En Centrafrique, comment Martin Ziguélé veut s’affirmer en opposant numéro un à Faustin-Archange Touadéra

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En Centrafrique, comment Martin Ziguélé veut s’affirmer en opposant numéro un à Faustin-Archange Touadéra
En Centrafrique, comment Martin Ziguélé veut s’affirmer en opposant numéro un à Faustin-Archange Touadéra

Africa-Press – Côte d’Ivoire. Absent du pays pendant plusieurs mois, l’opposant centrafricain est de retour après un long séjour en France. Avec un nouveau plan de bataille contre le pouvoir.

Les rires et les tintements des plats déchirent le silence habituel qui règne dans ce quartier résidentiel du 1er arrondissement de Bangui, en cette soirée du 19 février. Tout sourire, Martin Ziguélé, en tenue décontractée, reçoit des membres de sa famille venus le saluer lors d’un dîner. Feuilles de manioc, frites de plantain à l’huile de palme et quelques mets traditionnels sont au menu pour fêter le retour au pays de l’un des opposants les plus farouches au pouvoir en place en Centrafrique.

Parti de Bangui fin août « sur une autorisation officielle du président de l’Assemblée nationale » selon Martin Ziguélé, le député et leader de l’opposition n’était plus rentré au pays depuis. Craignait-il le climat politique très tendu en Centrafrique ? S’il reste évasif, tout porte à croire que c’est l’une des raisons de son absence prolongée. Comme d’autres opposants, il avait d’ailleurs déjà choisi de partir pour la France pendant la période de la modification constitutionnelle, votée en juillet.

Ziguélé veut « mener le combat sur place »

Depuis plusieurs mois, l’opposition centrafricaine est loin d’être à la fête. Intimidations, arrestations, filatures sont le lot quotidien de plusieurs opposants. Crépin Mboli-Goumba a subi des menaces de mort, puis a été arrêté, jugé et condamné à un an de prison avec sursis. Pour son retour, Martin Ziguélé se veut toutefois rassurant. « Je n’ai rien fait qui puisse m’inquiéter, affirme-t-il Je suis rentré parce que j’ai estimé qu’il est mieux de mener le combat sur place, quel que soit ce que cela peut coûter ».

Il peaufine aujourd’hui son calendrier. « Je me suis absenté pendant longtemps. Je dois tout reprendre en main et faire une mise à jour », explique-t-il à Jeune Afrique. Dès le 22 février, il a présidé la cérémonie du 45ème anniversaire du Mouvement de libération du peuple centrafricain (MLPC, son parti). L’occasion, déjà, pour plusieurs leaders de partis politiques d’opposition à Faustin-Archange Touadéra, de se retrouver.

Mais, pour l’opposant et ancien Premier ministre, c’est véritablement un mois plus tard que la bataille s’est lancée. Sous une chaleur suffocante, le 30 mars, Martin Ziguélé, vêtu d’une chemise en pagne et arborant une écharpe verte portant le logo de son parti et sa propre effigie autour du cou, est alors accueilli par une foule de militants de sa formation politique dans le quartier Sara à Bangui.

Ce jour-là, les militants se retrouvent pour l’assemblée générale du parti, censée clore une période difficile, marquée par des conflits internes, une scission, puis l’absence prolongée de son chef. « La réussite de cette assemblée générale marque un nouveau chapitre pour le MLPC à Bangui. Le parti se dote désormais d’une nouvelle équipe dynamique et engagée, prête à relever les défis et à poursuivre le combat », communique le MLPC après cette rencontre.

Franchir un cap lors des prochaines élections

Issue des nouvelles stratégies pensées par Martin Ziguélé, cette rencontre avec les militants du parti a tout d’abord pour objectif de réconcilier ses membres mais, surtout, doit marquer « une étape cruciale dans le processus de revitalisation du parti », note-t-on au sein du MLPC. En d’autres termes: inaugurer une posture d’opposition plus frontale face au camp présidentiel réuni derrière le chef de l’État Faustin-Archange Touadéra.

Notre ambition est de constituer une alternative crédible à ce pouvoir qui a échoué sur tous les plans

Déjà, quelques jours plus tôt, Martin Ziguélé était en première ligne aux côtés de l’opposant Crépin Mboli-Goumba, condamné pour « diffamation » et « outrage à magistrat » après avoir dénoncé le manque d’indépendance des juges centrafricains. L’ancien Premier ministre, par ailleurs porte-parole du Bloc républicain de défense de la Constitution (BRDC), dénonçait alors avec virulence « une instrumentalisation de la justice » visant à intimider et museler l’opposition.

« Notre stratégie ne se résume pas qu’à combattre les dérives de plus en plus inquiétantes du pouvoir. Notre ambition est de renforcer les bases du parti, son discours et sa pratique, afin de constituer une alternative crédible à ce pouvoir qui a échoué sur tous les plans », explique Martin Ziguélé. L’ancien Premier ministre veut aussi mener la bataille sur un terrain diplomatique et des rencontres entre l’opposant et des représentants d’États et d’institutions internationales sont prévues à Bangui.

« Ziguélé est porte-parole d’une plateforme influente de l’opposition. Il est crédible aux yeux de la communauté internationale qui veut à tout prix créer un cadre de dialogue entre le pouvoir et l’opposition. En plus de cela, diplomatiquement, il a un carnet d’adresses très riche », reconnaît un diplomate à Bangui. Assez pour jouer un rôle de premier plan lors des prochaines échéances électorales ? En 2016, il avait terminé la présidentielle à la troisième place, derrière Touadéra et Anicet-Georges Dologuélé.

Source: JeuneAfrique

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