Touadéra Piétine Couleurs Nationales et Mémoire de Boganda

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Touadéra Piétine Couleurs Nationales et Mémoire de Boganda
Touadéra Piétine Couleurs Nationales et Mémoire de Boganda

Africa-Press – CentrAfricaine. Ces bandes, disposées dans l’ordre exact du drapeau officiel, formaient une frange continue le long du tapis, là où les pieds des invités officiels et du chef de l’État se posaient à chaque pas. Aux côtés de son épouse et des autorités présentes, le président a avancé droit devant lui, foulant ces couleurs comme si elles n’avaient aucune valeur particulière. Il n’a pas choisi de quitter ce tapis de la honte ,mais par contre il a choisi de fouler au pieds cet emblème national. Il a accepté, en pleine cérémonie, et en tout état de cause, que l’emblème du pays soit placé sous ses pieds. Ce geste, en plus d’être choquant, trouve un écho direct dans les textes officiels qui encadrent l’usage du drapeau et impose un respect absolu.

La loi n° 60.311 du 12 décembre 1960, qui définit le drapeau centrafricain, précise que cet emblème est un symbole de l’État et qu’il doit être respecté en toutes circonstances. Le Code pénal prévoit des sanctions contre toute action qui rabaisse sa dignité ou qui l’expose à un usage dégradant. Dans ce cas précis, même si la bordure ne comportait pas l’étoile jaune ni la bande rouge verticale, elle reproduisait fidèlement la séquence de couleurs et leur position relative. Selon l’esprit de la loi, il s’agit d’un usage qui entre dans le champ des protections prévues pour le drapeau. Mettre ces couleurs sur une surface destinée à être piétinée va directement à l’encontre de l’obligation de respect. Ce manquement devient encore plus grave lorsqu’on se rappelle que les règles protocolaire, en RCA comme ailleurs, interdisent strictement de placer un drapeau ou ses couleurs au sol pour être foulés aux pieds.

Ces usages officiels exigent que les symboles soient visibles, propres, en hauteur ou présentés de manière à ne pas subir d’atteinte physique. Dès qu’un responsable ou un citoyen, y compris le Président de la République, voit les couleurs nationales posées au sol, il devrait éviter de marcher dessus. Le 13 août, le chef de l’État et son épouse avaient la possibilité de quitter ce tapis maudit, ce tapis de la honte, ce tapis des mafieux ou de faire retirer ces bordures avant la cérémonie. Ne pas l’avoir fait revient à ignorer volontairement la portée symbolique du geste. Le jour de l’indépendance n’est pas une journée ordinaire ; c’est un moment où chaque attitude a un sens et peut envoyer un signal fort au peuple.

En foulant les couleurs nationales ce jour-là, devant la population et les caméras, le président Faustin-Archange Touadera a transmis l’image d’un pouvoir qui ne considère pas l’emblème du pays comme intouchable. Les couleurs étaient bien visibles, et le choix de marcher dessus n’a pas été corrigé ni au départ, ni en cours de route. Ce comportement donne le sentiment qu’on peut disposer de l’image nationale comme d’un simple accessoire de décor. Pourtant, le drapeau centrafricain est né de l’histoire, des luttes et des sacrifices qui ont permis l’indépendance. Chaque couleur a un sens précis, lié à l’unité, à la paix, à l’espérance et au sang versé pour la liberté.

Marcher dessus, c’est symboliquement marcher sur l’héritage de Barthélemy Boganda et de tous ceux qui ont bâti la nation. C’est abaisser, aux yeux de tous, la valeur de l’indépendance et l’idée même de République. En agissant ainsi, le chef de l’État prend la responsabilité d’un geste qui contredit la loi, les règles protocolaire et le respect dû au symbole national. Il ne s’agit pas seulement d’un détail de cérémonie, mais d’un acte qui traduit une manière de gouverner: traiter les symboles du pays comme des objets de décor, banaliser leur profanation et placer l’image personnelle et la mise en scène avant le respect de l’emblème national. Le président et son entourage avaient le devoir de protéger l’intégrité visuelle et symbolique du drapeau, mais le 13 août, ils ont choisi de l’exposer au piétinement.

Source: Corbeau News Centrafrique

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