Africa-Press – Comores. Nommé directeur générale de la santé, il y a quelques semaines, Dr Saindou Ali Mbae a tracé sa feuille de route. De la vaccination, communication, la riposte des épidémies, il fait le point. Ce diplômé de Guinée Conakry mise plus sur le renforcement de la surveillance en Union des Comores.
Le Dr Saindou Ben Aliest originaire de Dzahadjou Hambou (Ngazidja). Père de six enfants, il a étudié au Burkina Faso, puis au Mali et en Guinée Conakry avec un diplôme d’Etat de docteur en médecine en 2009. Cet ancien médecin chef de l’hôpital pole de Foumbouni a travaillé dans quelques hôpitaux notamment El-Maarouf puis a atterri par concours au ministère de la santé où il a été envoyé en formation en Madagascar pendant deux ans puis nommé point focal du projet Réseau de surveillance de la COI. En novembre 2021, il devient le responsable de la surveillance épidémiologique. Interview.
Question : Vous êtes récemment nommé Directeur général de la santé, quels sont vos projets phares ?
Saindou Ben Ali: Tout d’abord, je tiens à remercier le gouvernement de m’avoir honoré en me confiant cette lourde tâche. La semaine dernière, nous avons procédé à la passation de service avec mon prédécesseur. C’était l’occasion pour moi de dévoiler nos projets et le budget que nous visons à mobiliser pour mettre en place notre feuille de route. Nous avons plusieurs secteurs d’intervention notamment la vaccination, la lutte contre le paludisme. Sur ce dernier point, les deux îles (Anjouan et Mohéli) ont réussi à endiguer le paludisme, seul Ngazidja refuse d’adhérer. Il y aura beaucoup d’efforts et de stratégie à mettre en place. Egalement, nous avons le volet de communication, un pilier important dans un ministère. Parallèlement, nous disposons d’un volet appelé « amélioration des infrastructures de santé », le renforcement des institutions et la gouvernance qui sont essentiels sur la qualité des soins de santé primaire et la riposte aux épidémies. Tous ces volets demandent un budget de fonctionnement, bien évidemment, nous devons adhérer à certaines démarches pour y accéder. En outre, il y a les projets phares du gouvernement, notamment le projet PDFC incluant l’Assurance Maladie Généralisée (AMG), le renforcement de santé communautaire. Pour l’Ocopharma, le ministère vise à mettre en place un laboratoire de qualité, extension d’un hangar de stockage à Ngazidja ainsi qu’une ouverture d’une bibliothèque répondant aux normes destinée aux étudiants de l’école de médecine et de santé publique pour les pousser à étudier efficacement ainsi que trois bus à leur disposition pour faciliter les déplacements et d’autres projets. Bien évidement, avec la hiérarchie ainsi que les directions régionales nous allons réunir nos forces pour mettre en place tous ces projets.
Question : Vous étiez le Chargé de la surveillance pendant 4 ans, beaucoup en disent que le système est défaillant. Quelle stratégie à mettre en place pour rehausser la pente sur ce domaine ?
S.B.A : Il est vrai que le système de surveillance est défaillant, et il n’y a pas que les Comores. Vous avez vu ce qui s’est passé avec le Covid et ce dans le monde entier. C’est pour cela que j’en ai parlé avec mes agents et collaborateurs, que nous devons renforcer la surveillance pour éviter tout risque de maladie dans le pays. Et cela fait partie de mes priorités. Avec la hiérarchie nous allons rapidement nommer un responsable de la surveillance pour que nous puissions renforcer le système. Bien évidement, cela va demander des moyens de fonctionnement que nous allons mobiliser ou rechercher auprès des partenaires disposés à nous accompagner, comme l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la Croix Rouge, etc. J’ai vu l’expérience, raison pour laquelle le renforcement de la surveillance doit être un pilier. D’ailleurs, il y a des consultants qui sont là, des formations ont été dispensées afin de mettre en place une base solide.
Question : Ngazidja est connu comme le mauvais élève en matière de lutte contre le paludisme, avez-vous une autre méthode à adopter ?
S.B.A : Chaque ile à sa particularité. Au niveau de l’adhésion, à Ngazidja, il y a toujours eu des difficultés. Nous n’allons pas changer de stratégies mais plutôt renforcer la sensibilisation. Et dans tous les programmes, nous avons un système incluant des agents communautaires. Ces derniers sont indispensables dans la lutte et la sensibilisation.
Question : Depuis 2019, le monde est frappé par la Covid19 et aujourd’hui il y a la menace de la Variole du singe. Quelles sont les dispositions prises pour barrer la route à ces épidémies ?
S.B.A :C’est vrai que le pays a été frappé de plein fouet par la Covid-19 et on a beaucoup appris. Aujourd’hui, nous devrons mettre le paquet sur le renforcement de la surveillance hospitalière et au niveau des points d’entrée, par le renforcement des capacités des agents, l’équipement dans les structures, etc. Ce n’est pas tout. Nous devons aussi miser sur le renforcement du système de laboratoire en réactifs, en formation des agents et en capacité de diagnostic y compris le séquençage, une mise à jour des plans de préparation et de riposte aux épidémies, et le renforcement de la prévention et contrôle aux infections pour ne citer que ceux-là.
Propos recueillis par Andjouza Abouheir
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