Législatives en Côte-d’Ivoire, la bonne affaire des imprimeurs (REPORTAGE)

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Législatives en Côte-d’Ivoire, la bonne affaire des imprimeurs (REPORTAGE)
Législatives en Côte-d’Ivoire, la bonne affaire des imprimeurs (REPORTAGE)

Africa-PressCôte d’Ivoire. Jocelyne LIADE

A Abidjan, la capitale économique ivoirienne, la campagne pour les élections législatives, prévue du 26 février au 4 mars, représente une opportunité « à ne pas rater » pour se faire le maximum d’argent dans l’imprimerie de tee-shirts, d’affiches et de gadgets à l’effigie des candidats en lice.

« Hormis la rentrée des classes, la période des campagnes électorales est notre traite. On ne doit pas la rater. C’est le moment de se faire de l’argent parce que les politiques en ont assez pour gaspiller », rigole le jeune Alexis Bayala, chef d’atelier dans une imprimerie à Marcory-Sicogi (Abidjan Sud).

Assis dans un magasin dont on ne voit plus le sol, parce que parsemé d’affiches et de tee-shirts déjà confectionnés et emballés dans de grands sacs, prêts à être livrés, Alexis vérifie avec minutie la totalité de la commande d’un candidat du parti au pouvoir, le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP).

« Cette année, on a reçu des commandes de 20 candidats qui exigent 3.000 à 5.000 tee-shirts chacun. Celui-ci (présentant la photo du candidat RHDP) en a commandé 5.000, il doit passer récupérer ses tee-shirts cet après-midi », explique cet imposant chef d’atelier, non sans arrêter sa vérification.

Tout comme Alexis Bayala, Adama Coulibaly, fondateur et directeur général de Gozen Imprimerie situé au petit marché de Marcory non loin de l’église Sainte Bernadette, admet qu’il a de nombreuses commandes (1.000 à 3.000 tee-shirts pour cinq candidats de son côté), contrairement aux campagnes présidentielles d’octobre 2020.

Pour pouvoir livrer ses commandes à temps, le rythme de travail des employés de Gozen Imprimerie a complètement changé, confie Adama.

« Cela fait plus de trois semaines que nous veillons mon équipe et moi. Nous sommes obligés d’accélérer pour être dans le délai afin de satisfaire nos clients. Mais d’ici la fin de la semaine, ce sera fini », se réjouit-il, avouant avoir abandonné son titre de directeur et mis la main à la pâte pour aider ses « collaborateurs. »

Même engouement chez Carlos Memel, un autre imprimeur installé à Anonkoua, un quartier d’Abobo (Abidjan-Nord).

Seul dans son atelier, ce quinquagénaire, apparemment convalescent, compte « (se) rattraper » au cours de cette période de campagne, avec les quelques commandes qu’on lui a faites.

En effet, Carlos confie que, bien que sollicité lors de la rentrée des classes pour la confection des maillots d’épreuves physiques et sportives des élèves, il n’a pu être opérationnel, car « gravement malade ».

« Grâce à Dieu, je me porte mieux. Je vais profiter de ces élections pour me remplir les poches », espère-t-il, tout en jetant un clin d’œil à son neveu qu’il envisage « entrainer » dans son « aventure. »

« Généralement, la confection d’un tee-shirt coûte entre 1.000 F CFA et 3.000 FCFA en fonction de la qualité de celui-ci et surtout en fonction de la commune dans laquelle il est confectionné. Pour se faire le maximum d’argent, il faut alors avoir plusieurs commandes, mais également la main d’œuvre qu’il faut », renchérit-il.

Pour le propriétaire d’Ivoire Production situé à Adjamé Mirador (Abidjan nord), Paul Kouassi, les campagnes électorales sont évidemment « très attendues et très prisées » des imprimeurs. Cependant, lorsqu’elles arrivent, les marchés se font par personnes interposées, un mécanisme nommé « sous-traitance. »

« Il est très difficile d’entrer en contact direct avec les candidats », déplore M. Kouassi, ajoutant : « ce sont les grosses maisons d’imprimerie qui se procurent le pactole et viennent nous mettre la pression. »

Néanmoins, « tout le monde gagne son pain pendant les campagnes », sourit cet imprimeur exerçant depuis près de dix ans.

Tout compte fait, Alexis et Adama, Carlos et Paul se disent « prêts à tout » pour amasser de grosses recettes, quitte même à satisfaire les commandes de « dernière minute des candidats peu nantis », comme ils les appellent.

 

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