Centrafrique : éviter une nouvelle désintégration de l’armée

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Centrafrique : éviter une nouvelle désintégration de l’armée
Centrafrique : éviter une nouvelle désintégration de l’armée

Africa-Press – CentrAfricaine. Résumé et publié par Corbeaunews Centrafrique (CNC),

En 2018, à la suite d’une demande d’exception à l’embargo soumise par le gouvernement centrafricain, le Comité de sanctions de l’ONU a autorisé non seulement la livraison d’armements en provenance de Moscou, mais également le déploiement d’instructeurs russes pour former les FACA et les accompagner dans l’arrière-pays.

Si ces opérations ont permis de redéployer rapidement l’armée dans les principaux centres urbains du pays, elles ont eu un prix élevé en vies humaines, sans que les autorités centrafricaines ne prennent de mesures adéquates pour sanctionner les responsables de violations graves des droits humains.

En outre, Crisis Group a recueilli des témoignages qui décrivent un réseau de recrutement irrégulier dans la capitale : afin d’améliorer leur statut social, certains jeunes seraient prêts à payer entre 50 000 et 100 000 francs CFA (entre 77 et 154 euros) à des officiers pour être sur les listes de

recrutement.

Dans plusieurs cas, selon des sources proches des groupes armés interrogées par Crisis Group, les anciens rebelles qui adhèrent au programme de Démobilisation, Désarmement et Réintégration issu de l’accord de paix de février 2019 et facilité par la MINUSCA sont intégrés directement dans les FACA. Ce phénomène est particulièrement évident dans le centre du pays, où les divisions au sein d’un des principaux groupes rebelles, l’Union des patriotes pour le changement, ont amené à la défection d’environ 400 combattants.

Bien que le gouvernement centrafricain n’ait jamais communiqué de chiffres officiels concernant les militaires tués sur le terrain, l’Armed Conflict Location & Event Data Project estime qu’au moins 90 FACA ont perdu la vie au cours de 47 attaques menées entre décembre 2020 et avril 2022.

En outre, les soldats déployés en province dont le salaire est bancarisé dans la capitale perçoivent officiellement une prime d’environ 45 000 francs CFA (49 euros) par mois, en espèces, qui doit les aider à régler leurs dépenses sur le terrain.

Alors que l’opacité des recrutements et l’absence de vérification des antécédents fragilisent la composition du corps sécuritaire et la construction d’une éthique militaire respectueuse des droits humains, la multiplication des chaînes de commandement, le manque de formation militaire adéquate, la pénurie de ressources financières et le mécontentement croissant pourraient compromettre la loyauté des officiers subalternes et des troupes.

Pour éviter ce risque, le président Touadéra et le gouvernement centrafricain devraient prendre des mesures urgentes pour garantir que la restructuration, et l’éventuelle expansion, des forces de sécurité se fasse exclusivement selon les principes établis dans le Plan National de Défense et corresponde aux disponibilités financières réelles de l’État.

Ces mesures impliquent, en premier lieu, que les effectifs récemment intégrés dans les FACA soient soumis au processus de recrutement et de vérification des antécédents qui existait avant la crise électorale de décembre 2020, quitte à radier certains soldats de l’armée le cas échéant.

D’une part, la création d’un Conseil de Défense, avec l’appui technique de partenaires comme l’EUTM, pourrait prévenir les négociations bilatérales et les lignes de commandement rivales au sein des forces de défense, en permettant que les décisions plus importantes pour le futur de l’armée et la stabilité du pays soient prises collectivement. De l’autre, des visites fréquentes de l’état-major des armées et d’autres officiers supérieurs basés dans la capitale aux troupes sur le terrain contribueraient à assurer un suivi adéquat des armes et munitions et à prévenir la montée du mécontentement envers les forces russes.

Pour leur part, les partenaires du gouvernement centrafricain, notamment la MINUSCA, devraient mettre en place au plus vite un programme de réduction des violences communautaires pour dissoudre les milices recrutées dans l’arrière-pays et éviter la montée des tensions intercommunautaires.

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