Africa-Press – CentrAfricaine. Un quatrième milieu. Après avoir colonisé la terre ferme, les airs et l’eau, les dinosaures se sont sans doute également aventurés sous terre pour y creuser des terriers et y passer une partie de leur temps. Cette capacité, nommée fossorialité par les experts, est envisagée depuis une vingtaine d’années avec notamment la découverte d’Oryctodromeus cubicularis, dont une petite famille (un adulte et deux petits) avait été retrouvée dans une chambre souterraine située au bout d’un tunnel de deux mètres de long. Mais les fossiles manquaient pour pouvoir en apprendre plus sur ce comportement.
Un ancêtre de Willo
Fin 2023, de nouvelles analyses réalisées sur un spécimen surnommé Willo ont fait état de spécialisations neurologiques compatibles avec la semi-fossorialité chez ce dinosaure appartenant à la famille des Thescelosauridés et qui vivait à la fin du Crétacé, il y a 66 millions d’années. Cette fois, c’est un de leur ancêtre baptisé Fona herzogae et qui vivait dans l’Utah il y a 99 millions d’années qui est présenté dans la revue The Anatomical Record. D’après les auteurs, de l’Université d’État de Caroline du Nord, ce dernier devait lui aussi passer du temps sous la terre.
Un milieu chaud, humide et boueux, traversé par de nombreuses rivières
Pour arriver à cette conclusion, ils ont en premier lieu étudié les conditions de vie de cet animal et également les potentialités de conservation de ses fossiles. F. herzogae était un petit dinosaure, de la taille d’un gros chien, avec un plan corporel relativement simple qui occupait un territoire qui était autrefois un vaste écosystème de plaine inondable pris en sandwich entre les rives d’un immense océan intérieur à l’est et des volcans et des montagnes actifs à l’ouest. C’était un milieu chaud, humide et boueux, traversé par de nombreuses rivières. Dans ce type d’environnement, les fossiles de petits animaux sont normalement plus rares car leurs « petits os à la surface se dispersent souvent, pourrissent ou sont récupérés avant l’enterrement et la fossilisation », explique Haviv Avrahami, le premier auteur de l’étude.
Or, plusieurs spécimens de Fona ont été retrouvés dans cette région, y compris des animaux regroupés et la plupart dans de bonnes conditions de conservation et presque dans la position dans laquelle ils sont morts, la poitrine baissée avec les membres antérieurs évasés. « S’ils avaient déjà été enterrés dans un terrier avant leur mort, cela aurait rendu ce type de préservation plus probable », précise le paléontologue.
Des adaptations physiques
Les chercheurs ont également étudié les caractéristiques physiques de Fona herzogae. Et, il apparaît que ces dinosaures présentent plusieurs caractéristiques anatomiques communes avec les animaux connus pour creuser ou fouir, telles que de gros membres antérieurs, de forts points d’attache musculaire sur les hanches et les jambes, des os fusionnés le long du bassin (susceptibles d’aider à la stabilité lors du creusement) et des membres postérieurs proportionnellement plus grands que les membres antérieurs.
Tous ces indices suggèrent que ces dinosaures devaient probablement passer une partie de leur vie sous terre, bien qu’aucun terrier fossilisé n’ait encore été découvert. De plus, les analyses phylogénétiques indiquent qu’ils sont les plus proches parents des Oryctodromeus cubicularis, ce qui constitue un indice supplémentaire que la fossorialité était commune dans leur groupe.
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