Africa-Press – CentrAfricaine. Le 19 avril 2025, un accord de cessez-le-feu a été signé à N’Djamena, capitale du Tchad, entre le gouvernement centrafricain et deux groupes armés, les Retour, Réclamation et Réhabilitation (3R) et l’Unité pour la Paix en Centrafrique (UPC). Cet engagement, destiné à ouvrir la voie à un désarmement structuré des combattants, représente un espoir de stabilité en République centrafricaine. Pourtant, l’intervention des mercenaires russes du groupe Wagner, qui agissent sans mandat officiel, risque de compromettre cette initiative.
Une Pression Immédiate des Wagner sur le Terrain
L’accord de N’Djamena exige que les combattants des 3R et de l’UPC se regroupent dans des zones désignées pour déposer leurs armes, comme Pombolo, à 60 km de Bambari, pour l’UPC. Les 3R doivent rejoindre des sites similaires pour entamer le processus de désarmement, démobilisation, réintégration et rapatriement (DDRR). Quelques jours après la signature, les mercenaires de Wagner ont lancé une série d’interventions pour forcer l’application de ces directives.
Dans la préfecture de la Haute-Kotto, notamment dans la région de Bria, les 4 et 5 mai 2025, des unités de Wagner ont parcouru des chantiers miniers et des villages pour ordonner aux rebelles de l’UPC de se rendre à Pombolo dans un délai de 10 jours, sous peine d’être traqués dans la brousse. Les sites visités incluent Nzacko (PK 12), Bamara (PK 15), et Yangou Ouda (PK 12). À Kpokpo, accessible à pied depuis Bamara, des habitants ont rapporté des pillages, les mercenaires s’en prenant aux biens des civils.
Dans la zone de Ndim, un scénario comparable s’est déroulé. Les 29 et 30 avril 2025, une vingtaine de motos transportant des mercenaires russes ont emprunté l’axe Touloulou, en direction de Mboum–Yémé et Kowone, pour transmettre des messages aux rebelles des 3R, leur ordonnant de se regrouper dans les zones de cantonnement prévues pour leur désarmement.
Des Méthodes Qui Tendent l’Atmosphère
Wagner, qui agit en soutien au régime de Bangui sans rôle officiel dans l’accord, adopte une approche basée sur des ultimatums et des menaces. Dans les deux régions, ils ont fixé un délai de 10 jours pour le cantonnement, avertissant que tout refus entraînerait des opérations de traque. Cette précipitation s’accompagne d’un manque de garanties publiques pour les rebelles, comme des assurances de sécurité ou des perspectives économiques, éléments essentiels pour un DDRR efficace.
Les populations locales subissent les retombées de ces actions. À Kpokpo, les pillages signalés ont accru les tensions avec les habitants, pris entre les exigences des mercenaires et les incertitudes de l’accord. Ces incidents, rapportés par des témoins interrogés par la rédaction du CNC, fragilisent la coopération des communautés, indispensable pour stabiliser les régions concernées.
Un Rôle Trouble dans un Contexte Délicat
Wagner opère en Centrafrique depuis plusieurs années, soutenant le gouvernement face aux groupes armés tout en étant souvent associé à l’exploitation des ressources, notamment dans des zones minières comme Bria. Leur intervention dans ce cessez-le-feu, sans mandat clair, alimente les doutes sur leurs intentions. En imposant une pression agressive, ils influencent fortement les décisions du régime de Bangui, au risque de détourner l’accord de son objectif de paix.
L’accord de N’Djamena offre une opportunité de réduire les violences en Centrafrique, mais l’approche coercitive de Wagner complique son application. Les rebelles, face à des ultimatums sans garanties solides, pourraient se méfier, tandis que les civils, victimes de pillages, s’éloignent du processus.
L’accord signé à N’Djamena le 19 avril 2025 reste au centre de ces développements. Les semaines à venir montreront si les actions de Wagner favoriseront le désarmement ou aggraveront les tensions dans ces régions….
Source: corbeaunews
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