Africa-Press – Comores. Alors que le pays célèbre son cinquantenaire, la Journée internationale de la langue swahilie, célébrée le 9 juillet, prend une dimension particulière à Moroni, où la langue devient à la fois un vecteur de diplomatie et un marqueur d’identité nationale.
La langue swahilie, parlée par plus de 200 millions d’Africains, s’invite au cœur des commémorations nationales. Le 9 juillet prochain, une cérémonie rendra hommage à cette langue transnationale, symbole d’unité africaine, dans un contexte marqué par les 50 ans d’indépendance de l’archipel. Lors d’une conférence de presse tenue le 1er juillet dernier à Moroni par l’ambassade de Tanzanie, l’ambassadeur Saidi Yakubu a rappelé les liens historiques et humains qui unissent les Comores à son pays. « Le swahili est bien plus qu’un outil de communication. Il témoigne d’une histoire d’échanges, de mariages, de partages entre nos deux peuples. » Cette proximité se traduit encore aujourd’hui par des mouvements migratoires, commerciaux et sanitaires entre les deux pays.
L’initiative de l’UNESCO d’instaurer cette journée internationale en 2022 répond à un besoin croissant de reconnaître le rôle du swahili comme langue africaine de référence. Aux Comores, le shikomori langue nationale partage une origine commune avec le swahili, enrichie au fil du temps par les mêmes influences arabes, persanes et bantoues. Pour Abdelkader Mahamoud, président de l’Amicale Comores-Tanzanie, « cette journée n’est pas une simple célébration linguistique, c’est un message d’unité pour notre région. Elle nous rappelle que nous appartenons à une même matrice culturelle et historique ». L’association prévoit d’ailleurs plusieurs activités culturelles à Moroni, croisant musique, poésie et gastronomie swahilie, pour ancrer cette fraternité linguistique dans le quotidien des Comoriens.
Cette reconnaissance du swahili comme langue vecteur de paix, de solidarité et de développement résonne aussi avec l’ambition comorienne de renforcer sa diplomatie régionale. En s’ouvrant davantage à ses voisins de l’Afrique de l’Est, les Comores affirment leur ancrage dans une dynamique linguistique et géopolitique en pleine évolution. Dans les écoles comoriennes, le swahili est souvent perçu comme un cousin linguistique familier. Mais cette journée pourrait marquer un tournant dans son apprentissage et sa valorisation. Plusieurs enseignants espèrent qu’à terme, la langue bénéficiera d’un véritable statut au sein du système éducatif, à l’image de l’arabe et du français. En célébrant le swahili en même temps que la fête de l’indépendance, le pays affirme une double appartenance, l’une à sa propre histoire nationale, et l’autre à une Afrique unie par les langues, les luttes et les valeurs partagées. Le 9 juillet, la langue swahilie ne sera pas seulement honorée pour son passé, mais pour son rôle dans le futur collectif d’un continent en quête de d’unité et de développement.
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