Africa-Press – Côte d’Ivoire. La ville de Korhogo fait partie des cinq qui abriteront les match de la 34è édition de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) du 13 janvier au 11 février 2024. Monographie.
Situé à 600 km d’Abidjan au Nord de la Côte d’Ivoire, le département de Korhogo est le chef-lieu de région du Poro et du district autonome des Savanes. Korhogo signifie héritage en langue Sénoufo. La population est composée d’autochtones Senoufo (Tiébara, Nafara, Fodonon, Koufoulo, etc), d’allochtones originaires de diverses régions de la Côte d’Ivoire et d’allogènes ressortissants des pays de la Communauté économique de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO), notamment des Burkinabè et Maliens.
Korhogo est la troisième ville la plus peuplée de la Côte d’Ivoire, et la plus grande ville du nord du pays avec une population estimée à 440 926 habitants, selon le Recensement général de la population et de l’habitat (RGPH) de 2021.
Au plan politique
Le district autonome des Savanes, dont le siège est à Korhogo, est dirigé par le Ministre-Gouverneur, le Général Issa Coulibaly. Le conseil régional du Poro est présidé par Fidèle Sarrasoro. Le premier magistrat de la commune se nomme Lacina Ouattara. Le chef de Canton de Korhogo se nomme Majesté Issa Coulibaly. Les députés de la commune sont, le Ministre du pétrole, de l’Energie et des Mines, Coulibaly Sangafowa Mamadou, le conseiller technique du Président de la République, Lacina Ouattara dit Lass PR et Coulibaly Madjara. Le Ministre de la communication Coulibaly Amadou est le député de la sous-préfecture de Korhogo,
Historique du peuplement
Historiquement, le peuple Senoufo trouverait ses origines dans le Mali actuel, d’où il aurait migré pour s’installer dans le Nord de la Côte d’Ivoire. Le peuple Senoufo est composé d’une cinquantaine de sous-groupes. Les sous-groupes que l’on rencontre dans le département de Korhogo sont les Tiembara, les Fodonon, les Nafara, les Kafire.
La cité de Korhogo aurait été fondée entre le 14è et le 18è siècle par Nanguin Soro. Ce dernier, captif du puissant royaume de Kong, réussit à s’enfuir pour s’installer sur une terre plus paisible, qu’il baptisa «Korgue» par déformation prononcé « Korhogo », signifiant en Senoufo, « fortune ou héritage ».
Depuis le chef fondateur de Korhogo, 17 personnalités se sont succédé à la chefferie traditionnelle jusqu’à l’actuel chef de canton, Issa Coulibaly qui a succédé à Baffao Coulibaly.
Un trait caractéristique du peuple Senoufo se révèle être le «Poro», qui du reste, a servi de prétexte à la dénomination de la région du Poro.
Le «Poro» apparaît comme un rite d’initiation où l’on apprend l’art de vivre en société et de gouverner. C’est aussi une organisation séculaire fondée sur des bases rituelles et traditionnelles. Il sert de ciment entre les différentes composantes de l’organisation sociale et détermine le système de transmission des coutumes aux acteurs sociaux.
Les caractéristiques physiques
Le relief de la ville de Korhogo est caractérisé par un vaste ensemble de plateaux, surmontés par endroits de quelques élévations isolées, constituées de dômes granitiques et de collines.
Le climat se caractérise par un climat tropical soudano-guinéen, marqué par deux grandes saisons, une pluvieuse qui s’étend de mai à octobre, une sèche, de novembre à avril. La saison sèche est accompagnée par l’harmattan (un vent à la fois trop humide et sec), entre les mois de décembre et février ainsi que des pointes de chaleur entre mars et avril.
Quant à la végétation, elle est constituée de savanes herbeuses et arborées. On note cependant la présence de forêts galeries tout le long des cours d’eau. Plusieurs forêts sacrées, dont l’accès est interdit, s’y trouvent.
Les eaux sont drainées par le bassin versant du Bandama. Le réseau hydrographique est relativement dense. Il est constitué des affluents du Bandama. La pluviométrie annuelle varie entre 1.200 mm et 1.400 mm.
Les caractéristiques économiques
La majorité de la population de Korhogo tire son revenu, des principales cultures agricoles, pérennes et vivrières, à savoir le coton, l’anacarde, la mangue, le riz, le maïs, le mil et l’arachide.
Le coton appelé « l’or blanc » est la première principale culture de rente du département de Korhogo avec une production 157 mille tonnes en 2021, suivie de l’anacarde avec une production de 100 mille tonnes. La mangue, malgré le manque d’encadrement, a un rendement annuel de 37 mille tonnes selon l’inter mangue.
Le beurre de karité avec plusieurs associations de femmes notamment à Natio Kobadara et au quartier Petit paris, contribue efficacement à l’économie de la ville de Korhogo.
Les cultures maraîchères sont également développées dans le département. De nombreux groupements de femmes pratiquent ces cultures, notamment le concombre, le piment, l’aubergine, la carotte, la tomate, le chou, la laitue, le haricot vert, le gombo, l’oignon, le haricot nain, le melon et le poivre.
Les cultures vivrières constituent aussi une source de richesses importante. Les flux des produits vivriers captés par l’Office d’aide à la commercialisation et la promotion des produits vivriers (OCPV) aux corridors de Korhogo en témoignent.
L’élevage tient aussi une place cruciale dans l’économie du département de Korhogo. Cette activité, à la fois traditionnelle et moderne, est orientée vers l’élevage des bovins, des porcins, des ovins, des caprins et de la volaille.
Le commerce représente la seconde activité principale après l’agriculture. Autochtones Senoufo, allochtones et allogènes se livrent la concurrence sur les marchés, sur les trottoirs et au niveau des magasins. Les produits vendus sont divers et variés, notamment les vivriers, les tenues vestimentaires et les matériaux de construction.
Au cours de ces 10 dernières années, à la faveur de la crise militaro-politique, le commerce des engins à deux roues et des produits accessoires s’est développé dans le Nord de la Côte d’Ivoire, particulièrement dans la capitale de la cité du Poro et du district des Savanes.
Quant à l’industrie, elle y est très peu développée. On note toutefois, au chef-lieu de département, quatre unités d’égrenage de coton et une dizaine d’unités de traitement et de conditionnement de la mangue et plusieurs unités de transformation de coton.
Une autre potentialité économique qui mérite aussi l’attention est l’industrie du tourisme. Le tourisme tarde à prendre son envol, bien que le département regorge de nombreuses potentialités à valoriser, comme c’est le cas avec les tisserands de Ouaraniéné, les vanniers de Torgokaha, la case sacrée de Niofoin, les toiles peintes de Fakaha. A cela, s’ajoute un riche folklore très varié, tel que le Boloye, le Balafon et le Kapatian.
Les infrastructures sportives
La plus illustre des infrastructures sportives de Korhogo est le nouveau Stade Amadou Gon Coulibaly situé sur l’axe Korhogo-Niakaramadougou à côté du lycée Houphouët-Boigny de Korhogo. C’est un stade neuf de 20 mille places.
La cité CAN et les 32 villas de la CAN sur la route de l’aéroport de Korhogo constitue l’une des plus grandes matérialisations de la CAN 2023 dans la ville de Korhogo.
Cette rendez-vous sportif a permis à la ville de Korhogo de bénéficier de quatre terrains d’entrainement dont celui du Lycée Houphouët-Boigny, celui du lycée Moderne au quartier résidentiel1, le terrain d’entrainement du lycée Dominique Ouattara au quartier Nagnénéfou et le terrain d’entrainement de l’ancien stade de Korhogo au quartier 14. La ville Korhogo accueille les équipes du groupe E. Ici, on retrouvera la Tunisie, championne d’Afrique en 2004, le Mali, l’Afrique du Sud et la Namibie.
Un aéroport rénové et renforcé
Pour la Coupe d’Afrique des nations (CAN 2023) que la Côte d’Ivoire va accueillir, les autorités mettent tout en œuvre afin de doter le pays d’infrastructures de qualité et à la hauteur de l’événement. À Korhogo, des travaux sont en cours au niveau de l’aéroport. Le site est en rénovation quasi complète. Cette infrastructure pourra accueillir des avions gros porteurs de type Boeing 737 et Airbus A 320. L’on y annonce des halls de départ et d’arrivée, des salons VIP, des salons ministériels et présidentiels et un parking pouvant accueillir 400 véhicules. L’aéroport de Korhogo, avec une capacité d’accueil de deux avions, pourra désormais accueillir simultanément cinq à six avions.
Un CHR réhabilité et son plateau technique renforcé
Le plus grand établissement sanitaire du Grand Nord a la particularité d’avoir en son sein une IRM (Imagerie par résonance magnétique) de dernière génération, un scanner de dernière génération, un service de rééducation fonctionnelle et deux salles de VVIP en hospitalisation médecine et hospitalisation cardiologique. Les équipements sont à 97% de taux d’installation. Le plateau technique est prêt pour accueillir la CAN 2023. La remise officielle de l’aéroport de Korhogo est prévue pour fin novembre 2023.
Soro Sionfolo
Chef du régional de Korhogo
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