Africa-Press – Comores. À Mutsamudu, sur l’île d’Anjouan, l’administration fait face ces derniers jours à une affluence exceptionnelle. Obtenir une carte d’identité nationale n’est plus perçu comme une simple formalité, mais comme un devoir civique. Résultat: les demandes de certificats de résidence, document indispensable pour déposer un dossier de carte d’identité connaissent une hausse spectaculaire.
À la mairie de Mutsamudu, l’effervescence est palpable. « En temps normal, nous traitons environ 45 certificats par jour. Hier, nous en avons enregistré 124 », souligne Amri Elarisse Mohamed, maire de la capitale anjouanaise. Une hausse qui a poussé les agents municipaux à prolonger leur journée de travail bien après 17h30. Même constat dans d’autres localités, comme à Koki-Bazimini, où le maire observe également une augmentation notable. « Cela contribue certes à remplir les caisses communales, mais surtout, c’est la preuve que les citoyens d’Anjouan sont réceptifs à la sensibilisation », dit-il. Cette ruée vers les documents d’identité intervient dans un contexte de contrôles renforcés. L’opération, d’abord critiquée, semble aujourd’hui faire consensus. La peur de sanctions laisse peu à peu place à une compréhension collective. « Je vais déposer mon dossier. Aujourd’hui, c’est la police qui contrôle, demain, ce sera peut-être les employeurs », témoigne Abou Guiguilo, docker au port de Mutsamudu.
Au-delà des contrôles, de nombreux Anjouanais réalisent l’utilité de la carte dans leur quotidien. L’artiste Marie Mahamoud, du groupe Twama ya Komor, illustre cette prise de conscience: « Avoir sa pièce d’identité, c’est comme avoir un GPS dans un bateau. Un jour, à La Réunion, je me suis perdue. Grâce à ma carte, on a pu me ramener chez moi. » Pour elle, il s’agit d’un outil vital: « En cas d’accident ou d’évacuation, avoir sa carte d’identité peut sauver des vies. » À Mutsamudu, la police combine contrôle et pédagogie. Sur le boulevard Les Coelacanthes, un agent interpelle des passants: « Nous avons tous de la famille à l’étranger. Pour envoyer de l’argent, la carte est obligatoire. Un Comorien avec sa carte, c’est une fierté. » Selon les autorités, aucun incident ni arrestation n’a été signalé depuis le début des contrôles, preuve que l’approche privilégie l’éducation plutôt que la répression.
Ce regain d’intérêt marque un véritable sursaut civique. Dans un pays où l’accès aux services, aux transferts d’argent ou encore à l’emploi dépend souvent de l’identification formelle, la carte d’identité devient indispensable. Pour le maire de Mutsamudu, ce rappel est essentiel: « La carte d’identité est un document fondamental. Elle prouve officiellement qui est le citoyen, lui donne accès à ses droits, facilite ses démarches et renforce son lien avec l’État. » Une mobilisation qui illustre bien qu’avec un accompagnement adapté, une politique publique peut rallier l’adhésion massive des citoyens.
Pour plus d’informations et d’analyses sur la Comores, suivez Africa-Press