Thaïs Brouck
Africa-Press – Côte d’Ivoire. La bourse ouest-africaine a franchi, pour la première fois, la barre symbolique des 8 000 milliards de francs CFA. Une capitalisation record, reflet de la confiance des investisseurs mais aussi du regain de forme des titres vedettes de la place d’Abidjan.
Jamais la capitalisation de la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM) n’avait atteint de tels sommets. Le 12 septembre, le marché des actions a dépassé, pour la première fois, le cap des 8 000 milliards de FCFA (12,2 milliards d’euros). Depuis le début de l’année, la progression est de 5,85 % et elle dépasse même 18 % sur deux ans. « Cela démontre la confiance des investisseurs et la résilience des entreprises cotées à la BRVM », estime Régis Couao-Zotti, secrétaire exécutif de la Société ouest-africaine des analystes financiers et professionnels de l’investissement (SOAAP).
Sur le marché des actions de la bourse régionale, qui rassemble les valeurs des huit pays* de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa), la tendance est à la hausse depuis le début de l’année.
Une hausse soutenue par trois titres
« Trois titres ont particulièrement tiré la capitalisation boursière du marché action vers le haut depuis janvier, détaille Christian Kouame Zegbe, analyste financier chez Phoenix Capital Management. BOA Côte d’Ivoire, qui pèse 1,55 % de la capitalisation boursière a progressé de 68 %, Société générale CI (6,99 % de la capitalisation boursière) a vu son cours augmenter de 52,3 % et Ecobank CI (4,69 % de la capitalisation boursière) a grimpé de 40,1 % ».
La valeur des actions de Sonatel, qui pèse pour plus de 20 % de la capitalisation de la bourse ouest-africaine, a également progressé de 8,5 % depuis janvier.
Mais ce sont finalement les bons résultats semestriels dévoilés récemment par Société générale CI (+58 % des bénéfices) et Ecobank CI (+35 %), qui ont le plus contribué à la bonne performance de la bourse dirigée par le Togolais Félix Edoh Kossi Amenounve. Depuis 2012, la capitalisation boursière du marché des actions de la BRVM a même doublé. « De 2012 à 2015, la dynamique était importante et nous avons connu une forte progression, se souvient Félix Edoh Kossi Amenounve. Les entreprises ivoiriennes représentaient 76 % du total des entreprises cotées. Le pays sortait d’une crise qui avait duré 10 ans, l’économie était florissante, les investisseurs étaient en confiance. Les niveaux de rendements pouvaient atteindre les 50 à 60 %. »
Record en trompe-l’œil
Cependant, les performances des trois banques précitées n’expliquent pas à elle seules la progression de la BRVM. Ces dix dernières années en effet, le nombre de sociétés cotées à Abidjan est passé de 37 à 46. La place financière a accueilli Ecobank et NSIA en 2017, Oragroup en 2018, et surtout Orange Côte d’Ivoire à la fin de 2022. Après sa cotation, le 30 décembre dernier, la filiale du groupe de télécoms français représentait déjà 21 % de la capitalisation du marché des actions, pour une valorisation de plus de 1 500 milliards de F CFA.
Ce record affiché par la BRVM peut donc également être vu comme une performance en trompe-l’œil. Sans l’arrivée d’Orange, la BRVM afficherait aujourd’hui mathématiquement une capitalisation aux alentours de 6 500 milliards de F CFA, soit 1 000 milliards de moins que le précédant record de 7 500 milliards établi il y a 8 ans, le 21 octobre 2015.
Puis, comme le rappelle le DG de la BRVM, « après ce pic de 2015, la tendance s’est inversée, beaucoup d’investisseurs ont décidé de prendre leurs bénéfices ». Le marché de la BRVM n’a retrouvé des couleurs qu’à partir de 2021, après la pandémie de Covid-19.
Roadshows à l’international
Aujourd’hui, la bourse basée à Abidjan est toujours la sixième place financière africaine, loin derrière Johannesburg, Lagos, Le Caire, Casablanca et Nairobi.
En attendant, et fort de ce plus haut historique, Félix Edoh Kossi Amenounve entend surfer sur les bonnes performances retrouvées pour attirer davantage d’investisseurs internationaux, qui représentent environ 30 % des volumes échangés. Initiés en 2014 et mis en sommeil à cause de la pandémie, les « BRVM investment days » devraient, selon Félix Edoh Kossi Amenounve, reprendre d’ici à la fin de l’année. Le directeur général doit en outre se rendre en Afrique du Sud, puis à Londres et à New York pour convaincre la planète finance du dynamisme de la place ouest-africaine.
*Union économique et monétaire ouest-africaine : Bénin, Burkina Faso, Guinée-Bissau, Côte d’Ivoire, Mali, Niger, Sénégal et Togo.
Source: JeuneAfrique
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