Sambi Entame Sa Huitième Année de Détention

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Sambi Entame Sa Huitième Année de Détention
Sambi Entame Sa Huitième Année de Détention

Africa-Press – Comores. Cela fait désormais sept ans qu’Ahmed Abdallah Mohamed Sambi, ancien président de l’Union des Comores, est privé de liberté. Le 18 mai dernier l’homme au turban vert entamait sa huitième année de détention, lui qui a été condamné à la réclusion à perpétuité en novembre 2022 par la Cour de sûreté de l’État, dans le cadre de l’affaire dite de la « citoyenneté économique ». Ses partisans, tout comme plusieurs figures de l’opposition, continuent de dénoncer un procès politique et une « injustice flagrante ».

Arrêté en mai 2018, Sambi est depuis maintenu en détention dans des conditions régulièrement critiquées par ses proches et ses avocats, qui évoquent de nombreuses irrégularités tant sur le plan juridique que procédural. Pour commémorer cette huitième année d’incarcération, ses partisans ont organisé une prière collective le 18 mai dernier. Un moment de recueillement, mais aussi de mobilisation politique, où l’inquiétude sur la dérive autoritaire du régime a largement été exprimée. « C’est Azali qui décide de tout. Sambi est devenu un otage politique », déclare Ahmed Hassane El-Barwane, secrétaire général du parti Juwa. Selon lui, la détention de l’ancien président repose entièrement sur la volonté du chef de l’État, Azali Assoumani. « Même les avocats ne peuvent plus le voir. Aujourd’hui, seul Azali peut décider de sa libération. Mais nous gardons espoir », ajoute-t-il.

Interrogé par nos soins, Me Ahamada Mahmoud, l’un des avocats de Sambi, dénonce fermement les conditions de détention de son client. « Depuis le 18 mai, cela fait huit ans qu’Ahmed Abdallah Sambi est privé de liberté de façon injustifiée. Son placement en résidence surveillée initiée par l’ancien ministre de l’intérieur est illégal. Seul un juge peut ordonner une telle mesure », rappelle-t-il. L’avocat retrace une procédure qu’il juge arbitraire dès ses débuts. D’abord une décision administrative fondée sur une simple note circulaire, ensuite une inculpation sur la base d’un dossier qu’il qualifie de vide. « Ce qui a suivi n’est rien d’autre qu’une parodie de justice. La procédure a été lancée sans aucun fondement juridique réel », affirme-t-il.

Selon Me Mahmoud, le recours à la Cour de sûreté de l’État pour juger Sambi était une manœuvre politique visant à éliminer un adversaire jugé trop influent. « Le dossier relevait du droit commun. Mais on a volontairement détourné la procédure vers une juridiction d’exception, dont les décisions ne peuvent faire l’objet d’aucun recours. Le but était de neutraliser une figure politique charismatique capable de remettre en question les ambitions du colonel Azali. » Il dénonce ce qu’il appelle une « mise en scène macabre » orchestrée par le pouvoir, qui a selon lui a transformé un contentieux judiciaire en instrument d’élimination politique.

L’avocat élargit sa critique à d’autres opposants emprisonnés, notamment l’ancien gouverneur Salami. Pour lui, la stratégie est la même: « c’est le peuple comorien qui a été meurtri dans son âme et sa chaire. En ma qualité d’homme politique, je m’insurge contre toutes les injustices y compris celles qui ont frappé tant l’ancien président Sambi que l’ancien gouverneur Salami. Ces deux procédures avec le même mode opératoire et les mêmes acteurs ont abouti aux mêmes résultats à savoir faire taire des opposants gênants pour le pouvoir. » Selon lui, « les organisateurs de ces parodies endossent une lourde responsabilité vis à vis du peuple comorien et de l’histoire de notre pays. Plus jamais ça.»

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