Africa-Press – CentrAfricaine. Encore un Conseil des ministres, encore un permis minier. Le gouvernement vient d’accorder un permis de recherche de calcaire à une société de 20 millions de FCFA. Une décision qui pose des questions sur la politique minière du pays.
Lundi 26 mai, le Conseil des ministres a approuvé l’attribution d’un permis de recherche de calcaire à la société Émergeant Groupe SEMENT RCA. La zone concernée se trouve à Bouchia, dans la préfecture de la Lobaye, au sud-ouest du pays. Le ministre des Mines et de la Géologie a présenté le dossier aux membres du gouvernement, qui ont donné leur accord pour la signature du décret présidentiel.
SEMENT groupe RCA dispose d’un capital social de 20 millions de francs CFA. Pour une société minière, ce montant reste modeste. À titre de comparaison, les grandes compagnies qui opèrent en Afrique affichent généralement des capitalisations bien supérieures. La société a été créée et enregistrée à Bangui selon les règles en vigueur.
Les propriétaires de l’entreprise ne sont pas connus du grand public. Le gouvernement n’a communiqué aucune information sur l’identité des actionnaires ou des dirigeants de SEMENT RCA. Cette discrétion interroge dans un secteur où la transparence constitue un enjeu majeur pour la crédibilité des institutions.
L’examen du dossier s’est déroulé rapidement au Conseil des ministres. Le ministre a présenté une étude technique qui conclut à un “potentiel géologique favorable” pour l’exploitation du calcaire dans la région de Bouchia. Mais les détails de cette étude n’ont pas été rendus publics.
La population locale de Bouchia n’a apparemment pas été consultée avant cette décision. Aucun document officiel ne mentionne des rencontres avec les communautés qui vivent sur ces terres. Ces habitants seront pourtant directement concernés par les activités d’exploration qui vont commencer.
Ce nouveau permis s’ajoute à une longue liste. Depuis plusieurs années, pratiquement chaque Conseil des ministres valide l’attribution de nouveaux permis miniers. Le pays compte aujourd’hui des centaines de sociétés autorisées à prospecter ou exploiter ses ressources.
Pourtant, les résultats tardent à se voir. Les recettes fiscales de l’État restent faibles. Les communautés locales ne bénéficient pas d’emplois durables ou d’infrastructures nouvelles. Les routes principales du pays demeurent en mauvais état, et les services publics fonctionnent au ralenti.
Le calcaire sert principalement à fabriquer du ciment, matériau indispensable pour la construction. La République centrafricaine importe actuellement la plupart de ses besoins en ciment, ce qui représente des devises importantes. Une exploitation locale pourrait théoriquement réduire cette dépendance et créer de la valeur ajoutée sur place.
Mais l’expérience montre que les permis de recherche deviennent souvent des permis d’exploitation sans que les bénéfices profitent réellement au pays. Les entreprises exportent généralement la matière première brute, laissant peu de retombées économiques locales.
Plusieurs organisations de la société civile centrafricaine demandent régulièrement plus de transparence dans l’attribution des permis miniers. Elles réclament aussi une meilleure association des populations locales aux décisions qui les concernent.
Dans un pays qui sort de plusieurs années de crise, la gestion des ressources naturelles représente un défi important pour la reconstruction. Les autorités doivent prouver qu’elles peuvent gérer ces richesses dans l’intérêt général et non pour le profit de quelques-uns….
Pour plus d’informations et d’analyses sur la CentrAfricaine, suivez Africa-Press