Africa-Press – CentrAfricaine.
Le gouvernement centrafricain ne parvient plus à contenir l’impact des réseaux sociaux, surtout après la diffusion d’images suspectes autour de l’affaire Armel Sayo, ancien ministre et ex-chef rebelle.
Ces publications virales, attribuées faussement à l’intelligence artificielle par le gouvernement, ont profondément troublé le pouvoir, incapable d’apporter des preuves crédibles sur le sort de l’ancien ministre Sayo. Maxime Balalou, porte-parole du gouvernement, a alors tenu une déclaration pathétique et immorale, en évoquant l’exemple de la Chine pour justifier une régulation stricte des réseaux sociaux, au risque d’instaurer une censure ouverte.
En effet, l’arrestation et la détention opaque d’Armel Sayo ont créé un climat de méfiance. Les rumeurs de torture et d’assassinat après son enlèvement crédible par les mercenaires russes dans la nuit du lundi 7 à mardi 8 juillet 2025 par les mercenaires russes du groupe Wagner à l’OCRB, amplifiées par des images circulant sur Facebook et WhatsApp depuis le 17 juillet, c’est-à-dire 10 jours après son enlèvement, ont provoqué une tempête médiatique. Au lieu de répondre avec transparence, le gouvernement s’est contenté de dénoncer de supposés montages numériques, sans jamais apporter de preuves de vie de l’ancien ministre Armel Sayo. Cette opacité alimente les soupçons d’exécution extrajudiciaire, accentuant la crise de crédibilité du régime.
Lors de sa conférence de presse hebdomadaire du 21 juillet 2025, Maxime Balalou a livré un discours très critique envers les réseaux sociaux. Voici des extraits clés:
Sur les utilisateurs des réseaux sociaux:« Vous savez que les réseaux sociaux sont constitués à la fois des braconnés de l’information… qui n’ont jamais été journaliste de leur vie… qui pensent faire mieux que les journalistes professionnels. » Balalou assimile les citoyens actifs sur les réseaux sociaux à des imposteurs, cherchant à discréditer les voix critiques du régime.
Sur les dérives des plateformes: « Quand vous voyez ce qui se passe, quand vous regardez les insultes, quand vous regardez les gens qui n’ont plus la dignité… Ne vous laissez pas enivrer par des informations qui créent des troubles ». Il accuse les plateformes de provoquer la haine et les désordres sociaux, tout en évitant d’évoquer les responsabilités gouvernementales.
Sur la régulation et la Chine comme modèle: « Il y a tout un arsenal juridique qui se construit pour pouvoir réglementer… Ce n’est pas pour rien qu’on voit dans certains pays comme la Chine. Tout est bien contrôlé… pour protéger le pays ». Balalou annonce la volonté du gouvernement d’adopter des mécanismes de contrôle inspirés de la Chine, un pays réputé pour sa censure totale d’Internet.
Comparer la Centrafrique à la Chine relève de la folie:
Cette déclaration de Balalou apparaît comme une tentative de détourner l’attention du public sur l’affaire Sayo, plutôt qu’une véritable stratégie numérique.
L’évocation d’un arsenal juridique contre les réseaux sociaux annonce un risque de museler l’opposition et de limiter la liberté d’expression. En diabolisant les internautes, le gouvernement prépare le terrain pour transformer toute critique en menace à l’unité nationale. Ce glissement autoritaire rappelle les méthodes de régimes qui utilisent la censure pour dissimuler leurs propres failles.
L’affaire Armel Sayo, loin d’être maîtrisée, illustre l’impuissance du gouvernement à contrôler le flux d’informations. En accusant les réseaux sociaux, l’ex-détenu Maxime Balalou tente de masquer une crise de transparence. Vouloir imiter la Chine sans avoir les moyens techniques ni économiques relève d’une politique irréaliste, perçue comme un aveu de faiblesse face à la puissance des réseaux numériques.
Source: Corbeau News Centrafrique
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