Africa-Press – Côte d’Ivoire. Il y a quelques semaines, les échanges entre la Côte d’Ivoire et le Fonds monétaire international (FMI) se sont accélérés. Depuis la fin du dernier programme triennal du Fonds monétaire international en Côte d’Ivoire en 2019, un an l’élection présidentielle d’octobre 2020, le gouvernement ivoirien avait maintenu le contact avec l’institution de Bretton Woods, qui a effectué plusieurs missions dans le pays, sans pour autant demander un soutien plus important.
Eu égard de la situation économique du pays, le président ivoirien, Alassane Ouattara, espère désormais obtenir un accord au plus tard en avril prochain avec le FMI, et ainsi débloquer un prêt de 2,6 milliards de dollars avant la fin du premier semestre 2023.
Deux instruments de décaissement
« Le président, qui suit le tableau de bord des opérations de l’État, anticipe que la balance de paiements pourra difficilement donner assez de marge au pays dans un contexte de crise financière internationale à l’horizon », a confié à Jeune Afrique, une source proche des négociations.
Précisément, le gouvernement négocie deux instruments de décaissement, la Facilité élargie de crédit (FEC) et le Mécanisme élargi de crédit (MEDC). Des outils que le FMI active pour les pays qui éprouvent des difficultés sur leur balance de paiement, en leur proposant un accompagnement financier et structurel assorti d’un délai de remboursement plus long.
La dernière ligne droite des discussions a pris place le 14 mars à la présidence ivoirienne, en présence notamment du vice-président, Tiémoko Meyliet Koné, du Premier ministre, Patrick Achi, du directeur de cabinet du vice-président, Emmanuel Ahoutou, du directeur de cabinet du Premier ministre, Karim Traoré, du secrétaire général de la présidence, Abdourahmane Cissé, du ministre des Finances, Adama Coulibaly, ainsi que de son collègue au Budget, Moussa Sanogo.
Mais avant cette rencontre, la délégation du FMI, conduite par Olaf Unteroberdoerster, chef de division, s’était donné quatorze jours, au début de mars, pour passer en revue la situation économique de la Côte d’Ivoire et les réformes en cours.
Déficit budgétaire de 5 % du PIB
Le Fonds a ainsi échangé avec l’agence nationale de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) pour connaître l’état précis de la balance de paiements et de certains agrégats macroéconomiques.
Selon des statistiques de la banque centrale, en 2021, et s’agissant de l’inflation, l’évolution des prix à la consommation s’est établie à +5,6 %, après +2,4 % en 2020. Elle est due principalement aux chocs sur l’offre de produits alimentaires, en raison notamment de conditions climatiques défavorables, alors que la demande locale est demeurée vigoureuse.
Au niveau des finances publiques, si les recettes ont augmenté en 2021, à 6 140 milliards de F CFA (+16,1 %), les dépenses ont également progressé, à 8 102 milliards F CFA (contre 7 255 milliards en 2020) afin d’atténuer l’impact du Covid-19 et de remonter le volume des investissements de la Côte d’Ivoire.
En définitive, le déficit budgétaire est ressorti à 5 % du PIB, après 5,6 % en 2020. Enfin, concernant les indicateurs monétaires, les actifs monétaires extérieurs de la Côte d’Ivoire étaient en hausse, à 1066,6 milliards de F CFA dans un contexte de consolidation. Les créances intérieures – également en hausse, de 1721,4 milliards de F CFA – ont atteint 13 761,8 milliards de F CFA à la fin de décembre 2021. Et la masse monétaire a progressé, quant à elle, de 18,7 %, à 2 392,7 milliards de F CFA.
Une économie aux fortes disparités
À l’issue de sa mission, le FMI a relevé que « la Côte d’Ivoire a enregistré de nombreux progrès, avec un produit intérieur brut (PIB) qui a progressé de 5,5 % en 2022, et une prévision de croissance de 6,5 % pour 2023 » (après +7,4 % en 2021 et +2 % en 2020). L’inflation a été contenue, et ce, à l’un des plus faibles taux de la sous-région ouest-africaine. Selon les prévisions de l’institution, elle devrait s’établir à 4 % en 2023.
Mais l’embellie de l’économie ivoirienne, dont la croissance au cours des dernières années est portée par les exportations notamment de cacao ou encore les investissements dans les infrastructures, a laissé apparaître des disparités au niveau des autres secteurs de l’économie. Une croissance plus inclusive est en ligne de mire. À ce titre, le gouvernement a poursuivi le programme social du gouvernement 2 (PSGouv2) d’un montant de 3 200 milliards de F CFA sur trois ans pour l’inclusion des populations vulnérables.
« Le PSGouv2 dépasse largement l’ambition du premier […] et veut faire de l’insertion scolaire, sociale et économique de la jeunesse sa pierre angulaire, sa raison d’être. Le PSGouv2 mettra au cœur de son réacteur, un appui puissant à la jeunesse, dans toutes les régions » avait expliqué Patrick Achi à propos de ce programme qui s’inscrit « en cohérence avec le Plan national de développement (PND) 2021-2025 » du gouvernement.
Ainsi, le nouveau programme du FMI en discussion vise le maintien de la stabilité économique, tout en se focalisant sur le PND ivoirien. La Côte d’Ivoire devra en outre accélérer plusieurs réformes sectorielles – notamment dans le cacao – afin d’améliorer le niveau des recettes fiscales, la soutenabilité de la dette, la lutte contre la corruption, la stabilisation du déficit budgétaire, a précisé l’institution internationale.
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