lutte Contre la Désinformation à l’Université de Bangui

1
Lutte Contre la Désinformation à l'Université de Bangui
Lutte Contre la Désinformation à l'Université de Bangui

Africa-Press – CentrAfricaine. La Faculté des lettres et sciences humaines de l’Université de Bangui traverse une crise de gouvernance majeure, exposant des pratiques opaques inquiétante.

Depuis plusieurs mois, la presse centrafricaine, notamment Corbeau News Centrafrique, met au jour des dysfonctionnements graves au sein de cette faculté. Face à ces publications dérangeantes, la réaction de l’administration universitaire interpelle: plutôt que de répondre aux accusations précises, elle lance une campagne de communication contre la « désinformation ».

Cette initiative, portée par l’Association des étudiants de la faculté des lettres et de sciences humaines, présidée par un neveu du doyen Azoumaye, pousse à s’interroger. Nos sources confirment que le doyen lui-même a financé l’impression des affiches attachées devant la faculté, un détail qui démontre l’instrumentalisation de structures étudiantes à des fins personnelles.

Les faits rapportés dans la presse méritent une attention particulière. Le doyen a mis en place une cellule informatique directement rattachée à son bureau, chargée de compiler les notes et d’organiser les délibérations. Cette structure opère en marge des procédures habituelles. Selon plusieurs enseignants, les chefs de départements ne sont pas consultés lors des validations finales, créant un système centralisé qui court-circuite l’indépendance du processus académique.

Cette cellule prend des décisions unilatérales sur les admissions et les passages en année supérieure, sans validation des instances départementales compétentes. Le contrôle absolu exercé par cette structure sur les données académiques pose des questions fondamentales sur la transparence du système évaluatif.

Au département d’anthropologie, les accusations contre le chef de département exposent des pratiques inacceptables. Ce dernier confisque systématiquement les téléphones des étudiants pendant les examens, avant d’exiger des paiements pour leur restitution: 5 000 francs CFA pour les téléphones Android et 2 000 francs CFA pour les modèles basiques.

Cette pratique, dénuée de tout cadre réglementaire, s’apparente à une forme d’extorsion institutionnalisée. Aucun texte de l’université ne justifie de telles collectes d’argent, encore moins sous prétexte de restitution d’objets confisqués lors d’examens. Les étudiants, contraints de récupérer leurs téléphones, se trouvent dans l’obligation de payer ces sommes arbitraires.

L’affaire la plus troublante concerne un étudiant de première année en sociologie l’année dernière. Pris en flagrant délit de tricherie lors de la première session d’examens, il reçoit logiquement la note zéro. Pour la seconde session, cet étudiant pousse l’audace jusqu’à envoyer une autre personne composer à sa place – substitution frauduleuse immédiatement détectée par les surveillants.

Cette seconde fraude lui vaut un double zéro, sanction logique et réglementaire. Pourtant, contre toute attente, ce même étudiant apparaît sur les listes officielles comme admis en deuxième année. Interrogés sur cette décision incompréhensible, les chefs de départements se déclarent incapables de l’expliquer.

L’enquête démontre que seule la cellule informatique du doyen a validé cette admission suspecte, illustrant parfaitement les dérives d’un système opaque où les décisions échappent aux instances académiques légitimes. Ce cas pose des interrogations sur le nombre d’autres situations similaires qui auraient pu passer inaperçues.

L’attribution du poste d’intérim du Secrétariat permanent à un étudiant, qui est lui-même Président de l’association des étudiants de ladite faculté , qui est d’ailleurs proche du doyen Azoumaye, constitue une violation des procédures universitaires. Ce poste stratégique, légalement réservé au personnel administratif qualifié, ne peut être confié à un étudiant sans base réglementaire.

Durant cette période d’occupation irrégulière, l’intéressé abuse de sa position en bloquant l’accès à certaines salles de cours, expliquant qu’il est temps de nettoyer les salles de classes pour préparer les examens, alors que la période d’é valuation reste plus de deux semaines. Cette obstruction volontaire prive les étudiants de leur droit à l’éducation et désorganise le fonctionnement académique.

Le lien de parenté entre cet étudiant et le doyen transforme cette nomination en acte de népotisme caractérisé, compromettant l’équité et la neutralité que doit observer toute administration universitaire.

Les cas évoqués ne représentent qu’une infime partie des dysfonctionnements documentés. Sur la vingtaine de faits problématiques portés à la connaissance du public, les situations détaillées ici constituent environ 2% des pratiques questionnables observées au sein de la faculté.

Devant ces accusations documentées et étayées, l’administration choisit la fuite en avant. Au lieu d’ouvrir une enquête interne transparente ou de fournir des explications circonstanciées sur chaque cas signalé, elle préfère dénoncer la « désinformation » – terme commode pour discréditer toute critique légitime.

Le lien familial entre le doyen et le président de l’association étudiante de ladite faculté compromet irrémédiablement la neutralité de cette campagne. Le financement direct des affiches par le Doyen démontre une instrumentalisation systématique des structures étudiantes pour protéger des intérêts particuliers d’un individu.

Cette mobilisation organisée vise à détourner l’attention des vrais problèmes en créant une polémique sur la véracité des informations, alors que les faits rapportés sont vérifiables et documentés.

Plusieurs interrogations fondamentales demeurent sans réponse satisfaisante:

Pourquoi créer une cellule informatique échappant totalement au contrôle des départements et concentrant tous les pouvoirs de décision académique? Cette centralisation excessive ne constitue-t-elle pas une dérive autoritaire incompatible avec le fonctionnement collégial d’une université?

Le cas de l’étudiant tricheur, aujourd’hui inexplicablement admis en deuxième année, constitue-t-il un exemple isolé ou la manifestation d’un dysfonctionnement systémique touchant l’ensemble du processus d’évaluation?

Comment l’administration justifie-t-elle la nomination d’un étudiant, de surcroît parent du doyen, à un poste administratif qu’il ne peut légalement occuper? Cette pratique ne constitue-t-elle pas un détournement de fonction publique?

Les pratiques d’extorsion au département d’anthropologie bénéficient-elles d’une tolérance officielle de la part de la direction? L’administration était-elle informée de ces collectes illégales d’argent?

Combien d’autres étudiants ont bénéficié de traitements de faveur similaires grâce aux décisions opaques de la cellule informatique du doyen?

Ces éléments factuels, observés par de nombreux témoins internes et corroborés par des documents, montrent un mode de gestion privilégiant systématiquement la protection de réseaux particuliers au détriment de la transparence et de l’équité.

La campagne contre la « désinformation » apparaît comme une tentative désespérée d’imposer un récit officiel en écartant toute contradiction légitime. Cette stratégie de communication ne trompe personne et aggrave la perte de crédibilité de l’institution.

L’utilisation des structures étudiantes à des fins de propagande administrative constitue une manipulation grave qui compromet l’indépendance des organisations estudiantines. Les étudiants méritent des représentants authentiques, non des relais complaisants de l’administration….

Source: Corbeau News Centrafrique

Pour plus d’informations et d’analyses sur la CentrAfricaine, suivez Africa-Press

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here