Africa-Press – CentrAfricaine. En effet, après la révélation de leur détournement de plus de 600 000 francs CFA auprès des conducteurs de taxis-motos de province, Cyril Pato et Nzapa Yembi Marcel ont franchi une nouvelle étape. Ces deux anciens responsables du syndicat national des taxis-motos, dissous par les autorités, utilisent désormais la police et la gendarmerie pour tenter de réduire au silence les délégués qui réclament la restitution de leur argent volé.
Quelques jours après la publication de notre enquête exposant leur escroquerie, deux convocations ont circulé dans les différents groupes des réseaux sociaux, notamment sur WhatsApp. La première émane de la Police nationale, Direction des services de police administrative. Le document, marqué “URGENT” en rouge, est adressé à une personne identifiée comme “M. Diarra Abdoul Karim”. Loin d’un dossier judiciaire sérieux, cette convocation apparaît comme un instrument fabriqué pour détourner l’attention et intimider.
La seconde provient de la Gendarmerie nationale, brigade de Yaloké. Elle vise directement un délégué des taxis-motos de Zawa, convoqué pour le 21 mars 2025 sous le motif vague d’une “affaire vous concernant”. Ce document officiel, signé et tamponné, menace de poursuites judiciaires en cas d’absence. Là encore, il s’agit moins d’une procédure judiciaire que d’une manœuvre de pression organisée contre ceux qui exigent des comptes.
Ces méthodes confirment la logique de Cyril Pato et Nzapa Yembi Marcel: détourner l’argent des conducteurs, puis utiliser les institutions pour museler toute contestation. À Yaloké, Zawa et dans d’autres villes, les délégués qui dénoncent l’arnaque se retrouvent convoqués, menacés, alors même qu’ils représentent des centaines de travailleurs précarisés qui peinent chaque jour à nourrir leurs familles.
Les conducteurs de taxis-motos vivent une situation absurde. D’un côté, on leur vole leurs économies. De l’autre, quand ils protestent, on les menace avec des convocations officielles. Ces travailleurs, déjà frappés par la précarité, se retrouvent face à un système qui protège leurs bourreaux.
Cette instrumentalisation des forces de sécurité montre clairement une dérive inquiétante. La septième République, comme la qualifient aujourd’hui de nombreux centrafricains, est devenue un terrain ouvert aux arnaqueurs. Voler au nom du président Touadéra, intimider les victimes avec des convocations de police et de gendarmerie, puis réduire au silence ceux qui protestent: voilà la mécanique en place.
L’argent détourné représente pour beaucoup plusieurs semaines d’économies. Des sommes mises de côté franc par franc pour nourrir la famille, payer les frais de scolarité des enfants ou faire face aux urgences. Voir cet argent disparaître dans les poches de Pato et Nzapa Yembi Marcel, puis subir des intimidations pour avoir osé protester, c’est le comble de l’injustice.
C’est ainsi que la septième République se dévoile: un espace où l’argent se vole au grand jour, où la justice se détourne de son rôle, et où ceux qui osent parler sont traqués. Pour les conducteurs de taxis-motos, la lutte pour récupérer leurs fonds devient aussi une lutte pour leur dignité face à un système qui protège les escrocs au détriment du peuple.
Source: Corbeau News Centrafrique
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