Les Voix des Victimes Africaines du Terrorisme S’élèvent

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Les Voix des Victimes Africaines du Terrorisme S'élèvent
Les Voix des Victimes Africaines du Terrorisme S'élèvent

CE Qu’Il Faut Savoir

Lors d’un congrès international à Rabat, les victimes africaines du terrorisme ont été mises en avant pour la première fois. Le Maroc, en collaboration avec l’ONU, a lancé une plateforme pour soutenir ces victimes, soulignant l’importance de leur rôle dans la lutte contre le terrorisme et la nécessité de leur reconnaissance et aide.

Africa. Les victimes africaines du terrorisme font entendre leurs voix pour la première fois lors d’un congrès international à Rabat.

Il est prévu qu’une plateforme électronique pour les meilleures pratiques de soutien aux victimes africaines du terrorisme soit lancée à l’issue des travaux d’un congrès international organisé par le Maroc en partenariat avec le Bureau des Nations Unies pour la lutte contre le terrorisme, sous le thème “Soutenir les victimes du terrorisme en Afrique: vers la justice, la guérison et le renforcement de la résilience”.

Ce congrès est une initiative sans précédent, car il a pour la première fois intégré les victimes du terrorisme et les survivants dans les discussions institutionnelles liées à la lutte contre le terrorisme en Afrique.

Cet événement, qui a vu la participation de ministres de plusieurs pays africains, de responsables onusiens, d’experts et d’associations, vise à fournir une plateforme d’échange d’expériences sur le rôle central des victimes africaines du terrorisme dans les efforts de lutte contre le terrorisme, et à renforcer les approches nationales de soutien aux victimes tout en encourageant une plus grande mobilisation pour garantir qu’elles reçoivent la reconnaissance et l’aide nécessaires.

Vision commune

Dans son discours d’ouverture, le ministre des Affaires étrangères marocain, Nasser Bourita, a déclaré que le terrorisme sur le continent africain n’est pas une crise de sécurité, mais une tragédie collective qui touche les âmes et la mémoire, dépassant l’impact matériel.

Il a ajouté que l’Afrique est devenue la région la plus touchée par le terrorisme dans le monde, notant que la région de l’Afrique de l’Ouest a connu à elle seule en 2025 environ 450 attaques terroristes, causant plus de 1900 morts, tandis que la région du Sahel est devenue un foyer principal en termes de nombre d’attaques, de victimes et d’ampleur de l’insécurité et de l’instabilité.

Bourita a appelé à établir une vision africaine commune qui place les victimes au centre des politiques, en les considérant comme des acteurs dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent, ainsi qu’à tirer parti de la diversité des expériences africaines pour élaborer une compréhension plus claire des besoins des victimes et des survivants, permettant ainsi progressivement de formuler un cadre africain commun dont s’inspireront les politiques publiques.

Il a souligné la vision marocaine de la lutte contre le terrorisme, indiquant que le royaume a adopté une approche intégrée en trois dimensions qui concerne:

– La dimension sécuritaire: par une vigilance continue, le démantèlement des cellules terroristes et le tarissement des sources de financement.

– La dimension de développement: par la réduction de la vulnérabilité et la lutte contre la pauvreté.

– La dimension religieuse et intellectuelle: par la réforme du champ religieux, la formation des imams et des conseillers, et la diffusion des valeurs de modération et de tolérance.

Il a appelé les partenaires internationaux à soutenir les initiatives africaines en matière d’assistance aux victimes et à financer des mécanismes innovants, y compris des réseaux continentaux et des plateformes numériques.

Pour sa part, le représentant par intérim du secrétaire général du Bureau des Nations Unies pour la lutte contre le terrorisme, Alexandre Zuyiev, a déclaré que les activités terroristes en Afrique, en général, et en Afrique de l’Ouest et dans le Sahel, en particulier, ont entraîné le déplacement de plus de 4 millions de personnes. Il a confirmé que les efforts déployés pour lutter contre le terrorisme ne sont pas suffisants, appelant à se concentrer sur le coût humain et à établir des cadres juridiques, politiques et humanitaires pour réaliser la justice au profit des victimes et les indemniser.

Il a souligné que les Nations Unies travaillent à élargir le réseau des associations de victimes du terrorisme qu’elles ont lancé en avril dernier, afin de construire une communauté soucieuse des droits des victimes.

Sessions et discussions

Le ministre de la Jeunesse du gouvernement d’unité nationale en Libye, Fathallah Abdel Latif Al-Zani, a déclaré dans son discours que son pays a été une victime directe du terrorisme et des projets transfrontaliers. Il a ajouté que “la nouvelle Libye ne sera pas un champ de bataille ou une base pour exporter la violence, mais un partenaire sérieux dans la construction de la stabilité régionale et internationale”, soulignant que les Libyens ne toléreront pas leur droit à un État sûr sur l’ensemble de leur territoire.

Le congrès a comporté trois sessions plénières auxquelles ont participé des représentants des gouvernements, des organisations internationales et régionales, des associations de victimes et de la société civile, ainsi que des experts en droits de l’homme, en justice et en lutte contre le terrorisme.

Les sessions ont discuté des conséquences humanitaires profondes du terrorisme sur le continent africain, avec des témoignages de survivants et de représentants de la communauté sur les traumatismes psychologiques, le déplacement et les troubles sociaux et économiques à long terme causés par l’extrémisme violent.

Elles ont également abordé la situation actuelle des législations et des arrangements institutionnels pour soutenir les victimes du terrorisme en Afrique et les approches centrées sur les victimes pour prévenir et combattre l’extrémisme violent, ainsi que la manière dont les expériences et les récits des victimes peuvent contribuer à développer des stratégies préventives plus efficaces.

L’expert en affaires de sécurité et militaires, Mohamed Al-Tayar, estime que ce congrès n’est pas une étape isolée, mais une extension de la vision du roi marocain Mohammed VI, axée sur la solidarité africaine et le renforcement de la stabilité collective. Il a déclaré à Al-Jazeera Net que “la Déclaration de Rabat” adoptée par les participants offre un modèle avancé en plaçant les victimes au cœur du débat, considérant leurs témoignages et leurs besoins comme une base essentielle pour toute approche efficace dans la lutte contre le terrorisme.

Il a souligné que l’accueil par le Maroc de ce congrès international, le premier du genre en Afrique, porte des significations fortes qui dépassent la dimension organisationnelle, reflétant la confiance croissante dans ses institutions et sa capacité à fournir un espace de discussion calme et responsable sur un phénomène complexe qui croise les dimensions sécuritaires, juridiques et de développement, affirmant que le royaume est devenu “un acteur principal dans les efforts de stabilité régionale et une voix soutenant la justice et la protection des victimes”.

Il a expliqué que l’approche marocaine de la lutte contre le terrorisme repose sur la combinaison de la rigueur sécuritaire et de la dimension humanitaire, entre la prévention et la lutte contre l’extrémisme d’une part, et l’indemnisation des victimes et la réparation des préjudices d’autre part.

Déclaration de Rabat

Les participants ont adopté la “Déclaration de Rabat” concernant le soutien aux victimes africaines du terrorisme, s’engageant à reconnaître les droits fondamentaux de toutes les victimes, y compris la vérité, la justice, la reconnaissance, la mémoire et la réparation, et à garantir qu’elles soient traitées avec dignité et respect à toutes les étapes de la réponse et de la guérison.

Ils ont appelé les États membres à renforcer leurs lois nationales et leurs systèmes de soutien en conformité avec les meilleures pratiques internationales reconnues, telles que les dispositions législatives modèles des Nations Unies concernant les victimes du terrorisme, tout en tenant compte des spécificités nationales et des références juridiques et des systèmes constitutionnels.

Ils ont également exhorté à tenir responsables les auteurs d’actes terroristes, y compris par le biais de la coopération judiciaire internationale et de l’assistance juridique mutuelle, et à encourager le développement de mécanismes globaux fournissant un soutien psychologique, médical, social et économique aux victimes et à leurs familles.

La déclaration a souligné la nécessité de renforcer le rôle des victimes et des survivants dans la prévention de l’extrémisme et la lutte contre les idéologies extrémistes, et de faciliter leur participation active à l’élaboration et à la mise en œuvre de politiques et de stratégies de lutte contre le terrorisme, tout en garantissant leur protection contre toute nouvelle victimisation ou exploitation.

Elle a appelé les partenaires internationaux et les bailleurs de fonds à soutenir les initiatives africaines visant à aider les victimes, et a souligné la nécessité de promouvoir la création d’initiatives commémoratives et de registres nationaux des victimes du terrorisme, ainsi que la création d’une plateforme numérique africaine pour documenter la résilience des victimes, comme la plateforme des expériences et des bonnes pratiques lancée dans le cadre de ce congrès.

Mohamed Al-Tayar a expliqué qu’à travers ce congrès, le débat sur le terrorisme est passé d’une logique de “lutte contre les organisations” à “soutenir les victimes”, c’est-à-dire accorder aux visages humains touchés une place méritée dans le traitement international de ce fléau. Il a confirmé que cela se produit dans un contexte africain marqué par la multiplicité des foyers de violence armée, rendant la fourniture d’une plateforme continentale pour les victimes “une étape stratégique vers la construction de politiques globales basées sur la mémoire, la justice et la réparation”.

Il convient de rappeler qu’en juin 2021, le bureau du Programme des Nations Unies pour la lutte contre le terrorisme et la formation en Afrique a été ouvert à Rabat, et qu’il travaille à développer la formation et à renforcer les capacités de l’Afrique dans ce domaine, notamment en ce qui concerne la sécurité des frontières, la gestion des enquêtes et des poursuites, la gestion des prisons, la déradicalisation et la réhabilitation.

L’Afrique a été confrontée à une montée alarmante du terrorisme, particulièrement en Afrique de l’Ouest et dans la région du Sahel. Les attaques terroristes ont causé des milliers de morts et des millions de personnes déplacées, rendant la situation humanitaire critique. Ce congrès à Rabat représente une initiative significative pour aborder les besoins des victimes et intégrer leurs voix dans les discussions sur la sécurité et la justice en Afrique.

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