Africa-Press – Côte d’Ivoire. La psilocybine est à la mode ! Cet alcaloïde, principe actif de certains champignons hallucinogènes, éveille la curiosité des chercheurs depuis quelques années. Car au-delà de ses effets psychédéliques, elle semblerait aussi améliorer la santé mentale. Des études montrent par exemple qu’elle serait efficace pour traiter les personnes avec une dépression résistante aux antidépresseurs traditionnels ainsi que les addictions à l’alcool liées à la dépression. Mais ses bienfaits ne s’arrêtent pas là ! Des chercheurs de l’Université Emory, aux États-Unis, viennent en effet de montrer que cette molécule aurait un impact positif sur la santé en général, en ralentissant le vieillissement cellulaire.
Un effet bénéfique sur la longévité qui agit directement sur les cellules
Leur étude, publiée le 8 juillet 2025 dans npj Aging, partait du constat que la dépression et autres états psychologiques négatifs (anxiété, stress, etc.) accélèrent le vieillissement cellulaire. Puisque la psilocybine peut améliorer la santé mentale, par conséquent, il se pourrait qu’en inversant cette dynamique elle puisse ralentir le vieillissement. Cependant, ce n’est pas tout à fait ce qu’ils ont trouvé. Cet hallucinogène ralentit bien le vieillissement, mais cet effet bénéfique n’est pas dépendant d’une quelconque amélioration de l’état mental. Car il est visible même sur des cellules cultivées en laboratoire… qui n’étaient même pas des cellules cérébrales, mais des fibroblastes pulmonaires !
Ce qui n’est finalement pas si surprenant, puisque cette molécule agit sur les récepteurs à la sérotonine, qui sont présents sur plusieurs types cellulaires, dans différents organes. Les chercheurs ont cultivé ces cellules en ajoutant dans leur milieu de culture de la psilocine, qui est le produit dans lequel se transforme la psilocybine une fois ingérée par le corps, et donc la forme qui arrive aux cellules. Puis ils ont mesuré combien de temps vivaient ces cellules avant d’atteindre le stade de sénescence, lorsque la cellule est trop vieille et arrête de se répliquer. La longévité des fibroblastes traités s’en voyait améliorée, car ils gagnaient en moyenne 29 % de durée de vie. Et cet effet était dépendant du dosage: une concentration 10 fois plus élevée de cette molécule parvenait à augmenter leur longévité de 57 % !
La santé des cellules est améliorée par le traitement
Et non seulement les cellules traitées vivaient plus longtemps, mais elles vieillissaient aussi en meilleure santé: plusieurs marqueurs liés au métabolisme étaient améliorés et leur stress oxydatif diminuait. Ces effets positifs étaient observés aussi sur d’autres types cellulaires, tels que des cellules de la peau. L’âge biologique des cellules traitées reflétait cette amélioration, avec une diminution plus lente de la longueur des télomères (les structures au bout des chromosomes qui les protègent et qui se réduisent à chaque cycle cellulaire).
Les souris traitées avec la psilocybine vivent plus longtemps, en meilleure santé
Et qu’en est-il sur un organisme en entier? Les chercheurs ont aussi étudié cette question sur des souris âgées de 19 mois, ce qui correspond à environ 60 ans chez l’humain. Résultat: le traitement par psilocybine améliorait la survie des souris traitées, et, neuf mois après le début du traitement (donc à 28 mois d’âge), 80 % des animaux traités étaient encore en vie, contre 50 % chez le groupe non traité. Cet effet positif, même chez des souris qui commencent leur traitement tard dans leur vie, pourrait ouvrir la porte à un potentiel médicament anti-vieillissement chez les humains, qui serait efficace même à un âge avancé.
“Cette étude montre que la psilocybine pourrait aider à vieillir en bonne santé, pas seulement pour vivre plus longtemps, mais pour améliorer la qualité de vie”, s’enthousiasme dans un communiqué Ali John Zarrabi, directeur de recherche psychédélique à Emory. Mais y aurait-il le risque que cette prolongation de la durée de vie entraine davantage de cancers? Ce n’est heureusement pas ce qui a été observé dans l’étude, mais les auteurs admettent qu’il faudra confirmer l’absence de ce risque avec d’autres recherches. Donc, ne vous jetez pas encore sur les champignons hallucinogènes: nous devons en apprendre encore beaucoup quant à leurs effets sur la santé avant qu’ils ne deviennent une véritable alternative thérapeutique.
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